vendredi 27 juillet 2012

Démographie : ce qu'il reste de nous



Pour avoir un pays, un territoire, il faut d'abord l'occuper.


La journaliste Sonia Lévesque contesta à la une de l'hebdomadaire mitissien L'Information du 15 février 2012 la fiabilité de la première partie du recensement canadien de 2011 à être rendue publique. Afin de comprendre certains chiffres jugés «surprenants pour ne pas dire questionnables», elle s'adressa aux autorités concernées. S'il est possible, probable même, que des erreurs se soient glissées çà et là dans le travail de Statistique Canada, soulignons que cet organisme fédéral dû renoncer avec Stephen Harper au caractère obligatoire du formulaire long. Le gouvernement conservateur est prompt à défendre la vie privée des Canadiens lorsque cela lui permet de couper dans les services publics... Et que penser de l'opposition offerte par les néo-démocrates! Après avoir raté leur indépendance et plébiscité Jack Layton sur un coup de coeur, les Québécois récoltent un recensement national tronqué. Ils héritent de l'embarras propre à celui qui se fait prendre soudainement les culottes à terre. Face à ce constat peu reluisant, l'envie est forte d'élargir à la démographie la réflexion sur notre indéniable déchéance.

Une tendance lourde

La courbe démographique est impossible à redresser à court ou moyen terme. La population vivant sur le territoire actuel de la MRC de La Mitis décline depuis le recensement de 1956. En 55 ans, la région correspondant à notre MRC perdit 7467 personnes, soit 28,3% de ses effectifs. Durant la même période, le nombre de Québécois et de Canadiens augmentait respectivement de 70,8% et 108,2%. Il en résulte un effritement constant de notre poids politique. L'acceptation de la nouvelle carte électorale québécoise par Bruno Jean, professeur en Développement régional à l'Université du Québec à Rimouski (UQAR) et membre de la Commission de la représentation électorale, en est le funeste couronnement. Alors que les localités situées sur le littoral parviennent tant bien que mal à se maintenir en concentrant les activités industrielles et commerciales, le haut-pays mitissien supporte à lui seul toutes les pertes de la MRC. Si nous tenons compte de l'accroissement naturel (naissances moins décès) des années 1956 à 1980 environ, Saint-Charles-Garnier, Les Hauteurs, Sainte-Jeanne-d'Arc et La Rédemption ont perdu entre les deux tiers et les trois quarts de leurs habitants. Ces municipalités, que le Bureau d'aménagement de l'Est du Québec (BAEQ) planifiait de fermer il y a 40 ans, ne sont plus que l'ombre d'elles-mêmes aujourd'hui. C'est encore plus inquiétant si nous y ajoutons le vieillissement de la population restante. Les écoles primaires sont touchées au premier chef. L'enseignement de l'anglais intensif apparaît rapidement pour ce qu'il est: une fausse panacée. Aucune manoeuvre dilatoire ne sut sauver, par exemple, l'école Euclide-Fournier de Saint-Charles-Garnier.

Le repeuplement de l'Occident

La disparition de l'homme blanc serait une «victoire» du progressisme.

Il s'agit de la manifestation locale des problèmes affectant l'ensemble des sociétés modernes avancées: la dénatalité et la dévitalisation des régions périphériques. En revanche, les Afro-descendants n'en sont pas là du tout. Leurs diverses nations ont connu un accroissement fulgurant (500%) depuis 1956. Tandis que la démographie des villes subsahariennes explose, une partie des leurs migrent vers le Nord. Ainsi, le président américain, Barack Hussein Obama, est le fils d'un Kenyan. Le désir d'améliorer son sort est universellement partagé. À l'exemple des Russes, des Ukrainiens, des Allemands et des Scandinaves qui conquirent les plaines de l'Ouest entre 1860 et 1914 aux dépens de leurs peuples premiers, il faut juste laisser le temps à la déferlante venue du Sud d'arriver à Sainte-Jeanne-d'Arc! Ils coloniseront le colosse aux pieds d'argile que fut, dès ses débuts, l'Amérique française. La mauvaise conscience de l'homme blanc et les changements climatiques faciliteront le succès de l'entreprise. Sous nos latitudes, la majorité des femmes ont atteint désormais l'âge de la ménopause. D'autres assureront la suite du monde. Un malheur n'arrivant jamais seul, je prévois qu'à l'automne de nouvelles données de Statistique Canada confirmeront le recul du français comme langue maternelle au Québec.

Article paru dans L'Information, Mont-Joli, 7 mars 2012, p. 6.

Disparaître: le sort inévitable de la nation française d'Amérique?,
un documentaire-choc, animé par Lise Payette, diffusé en 1989.

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«La Grande Faucheuse» poursuit son oeuvre. L'hebdomadaire L'Information de Mont-Joli, fondé en 1971, a paru pour la dernière fois le 23 décembre 2015.

R ichard Lavoie, «Le journal L'Information de Mont-Joli disparaît», ICI Radio-Canada.ca, 8 décembre 2015, [En ligne]http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/754127/information-mont-joli-transcontinentl-hebdomadaire-fermeture (Page consultée le 15 avril 2017).

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