lundi 29 juin 2015

(Réplique à Roméo Bouchard) Les petites municipalités ne sont pas trop petites

 La société communale existe donc chez tous les peuples 
[...] Mais si la commune existe depuis qu'il y a des hommes, 
la liberté communale est chose rare et fragile. 
[...] Les institutions communales sont à la liberté 
ce que les écoles primaires sont à la science; 
elles la mettent à la portée du peuple;
elles lui en font goûter l'usage paisible et l'habituent à s'en servir. 
Sans institutions communales une nation peut se donner un gouvernement libre, 
mais elle n'a pas l'esprit de la liberté. 
[...] La commune de la Nouvelle-Angleterre [...] 
compte en général de deux à trois mille habitants; 
elle n'est donc point assez étendue 
pour que tous ses habitants n'aient à peu près les mêmes intérêts,
 et, d'un autre côté, elle est assez peuplée 
pour qu'on soit toujours sûr de trouver dans son sein 
les éléments d'une bonne administration.

ALEXIS DE TOCQUEVILLE (1)


Roméo Bouchard, essayiste de Saint-Germain-de-Kamouraska, cofondateur et ex-président de l'Union paysanne, nous inspire quand il se demande dans les pages du journal Le Mouton NOIR si les petites municipalités ne seraient pas devenues trop petites(2). «[L]a famille, le rang et la paroisse [constituaient autrefois] l'armature de la sociabilité rurale, celle-ci se manifes[tait] avec un éclat particulier à l'occasion des nombreuses fêtes qui jalon[naient] l'année.(3)» Ce monde apparaît tellement, et définitivement, éloigné du nôtre:
La vie politique, économique et sociale, en région périphérique surtout, est désormais structurée autour des territoires de régions, de MRC et de villes de services. En s'accrochant aveuglément aux structures du passé, on se prive d'une participation à la vie démocratique et on laisse libre cours aux empiètements des pouvoirs de l'État central et des villes centrales(4).
On s'interrogerait aujourd'hui sur la qualité de la délibération publique si les liens du sang intervenaient continuellement(5). La rationalité des modernes est passée par là. Sans doute même un peu trop. «Des institutions comme les Caisses Desjardins et l'Église ont déjà procédé à cette restructuration territoriale en fonction de leurs besoins propres(6)», écrit le décidément très libéral Bouchard. Il faut observer sur le terrain, prendre à témoin, le déchirement d'un maire, le sentiment de perte et de régression d'un comité de citoyens. «La bataille pour conserver coûte que coûte dans chaque village une école, un dépanneur, un bureau de poste, une station d'essence, une caisse, un curé et un conseil municipal n'est désormais plus réaliste ni nécessaire(7)», martèle-t-il. Sceptique, nous sommes. Depuis quand est-ce devenu acceptable, santé et écologique plus que tragique, d'habiter un «désert alimentaire»(8)?

«Feu la ruralité(9)».Il se peut en théorie que Roméo Bouchard ait raison. Il se pourrait même que les conditions objectives se prêtent à un vaste réaménagement territorial. Mais vouloir écrire une histoire du temps présent qui décrypte le changement social exige davantage de prudence et moins de bricolage. La peur domine la réflexion quand nous lisons devoir «sans tarder, avant que ce ne soit imposé d'en haut mur à mur(10)» consentir à l'irréversible. Et si la fusion était une prophétie autoréalisatrice? La plupart des villages du Québec ont encore une garderie, une école, un dépanneur, un bureau de poste, etc. dont l'accessibilité, en contribuant grandement à la qualité de vie des familles, est synonyme d'attractivité.

L'avancement de la modernité provoque un accroissement de réflexivité avec son lot d'utopies. D'après Roméo Bouchard, il suffirait de «redéfinir ensemble» la MRC pour que les petites collectivités «qui n'ont pas leur mot à dire» s'y trouvent «démocratiquement intégrées(11)». Ou encore, le géographe Clermont Dugas qui incite le gouvernement à «faire des villes», comme si cela se commandait(12). «En effet, regardez Rimouski.» Que nenni, monsieur le professeur! Il s'avère que nous connaissons intimement la métropole du Bas-Saint-Laurent et affirmons sans hésiter qu'elle est une ville développée au fil des générations dont les récentes fusions ne marquent qu'un retour à ses frontières du... XIXe siècle!

Certains souhaitent refonder les appartenances sur l'économisme. La formule de l'historien Ernest Labrousse ne date pas d'hier: «Sur l'économique retarde le social et sur le social le mental(13)».Le romancier et essayiste Pascal Bruckner a dénoncé le placement du système économique au-dessus de toute autre activité humaine à droite comme à gauche de l'éventail idéologique(14). Ainsi en est-il de Roméo Bouchard lorsqu'il pense que le «débat sur la ruralité [doit] se situer clairement sur le plan politique et économique(15)». Nous pourrions toujours lui citer le sociologue Fernand Dumont aux États généraux du monde rural en 1991: «La décentralisation est une question de culture et la culture ce n'est pas une question de décor, mais de préalable de la vie en commun(16)». Malheureusement, Bouchard inscrit le clivage en ces termes: «Le village de demain» contre les nostalgiques à la «rhétorique culturelle passéiste(17)».

Balayons ces supputations. D'une part, l'homo oeconomicus ne saurait avoir toujours la préséance. L'argument voulant que les municipalités épousent les espaces fonctionnels du moment participe du même raisonnement qui annonce le dépassement de l'État-nation. Les jeunes en particulier n'auraient que faire de ces vilains archaïsmes. Vraiment? «[S]ouvent la plasticité culturelle extrême est le fait d'une individualité hyper-développée et, en dernière instance, dénouée d'attaches collectives fortes.(18)» Il ne nous semble pas du tout évident que le nomade s'impliquera davantage dans la vie locale en élargissant considérablement ses limites. Le contraire est à craindre avec l'exacerbation du «magasinage identitaire». D'autre part, l'économie traverse des cycles(19). «L'histoire tendant malgré tout à se répéter, on peut présumer que, si elles [les localités marginales] n'existaient pas, on songerait à les constituer.(20)» Le véritable aveuglement consiste peut-être à croire impossible, de définir comme une tradition morte, l'occupation du sol défriché à grand-peine par nos aïeux pendant que nous assisterons sur Terre à la naissance du huit milliardième être humain et au bouleversement du climat. Figurons qu'il serait mal avisé de vider le Haut-Pays quand le niveau de la mer monte! Souvenons-nous des relocalisations après les grandes marées du 6 décembre 2010.

Le mouvement de fusion municipale existe depuis plusieurs décennies et rien n'indique son essoufflement. Les municipalités qui envisagent le regroupement sont éligibles à toutes sortes d'aides et subventions gouvernementales. «La facilité technique recherchée par la réduction du nombre d'interlocuteurs, la mise à l'écart d'un modèle d'administration ''responsabiliste'' et la promotion sociale des secrétaires-trésorier(e)s, n'est qu'un reflet de la même emprise technocratique sur notre société.(21

Le premier cas d'envergure fut celui de la ville de Laval en 1965 avec le résultat que l'on connaît à la Commission Charbonneau... La concurrence disparaissant, les économies d'échelle ne se matérialisèrent point. Les municipalités de 1000 à 3000 résidants avaient les coûts d'administration per capita les plus bas(22). De manière générale, leur dimension humaine rend leurs gestionnaires plus imputables. Quant aux petites municipalités, moins de 1000 habitants, celles restantes sont désormais trop éloignées des villes-centres pour s'y fondre avec bonheur, mais peuvent toujours conclure des ententes entre voisines. Alors, pourquoi cet acharnement contre elles?

Voilà qui est affaire de pouvoir. La critique de cette modeste administration - ironie du sort, déjà au plus près du citoyen - cache bien mal un projet politique révolutionnaire. La volonté de son auteur est de mettre entre parenthèses durant deux ans tous les grands enjeux du Québec, le temps de «reformater» l'esprit démocratique en convoquant une assemblée constituante et instrumentaliser d'éventuelles super-municipalités afin de prendre en tenailles l'État québécois à «gros sabots(23)».

Pareille figure de style doit être mise en contexte. Roméo Bouchard est la principale tête d'affiche, l'homme à barbe dirons- nous, de la Coalition pour la constituante. Dépouiller le gouvernement québécois heurterait l'opinion. Il faut donc le présenter comme exagérément centralisé en mobilisant au passage la mémoire de la Révolution tranquille(24). Or, le Québec n'est pas la France jacobine. Il y a des Montréalais «plateaucentriques», mais dans l'ensemble le Québec forme une petite nation, un «village gaulois», à la périphérie de l'Amérique. Alors que Roméo Bouchard passe sous silence le régime, l'emprise du Canada de 1982 sur la «province», l'individualisme démocratique, figure abstraite et procédurale, risque de l'emporter à l'Assemblée nationale...

«Saignez-le!, saignez-le!», scandent presque ces populistes(25). Prenons garde à ce que «le remède ne tue le patient», observe le sociologue Joseph Yvon Thériault(26). Ce que Bouchard nomme «autogestion» abouti à un rejet des médiations, déplorent Thériault père et fille:

Nous voulons être notre propre maître, en d'autres mots, nous avons le désir d'un monde «immédiatement humain», loin de toute représentation, de toute délégation de «pouvoir». Dorénavant, toute réalité extérieure à nous est perçue comme une contrainte(27).

Le gouvernement des juges fixe les droits de chacun, là s'arrête le lien social. Une sensibilité plus «conservatrice» - pardonnez ce gros mot qui a, hélas, juste la taille qu'il faut - inquiète de la dissolution du monde commun et respectueuse de l'immense complexité du social, voudrait qu'au lieu d'approfondir la crise des institutions représentatives nous réinvestissions l'espace public existant. Le «sacre» contemporain de la mobilité reste emblématique d'un évitement, puisque la maîtrise de la grammaire politique d'un lieu exige une «immersion», de la transcendance. Penseur libéral et partisan de la décentralisation, Tocqueville prenait en considération les dimensions communautaire, culturelle ou historique de la citoyenneté: «les affections des hommes ne se portent en général que là où il y a de la force. On ne voit pas l'amour de la patrie régner longtemps dans un pays conquis(28)».

La pensée moderne regorge de splendides visions de régénération sociale qui, privées de garde-fous, aboutirent au cauchemar. L'homme nouveau et vertueux de Robespierre est désincarné. Sa civilisation s'oppose à la culture. Il faut parfois s'en remettre à la «raison cumulative» - sédimentation de décisions, produit de la sagesse du temps historique - inatteignable par la simple raison juridique, plaidait le philosophe Edmund Burke. En attendant le meilleur des mondes, le Grand Soir de la table rase, le cadre actuel, hérité de l'expérience, rencontre «le plébiscite du quotidien». La majorité de la population demeure fermement attachée à ses «préjugés(29)». Dépité, Bouchard en convient: «Dans la perception populaire, le maintien du conseil municipal et la survie d'un village sont indissociables(30)».

Le philosophe Alain Finkielkraut rappela en 2013, dans son essai L'identité malheureuse, ces mots de Péguy: «Il faut toujours dire ce que l'on voit. Surtout il faut toujours, ce qui est le plus difficile, voir ce que l'on voit(31)». Une tentation autoritaire subsiste. Roméo Bouchard attribue l'«échec» du Parti québécois au nationalisme ethnique(32). Il souhaite la transformation des populations locales par l'afflux de nouveaux arrivants «plus interculturels(33)». En effet, puisqu'il n'a de cesse de décevoir les esprits avancés, tout dévoués à l'objectif illimité de le rendre heureux, «ne serait-il pas plus simple, comme l'écrivait en boutade Bertolt Brecht, de dissoudre le peuple et d'en élire un autre?(34

Ancien prêtre, Roméo Bouchard devrait pourtant savoir qu'un peuple qui se diversifie, s'émancipe, a besoin plus que jamais d'un principe spirituel, d'un espace public intégrateur auquel participe l'histoire. Il appert sous la plume d'Ernest Renan qu'une grande solidarité se constitue «par le sentiment des sacrifices qu'on a faits et de ceux qu'on est disposé à faire encore(35)».

Roméo Bouchard à l'émission de Pénélope McQuade le 8 août 2013.
Source: ICIRadio-Canada.ca


Notes et références

(1) Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique, Tome 1, Préface d'André Jardin, [s.l.], Gallimard, 1993, Coll. «Folio/Histoire», no 12, p. 111-114.
(2) Roméo Bouchard, «Les petites municipalités sont-elles trop petites?», Le Mouton NOIR, vol. XVI, no 5, Rimouski, mai-juin 2011, p. 6. Disponible en ligne au: http://www.moutonnoir.com/2011/05/les-petites-municipalites-sont-elles-trop-petites/ (Page consultée le 31 octobre 2013).
(3) Paul-André Linteau et al., Histoire du Québec contemporain. De la Confédération à la crise (1867-1929), Tome 1, Montréal, Boréal, 1989, Coll. «Boréal compact», no 14, p. 208.
(4) Roméo Bouchard, «Les petites municipalités...»... op. cit.
(5) Le Conseil des Mohawks de Kahnawake a expulsé les «Blancs» de la réserve en février 2010. Comme il fallait s'y attendre, la nouvelle défraya la chronique au Québec et à l'étranger.
(6) Roméo Bouchard, «Les petites municipalités...»... op. cit.
(7) Ibid.
(8) «Lorsqu'on demeure en milieu rural, vivre dans un désert alimentaire signifie habiter à plus de 16 kilomètres d'un commerce d'alimentation. [...] Reconnaissant cette problématique, le ministère de la Santé a souhaité établir un portrait de cette réalité pour toutes les régions du Québec. Résultat, on apprend qu'un Québécois sur vingt vit actuellement dans un désert alimentaire. Cette proportion explose dans les régions de la province où la population est dispersée sur d'immenses territoires.» (Gaspésie: 36%, Abitibi: 19,3%, Côte-Nord: 19%, Bas-Saint-Laurent: 18,4%) Gilles Turmel, «Déserts alimentaires: une problématique inquiétante», TVA Est du Québec, 7 novembre 2013, [En ligne], http://tva.canoe.ca/stations/cfer/nouvelle/20131107.html (Page consultée le 8 novembre 2013).
(9) Roméo Bouchard, «Feu la ruralité», Le Mouton NOIR, Cahier spécial, novembre-décembre 2010, non paginé.
(10) Roméo Bouchard, «Les petites municipalités...»... op. cit.
(11) Ibid.
(12) Clermont Dugas ci té par Réginald Harvey, «Le monde rural d'aujourd'hui - Il importe de savoir d'abord où commence la ruralité au Québec», Le Devoir, 11 mai 2011 [En ligne] http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/323009/le-monde-rural-d-aujourd-hui-il-importe-de-savoir-d-abord-ou-commence-la-ruralite-au-quebec (Page consultée le 31 octobre 2013).
(13) Hervé Martin avec la collaboration de Guy Bourdé, «L'histoire nouvelle, héritière de l'école des ''Annales''», dans Guy Bourdé et Hervé Martin en collaboration avec Pascal Balmand, Les écoles historiques, [s.l.], Seuil, Coll. «Points Histoire», no H67, 1997 [1re édition: 1983], p. 262.
(14) Pascal Bruckner, Misère de la prospérité. La religion marchande et ses ennemis, Paris, Grasset, 2002, 242 p.
(15) Roméo Bouchard, «Déboulonner les mythes», Relations, no 727, septembre 2008. Disponible en ligne au: http://www.cjf.qc.ca/fr/relations/article.php?ida=1424 (Page consultée le 5 novembre 2013).
(16) Solidarité rurale du Québec, Pour une décentralisation démocratique, Sainte-Foy, Presses de l'Université Laval, 2006, p. 211.
(17) Roméo Bouchard, «Déboulonner les mythes»... op. cit.
(18) Victor Armony, «Le Québec expliqué aux immigrants», MCD-Bulletin de la chaire de recherche du Canada en mondialisation, citoyenneté et démocratie, no 9, automne 2007, p. 7.
(19) Le géographe Majella Simard nous parle de ces revirements inattendus dans «La situation démographique de l'Est-du-Québec: un bilan aux trajectoires contrastées», L'Action nationale, vol. 92, no 4, avril 2007, p. 21-26.
(20) Clermont Dugas, L'espace rural canadien, Sainte-Foy, Presses de l'Université du Québec, 1996, p. 164.
(21) Gary Caldwell, «Nos petites municipalités», Encyclopédie de L'Agora, [En ligne], http://agora.qc.ca/documents/municipalite--nos_petites_municipalites_par_gary_caldwell(Page consultée le 23 octobre 2013).
(22) Ibid.
(23) Roméo Bouchard, «Les petites municipalités...»... op. cit.
(24) Roméo Bouchard, «Déboulonner les mythes»... op. cit.
(25) «Pour certains, la décentralisation est vue comme un projet permettant aux citoyens de s'affranchir de la dictature de l'État central. Elle emprunte alors à l'esprit des mouvements de libération.» Robert Fournier, «Décentralisation», Encyclopédie de L'Agora, [En ligne], http://agora.qc.ca/Dossiers/Decentralisation (Page consultée le 5 novembre 2013).
(26) Joseph Yvon Thériault, «Politique et démocratie - Quand le remède pourrait tuer le patient», Le Devoir, 10 décembre 2011. Disponible en ligne au: http://www.ledevoir.com/politique/quebec/338070/politique-et-democratie-quand-le-remede-pourrait-tuer-le-patient (Page consultée le 5 novembre 2013).
(27) Annie-Claude Thériault et Joseph Yvon Thériault, «De la désaffiliation ou du rejet des médiations», Philo & Cie, no 6 (septembre-décembre 2013), p. 29.
(28) Alexis de Tocqueville, De la démocratie... op. cit., p. 121.
(29) À prendre au sens littéraire de «pré-jugé», c'est-à-dire avant le droit.
(30) Roméo Bouchard, «Les petites municipalités...»... op.cit.
(31) Alain Finkielkraut, L'identité malheureuse, Paris, Stock, 2013, p. 186.
(32) Roméo Bouchard, «Reconquérir notre territoire», Relations, no 740, mai 2010. Disponible en ligne au: http://www.cjf.qc.ca/fr/relations/article.php?ida=576 (Page consultée le 17 février 2014).
(33) Roméo Bouchard, «Déboulonner les mythes»... op. cit.
(34) Bertolt Brecht, «La solution», Poèmes, Tome 7 (1948-1956), Traduit par Maurice Regnault, L'Arche, 2000.
(35) Ernest Renan, Qu'est-ce qu'une nation?, [s.l.], Mille et une nuits, 1997 (Conférence prononcée en Sorbonne le 11 mars 1882), Coll. «Mille et une nuits», no 178, p. 32.

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