mardi 22 décembre 2015

Assumer l'héritage : Joseph-Charles Taché et Arthur Buies. Saint-Donat-de-Rimouski au siècle des nationalités

Résumé

Vers 1840, le petit peuple établi dans la vallée du Saint-Laurent était plus que jamais menacé de disparaître. Le rapport Durham en faisait une race inadaptée à la modernité. L'industrialisation de la Nouvelle-Angleterre exerçait un attrait irrésistible sur la jeune génération. Une volonté de résister se dégage pourtant des textes de Joseph-Charles Taché et d'Arthur Buies sur mon coin de pays : Saint-Donat-de-Rimouski. Aujourd'hui, la mondialisation néolibérale ramène le Québécois d'héritage canadien-français aux heures sombres de son histoire. L'utilitarisme détruit le capital social. Il méprise les intentions et les sentiments des bâtisseurs.


La terre danse ici, monsieur, c'est un quadrille de la nature.

ARTHUR BUIES CITANT SON CONDUCTEUR.


Je pourrais emprunter à sir Wilfrid Laurier sa fleur de rhétorique(1) : avancer à rebours que si notre siècle semble celui de la « trudeauisation des esprits(2) », le XIXe fut sans conteste celui des nationalités. Parce que le rationalisme et l'universalisme des Lumières s'avérèrent trop abstraits, les cultures nationales furent les moyens particuliers par lesquels la civilisation s'est historiquement réalisée(3). Ernest Renan, champion de la définition dite élective, admit en Sorbonne la nation substantielle : celle qui assoit sa cohésion non seulement sur une volonté de vivre ensemble, mais aussi sur une mémoire commune(4). 

La nationalité est souvent le seul bien du pauvre. « [L]a chaleur est en bas », notait Jules Michelet(5). Les élites du Québec de la « survivance », François-Xavier Garneau en tête, en étaient elles aussi convaincues. En réponse au libéralisme britannique triomphant du rapport Durham, les successeurs des Patriotes écrasés en 1837-1838 exhortèrent les leurs à ne pas déserter. Il fallait durer, s'emparer du sol et on évoqua même une reconquête. 

Comment ces chefs insufflèrent-ils un goût de l'enracinement au bout du Nouveau Monde à une masse en voie de prolétarisation attirée par la Nouvelle-Angleterre? Deux récits de Saint-Donat-de-Rimouski écrits par des intelligences de premier plan, Joseph-Charles Taché et Arthur Buies, reflètent l'affirmation nationale sous le régime de l'Union et au début de la Confédération. Leurs auteurs(6) s'ingénièrent à raccrocher le Canadien français au seul endroit où il peut être chez lui (home) en cartographiant physiquement et mentalement le Québec. Une société en panne de projet devrait en prendre de la graine!

Le mont Comi entra dans la légende avec Joseph-Charles Taché

J.-C. Taché
Photo : Wikimedia Commons, Domaine public


Joseph-Charles Taché (1820-1894) naquit à Kamouraska au sein d'une famille de notables. Ce créateur exceptionnel était un descendant de l'explorateur Louis Jolliet(7). « Son ardente poitrine [avait] besoin du grand air, de l'espace; l'atmosphère des villes l'étouf[fait].(8) » En 1845, après quelques mois d'internat à l'hôpital de la Marine et des Émigrés, à Québec, il s'installa donc au village de Rimouski. Il y pratiqua la médecine de brousse. Il tomba sous le charme d'un lieu excentré et difficile d'accès, « où huit ou neuf signataires de pétitions sur dix se content[aient] d'apposer une croix(9) ». 

L'homme était à même de prendre une part active au développement régional. Il y parvint en gagnant rapidement l'opinion de son comté. Ses concitoyens l'élurent député à l'unanimité dès janvier 1848. Il put les représenter à l'Assemblée législative de la colonie tant qu'il se consacra d'abord à l'amélioration des communications(10). L'intervention de Taché fixa le tracé du chemin de Témiscouata qui relie le Bas-Canada au Nouveau-Brunswick. Il dessina aussi les plans d'une route qui longe la frontière étasunienne afin d'ouvrir au peuplement le plateau appalachien. Un quai et une goélette à trois quilles plus tard(11), il donna quelque 500 volumes de sa bibliothèque au nouvel Institut littéraire de Rimouski. 

Notre régionaliste fut « la première personnalité bas-laurentienne d'envergure nationale(12) ». Les élites apprécièrent Taché pour ses qualités d'organisateur et de gestionnaire. Il représenta le Canada-Uni à l'Exposition universelle de Paris en 1855. Il contribua à l'élaboration de la Constitution de 1867(13). En parallèle à ses activités officielles, ce conservateur bon teint dépeignit le camp d'en face. Le bleu visa sous pseudonyme à la Pléiade rouge(14). 

Son étoile pâlit quand, portant haut l'orgueil de sa race, il signifia son opposition farouche à l'abolition de la tenure seigneuriale(15). Le peuple rimouskois ne prisait déjà guère les distinctions étrangères. Or, leur député courrait le monde. Il avait reçu le grade de chevalier de la Légion d'honneur. Afin de s'épargner l'humiliation d'une défaite électorale presque certaine, « le plus universellement érudit des Canadiens(16) » accrocha ses patins politiques à l'hiver 1856-1857. Il quitta son comté pour Québec. Le touche-à-tout y tâta bien du journalisme ultramontain au Courrier du Canada, mais « son patriotisme l'orien[ta] [...] vers l'édification d'une littérature nationale(17) ».

Contrairement à François-Xavier Garneau et son histoire érudite, Taché privilégia à 40 ans une veine littéraire. C'est que «[les traditions populaires] remuent en même temps les esprits et les cœurs(18) ». L'écrivain fit vite pour exploiter ce filon avant qu'il ne disparaisse. Notre homme d'action fonda avec des amis de Québec Les Soirées canadiennes en février 1861. L'École patriotique mit en épigraphe de son organe l'appel romantique de Charles Nodier : « Hâtons-nous de raconter les délicieuses histoires du peuple avant qu'il les ait oubliées. »

Taché remonta la piste des gens qui eurent tôt fait de le fasciner. Dès 1845, le médecin-ethnologue sauta à pieds joints dans « l'appropriation culturelle (sic) ». Il séjourna dans les chantiers forestiers à l'arrière de Rimouski. Il visita les défricheurs établis en un chapelet de petites agglomérations le long de l'estuaire du Saint-Laurent. Il conversa avec les pêcheurs sur la grève. « L'Iroquois(19) » alla également à la rencontre des Amérindiens qui, à cette époque, venaient encore camper à l'embouchure des principales rivières de la région. 

La magie littéraire opère quand Joseph-Charles traite l'information prise à la volée avec sa capacité d'analyse. « L'appel des grands espaces [n'avait] pas été exploité à sa juste valeur[.](21) » Notre auteur, par empathie, a développé « l'un des sujets les plus poétiques et les plus originaux de notre littérature(22) ».

J'ose affirmer que Taché a des affinités avec le psychologue le plus connu de notre temps. Il partage avec Jordan Peterson un engouement pour les anciens récits. Son intuition en vint à toucher comme lui au paradigme de l'existence : la vie reste une souffrance. Le professeur libéral-conservateur de l'Université de Toronto conseillerait à un des personnages de Taché, François-le-veuf, de caresser les chats qu'il croise dans la rue!(23) Taché observa dans la société des bois(24) un ordre très stable: « 1. Le Contre-maître (sic); 2. Les bûcheurs; 3. Les charretiers; 4. Les claireurs (sic); 5. Le Couque (sic)(25). » Ce classement, pour le coup, corrobore l'insolite théorie du homard de Peterson. L'humain et le crustacé s'avèrent des créatures obsédées par leur position hiérarchique(26).

Quoi qu'il en soit, le chercheur régional Paul Larocque - de tendance libérale progressiste - salua son devancier :
[Ce] précurseur [...] [coucha sur papier] des jalons [une typologie idéale(27)] qu'il ne faut pas négliger [...] Attentif à la transmission orale, il a su cueillir une série de contes et légendes [racontés idéalement le soir auprès du feu] témoignant de la perception qu'entretenaient ses contemporains de la vie de leurs ancêtres.(28)
L'écrivain tira de ces récits hétéroclites la matière édifiante du plus considérable et du plus connu de ses ouvrages : Forestiers et Voyageurs. Le recueil parut d'abord en 1863 dans Les Soirées canadiennes. « L'étude de moeurs », portée par un sujet romantique que bride un style classique, obéit passablement au bon goût. La bien-pensance y chassa avant l'heure les sacres et les jurons comme autant de « masculinité toxique (sic) » trop associée à l'univers des chantiers(29). Menée « en habit du dimanche(30) », l'entreprise fut couronnée de succès. Imaginez ces générations d'écoliers canadiens-français s'appropriant l'oeuvre, le labeur, quitte à en piétiner le droit d'auteur!(31).



Dans le chapitre intitulé « Le feu de la baie », Taché rompit subitement la fiction et entraîna son héros, le Père Michel, dans l'une de ses nombreuses digressions où, s'érigeant en témoin oculaire, il livrait son savoir :
C'est une singulière créature que la baleine. Il y a pourtant eu un temps où ces masses vivantes se promenaient dans l'endroit même où nous sommes, un temps où presque tout le pays était sous l'eau et faisait partie de la mer; car j'ai vu des os de baleine sur le Mont-commis (sic), en arrière de Sainte-Luce. C'est un crâne de baleine qui est là; il est situé dans une petite coulée sur le flanc de la montagne, à environ mille pieds au-dessus du fleuve. Je l'ai vu de mes yeux, et je ne suis pas le seul qui l'ait vu et touché; et puis tout le long de la côte, dans les champs, vous pouvez déterrer des charges de navires d'os de baleines(32).

Originaire de la municipalité voisine de Saint-Gabriel, l'arpenteur-géomètre Marcel LeBlanc (1923-2002) fit des recherches sur le mont Comi, aussi appelé mont Camille, et leva le voile sur cette histoire pittoresque :
[Le légendaire Alexandre, dit Piton, Lavoie (1819-1894)] aurait, au début des années 1840, déposé des quartiers de viande de baleine sur le Mont Camille pour nourrir ses chiens ou attirer les bêtes qu'il désirait piéger. Il faut dire qu'[il] occupait comme trappeur une bonne partie des hauteurs à l'arrière de la montagne et [...] il jouait constamment d'astuce pour protéger son territoire. Le jour où il amena son patron [l'arpenteur Augustus-Télesphore] Bradley sur le « dôme » de la montagne pour lui montrer des « coquillages », des squelettes de poissons et surtout des ossements de baleine, l'arpenteur fut émerveillé de ces preuves irréfutables du déluge dont il est question dans la Sainte Bible. La nouvelle de cette découverte extraordinaire s'étant répandue dans le village de Rimouski, le député du comté, le Dr Joseph Charles Taché, monta lui-même avec Bradley pour se faire indiquer les précieux vestiges(33).

« La recherche des origines de l'humanité va rester pendant longtemps le but de toute recherche dans les sciences humaines.(34) » L'important, selon moi, n'est point que Taché eut tort de remonter au déluge. Son oeuvre, mettant en valeur un patrimoine immatériel, contribua à dessiner les contours « d'une mémoire à l'image de la collectivité(35) ».


Arthur Buies à Saint-Donat, le génie d'une littérature de colonisation

Arthur Buies
Photo: Wikimedia Commons, Domaine public

«L'idéologie du mouvement de colonisation [était] l'une des manifestations les plus visibles de la pensée nationaliste.(36)» Un rouge arrivé à maturité y employa ses forces.

Joseph-Marie-Arthur Buie(37) (1840-1901) vit le jour dans une famille tout juste éclaboussée par le scandale. Achille Taché, seigneur de Kamouraska, et lointain cousin dudit Joseph-Charles, fut assassiné le 31 janvier 1839. La justice accusa la tante d'Arthur, Joséphine-Éléonore d'Estimauville, de complicité dans le meurtre de son mari(38). 

On comprendra que Buies préférait se dire orphelin de naissance!(39) En fait, son père honni, originaire d'Écosse, vivait en Guyane britannique. Sa mère mourut alors qu'il n'avait que deux ans. Le petit métis fut donc confié à ses grands-tantes maternelles : les seigneuresses Drapeau de Québec en hiver et Rimouski en été.

L'enfant eut beau se développer au sein de l'aristocratie canayenne, privé de ses « parents 1 et 2 (sic) », il s'avéra indiscipliné. Le garçon passa par deux collèges et un séminaire canadiens. Puis, il traversa l'Atlantique et se surpassa en cumulant quatre échecs au baccalauréat parisien.

Arthur-la-bougeotte n'amasse pas mousse. Ses écrits alliaient l'idéal révolutionnaire de Voltaire au romantisme des Chateaubriand et Hugo. Son universalisme français trouva d'abord à s'exporter en Sicile. Or, le buiesologue Francis Parmentier lut les souvenirs de son compagnon de campage, Ulric de Fonvielle. Il en retient que notre Byron acta à 20 ans une «campagne d'opérette(40)» dans la troupe de Garibaldi.

Des bourgeois bohèmes d'aujourd'hui hissent au panthéon le jeune Arthur Buies. Il leur arrive de le lire et croient s'y reconnaître. Flaubert fut peut-être la Bovary, des nuances s'imposent pour Buies. Le défenseur de la langue française aurait corrigé ses thuriféraires. Il est revendiqué par un courant idéologique usant trop souvent d'un « galimatias(41) » de franglais. Son combat pour la liberté d'expression a aussi curieusement évolué. Il semble à présent davantage assumé par des conservateurs ou des populistes que par les milieux dits progressistes ou diversitaires(42).

Les «bâtards de Voltaire(43)» dissimulent combien le rapport de force a tourné à leur avantage depuis la Révolution tranquille. Ils posent avec celui qui cria dans le désert. Mais, la vie du «chevalier errant(44)» fut à l'évidence plus solitaire, marginale, que la leur. Ils s'identifient au franc-tireur, au joli rebelle fustigeant le conformisme ambiant, ignorants ou feignant d'ignorer qu'ils incarnent le nouveau clergé(45). Jonathan Liv ernois et Jean-François N adeau inculquent l'idée que l'ancien cléricalisme voua leur idole à la damnation(46). Or, les proches de Buies témoignèrent qu'il accentua lui-même ses propres malheurs(47). Nos intellectuels de gauche martèlent surtout que le conservatisme promit leur héros à l'oubli(48), à la «critique rongeuse des souris(49)». Le progressisme triomphant consacre pourtant divers ouvrages à celui-ci(50).

Avant de désigner un boulevard du charmant district Saint-Pie-X à Rimouski(51), Arthur Buies fut une Lanterne. Il exerça le journalisme. Un journalisme à l'origine d'une tradition reconduite par Olivar Asselin, Jules Fournier et Jean-Charles Harvey. Mais aussi un journalisme miné par l'alcool, gonflé à l'hyperbole et marqué au coin de l'Institut canadien.

«Plus de lumière!» demandez-vous. Eh bien, la prose du chroniqueur, spirituelle, écrasait l'infâme en «mangeant du curé».

Libéral radical, pamphlétaire, férocement anticlérical, le «diable d'homme(52)» dut ironiquement sa subsistance et peut-être son salut à l'amitié du curé Labelle. Le «roi du Nord» avait rencontré l'écrivain contestataire en 1879. Séduit par tant d'éloquence, de zèle, il le fit nommer... fonctionnaire!

C'est en qualité de fonctionnaire provincial que Buies s'adressa au premier ministre du Québec. Il signa le 15 septembre 1890 un rapport à Honoré Mercier. Un rapport détaillé exposant les progrès de l'agriculture et de la colonisation dans le haut-pays de Rimouski(53).
   
Le lecteur découvre alors un auteur plus détendu. Un explorateur de 50 ans maniant avec bonheur la langue française. Le professeur Serge Courville affirma que son style «contribu[a] le plus à donner sa profondeur historique et géographique à la littérature de promotion de la colonisation [...] Les descriptions qu'il a laissées de cette région compt[èrent] parmi les plus remarquables de son époque et [furent] de réels chefs-d'oeuvre d'observation et d'écriture(54)».

Pourtant, on considéra longtemps Arthur Buies comme un écrivain mineur(55). Ayant goûté au drame seigneurial, il est vrai qu'il ne ressenti jamais le besoin de pratiquer les « genres littéraires nobles(56) ». La critique aurait dû savoir, toutefois, que le suivre dans ses pérégrinations vaut bien une fiction(57).

Roman, théâtre, poésie, histoire... Qu'à cela ne tienne. Selon Buies: «[U]ne littérature qui n'est pas utile, qui n'enseigne point, est une littérature perdue(58)». Son engagement patriotique, en dépit d'une santé fragile et de la précarité de son travail dans la fonction publique, coulait de source:
[F]idèle [...] à l'idéologie de l'époque, il croyait, comme tous les intellectuels, que la colonisation [«faire de la terre»] non seulement arrêterait l'émigration [hémorragie] vers les États-Unis, mais consacrerait l'occupation du territoire par les Canadiens français, minimisant ainsi les effets de l'immigration anglo-saxonne au Canada et permettant l'exploitation des vastes richesses naturelles(59).

Donatiens et Donatiennes communient aisément avec le décor planté en ces lignes voici 130 ans:
Le voyageur qui veut pénétrer dans l'arrière-pays du comté de Rimouski, et de là descendre à peu près parallèlement au fleuve, prendra de préférence la route dite de Saint-Anaclet, paroisse de l'intérieur, située entre Rimouski et Sainte-Luce; il suivra cette route jusqu'à la cinquième concession de Saint-Anaclet,  tournera à gauche et s'engagera dans le chemin Neigette, qui le mènera jusqu'à la paroisse de Saint-Donat, située immédiatement en arrière de la paroisse de Sainte-Luce.
Sur presque tout ce trajet on suit, en s'en écartant de bien peu, la rivière Neigette, qui va se jeter plus loin dans la rivière Métis.
Ici on est entré en plein coeur de la région mamelonnée et onduleuse dont nous venons de parler.
Le pays est si accidenté, tout en bosses et en ravins, qu'on se demande comment l'homme a pu y pénétrer, y faire des chemins et s'y établir. On y voit des maisons, aussi bizarrement situées qu'il est possible de l'imaginer. Parfois il n'y a pas place, sur le même mamelon, pour la maison et ses dépendances; on aperçoit d'abord l'habitation sur une butte, puis la grange dans un ravin plus bas, en sorte que l'on découvre l'une après l'autre.
Cette région est si accidentée que mon conducteur ne peut s'empêcher de jeter ce cri: «La terre danse ici, monsieur, c'est un quadrille de la nature.» Aussi ne faut-il pas s'étonner si les côtes y succèdent aux côtes; tout le temps se passe à gravir et à descendre, et cependant ces côtes sont bien peu de chose en comparaison de celles que l'on trouve plus en arrière, entre les paroisses nouvelles de Sainte-Angèle, de Saint-Gabriel et de Saint-Marcellin.
En arrivant au village de Saint-Donat, les collines s'éloignent quelque peu et l'on entre dans une vallée où l'horizon s'élargit et où l'espace redevient libre. Le village en lui-même n'est pas considérable, mais en revanche les terres sont remarquablement fertiles.
On retrouve là les beaux champs de céréales qu'on se rappelle avoir vus dans les régions favorisées de la province; on remarque des essais d'horticulture, et une égalité d'aisance qui répand comme un parfum de bonne habitation sur tout le parcours du chemin(60).

L'émergence de l'esprit scientifique au XIXe siècle fit ressortir de plus en plus l'écart entre la légende et les faits. Buies écrivait en 1864 dans sa deuxième Lettre sur le Canada: « Une vérité qui n'a pas été étudiée, controversée, soumise à toutes les investigations, n'est pas digne d'être appelée telle.(61) » Cet idéal de jeunesse résonnait encore une vingtaine d'années plus tard. Chez lui le voltairien qui pourfend l'obscurantisme n'est jamais loin:
Avant de quitter Saint-Gabriel, jetons un coup d'oeil à notre droite sur le fameux mont Comis (sic), qui a une altitude de deux mille trente six (sic) (2,036) pieds au-dessus du niveau du fleuve et auquel se rattachent de nombreuses traditions, qui mériteraient d'être vérifiées par une étude scientifique approfondie; entre autres, on y avait découvert jadis des ossements de baleine, des coquillages et des squelettes de poissons divers, mais ces ossements n'ayant pu être retrouvés à la suite de quelques tentatives, plus ou moins sérieuses, sont restés à l'état de tradition. Cette tradition, néanmoins, est persistante(62).

Puis, sans transition aucune, nous retrouvons le passionné de géographie et propagandiste du ministère de la Colonisation:
Le mont Comis (sic) est situé entre Saint-Donat et Saint-Gabriel. En le regardant attentivement, on ne tarde pas à découvrir une sorte de dépression dans sa couronne. C'est dans cette dépression que repose, entre des flancs granitiques, un fort beau lac de quinze à vingt arpents de longueur et d'une profondeur inconnue. Est inconnu également le débouché du lac; on suppose qu'il a lieu par quelques crevasses souterraines, et que par là ses eaux s'écoulent dans un deuxième lac que l'on a également constaté à mi-hauteur de la montagne. Le lac supérieur est absolument dépourvu de poisson, tandis que le deuxième en contient abondamment. À la base du mont Comis (sic), du côté sud, on trouve sept autres lacs, que les plus hardis et les plus véridiques des pêcheurs s'accordent à reconnaître comme le merveilleux séjour des meilleures truites qui existent et qui existeront jamais dans notre province (63).

Gilles Sénécal, alors chercheur postdoctoral, écrivit finalement à propos de ce genre monographique:
On en vient ainsi à doter le Québec d'une sorte de carte mentale des différentes régions de colonisation [...], qui [...] reproduisent une image durable du Québec. Ainsi naît une façon de parler le Québec (64). 

Le miroir de notre condition

Ernest Renan déclarait : « L'homme, messieurs, ne s'improvise pas.(65) » Le naturel revint au galop au lendemain des premières révolutions démocratiques. Le XIXe siècle vit s'affirmer une nation plus culturelle. Sous le régime de l'Union et au début de la Confédération, alors que les sirènes  de l'industrialisation au sud de la frontière poussait à l'exode un peuple « sans histoire ni littérature(66) », on a aiguisé le sentiment d'appartenance et donné corps au pays. Il en va ainsi de ma vieille montagne qui n'était qu'un repère utile aux navigateurs du Saint-Laurent avant le passage de Joseph-Charles Taché et d'Arthur Buies.

Voilà exposé devant nous, modernes avancés, un héritage difficile à actualiser. Nous souffrons aujourd'hui de la comparaison avec les belles plumes du siècle des nationalités. Comment expliquer que nos intellectuels, nos interprètes, n'aient pas davantage sensibilisé, le pouvoir, un Philippe Couillard(67), au(x) pays du Québec? Plusieurs facteurs sont en cause.

L'enjeu, éminemment politique, attise les passions. Si la colonisation faisait l'unanimité à l'époque de Taché et de Buies(68), l'occupation du territoire gêne désormais certaines organisations: « Le Conseil du patronat invite le gouvernement à réallouer une partie des budgets actuellement consacrés au maintien des municipalités dévitalisées vers des mesures facilitant la relocalisation des ménages qui y habitent(69). » 

Autrement, les épithètes fusent de part et d'autre de la fracture idéologique. La gauche olfactive, le camp progressiste, flaire chez «l'enraciné» un repli identitaire. La droite nationale, le camp conservateur, accuse le «bien-pensant» d'une nouvelle peur: l'oikophobie(70). 

Des universitaires empruntent un sentier battu par Roméo Bouchard, Victor-Lévy Beaulieu et Bernard « Rambo » Gauthier. La «question du Québec» embrasse la tension séculaire entre centralisation et décentralisation(71). Or, ces experts du développement régional sont critiqués à leur tour. Ces bureaucrates -au sens wébérien(72) - auraient une prose hermétique, un jargon propre à décourager le lecteur de bonne volonté(73). On leur reproche aussi de s'hyperspécialiser dans un domaine du savoir, tandis que Taché et Buies pratiquaient la polygraphie au risque, il est vrai, de la dispersion(74).

La mondialisation néolibérale, d'origine anglo-protestante, est au bout du compte LE «dissolvant universel». Elle épuise le réservoir de traditions. Elle fragilise les solidarités en faisant mine d'abolir les distances. Sa «littérature migrante» travaille la province par le haut (élite) et par le bas (peuple). Le territoire national ploie sous la logique du système homogénéisant. Saint-Donat-de-Rimouski épouse les traits d'une banlieue-dortoir. Si nous ne prenons garde au modèle de l'homo oeconomicus, notre contrée risque de déchoir jusqu'au statut d'un simple point sur Google Maps!

La lecture de Taché et de Buies aide simplement à habiter le monde dans un environnement reconnaissable et aimable. Tous deux grands voyageurs, ils rappellent en quelque sorte une évidence : la découverte de l'Autre renvoie à la connaissance de soi et sa propre finitude.

Notes et références:

(1) Premier ministre canadien de 1896 à 1911, il prophétisa lors d'un dîner au Club canadien d'Ottawa le 18 janvier 1904 : « Le 19me (sic) siècle a été le siècle des États-Unis [...] [.] [J]e crois pouvoir affirmer que le 20me (sic) sera le siècle du Canada. » Correspondance spéciale, « Un grand dîner », La Patrie, 19 janvier 1904, p. 9.

(2) Idéologie chartiste qui consiste à dépolitiser les enjeux en les enchâssant. Éric Bédard, « La trudeauisation des esprits »,  dans Recours aux sources. Essais sur notre rapport au passé, Montréal, Boréal, 2011, p. 77-104.

(3) Johann Gottfried Herder, Histoire et cultures. Une autre philosophie de l'histoire. Idées pour la philosophie de l'histoire de l'humanité (extraits), [s. l.], Flammarion, 2000 [1774], 201 p. (Coll. « GF », no 1056). Dans le contexte québécois, lire Joseph Yvon Thériault, « Préambule. Cosmopolitisme et petites sociétés », dans Jacques L. Boucher et Joseph Yvon Thériault, dir., Petites sociétés et minorités nationales. Enjeux politiques et perspectives comparées, Sainte-Foy, Presses de l'Université du Québec, 2005, p. xiv-xvi de même que « La culturalisation de la nation », dans Joseph Yvon Thériault, Critique de l'américanité. Mémoire et démocratie au Québec, Montréal, Québec Amérique, 2005 [2002], p. 324-332. (Coll. « Débats »)

(4) Ernest Renan, Qu'est-ce qu'une nation?, [s. l.], Mille et une nuits, 1997 [1882], p. 31. (Coll. « La Petite Collection », no 178).

(5) Jules Michelet, Le Peuple, Paris, Hachette/Paulin, 1846, p. 164. Google books https://books.google.ca/books?id=Gc5ejgkAWV4C&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false consulté le 21 septembre 2019.

(6) On ne forcera pas la parité hommes-femmes.

(7) Éveline Bossé, Joseph-Charles Taché (1820-1894). Un grand représentant de l'élite canadienne-française, Québec, Garneau, 1971, p. 18.

(8)Placide Lépine [pseudonyme d'Henri-Raymond Casgrain et de Joseph Marmette], « Silhouettes littéraires. Joseph-Charles Taché », L'Opinion publique, vol. 3, no 7, 15 février 1872, p. 74.

(9) Paul Larocque, « Une région de peuplement (1790-1855) », dans Paul Larocque, dir., Rimouski depuis ses origines, Rimouski, Société d'histoire du Bas-Saint-Laurent et Société de généalogie et d'archives de Rimouski, en collaboration avec le GRIDEQ, 2006, p. 123.

(10) Antonio Lechasseur, « Joseph-Charles Taché, député de Rimouski », Revue d'histoire du Bas-Saint-Laurent, vol. 1, no 3 (décembre 1974), p. 17-20.

(11) « Sans se soucier des données qui régissent la construction des navires, [Joseph-Charles Taché] se fit fabriquer une goélette d'après ses propres conceptions [...] Hélas! ''le vaisseau à trois quilles'', comme on se plut à l'appeler, était trop lourd et ''ne pouvait avancer qu'à pas de tortue''. Condamnée à demeurer à l'ombre du quai, l'infortunée goélette valut pendant longtemps à son auteur les pires sarcasmes de la part de ses adversaires politiques. (Bossé, Joseph-Charles Taché (1820-1894), p. 47.) »

(12) Jean-Charles Fortin et Yvan Morin, « La structuration d'une société », dans Jean-Charles Fortin et collab., Histoire du Bas-Saint-Laurent, Québec, Institut québécois de recherche sur la culture, 1993, p. 308. (Coll. « Les régions du Québec », no 5).

(13) Joseph-Charles Taché, Des Provinces de l'Amérique du Nord et d'une union fédérale, Québec, J. T. Brousseau, 1858, 252 p. Bibliothèque et Archives nationales du Québec http://bibnum2.banq.qc.ca/bna/numtexte/59062.pdf consultée le 18 janvier 2020.

(14) Gaspard Le Mage [pseudonyme de Joseph-Charles Taché et Pierre-Joseph-Olivier Chauveau], La Pléiade rouge, Montréal, Imprimerie de La Minerve, 1855, 23 p. Internet Archive https://archive.org/details/cihm_36622/page/n5 consulté le 18 janvier 2020.

(15) Joseph-Charles Taché, De la tenure seigneuriale en Canada, et projet de commutation, Québec, Lovell et Lamoureux, 1854, 63-xix p. Bibliothèque et Archives nationales du Québec http://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2021893 consultée le 18 janvier 2020.

(16) Placide Lépine [pseudonyme d'Henri-Raymond Casgrain et de Joseph Marmette], « Silhouettes littéraires », p. 74.

(17) Jean-Guy Nadeau, « Taché, Joseph-Charles », Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003. http://www.biographi.ca/fr/bio/tache_joseph_charles_12F.html consulté le 19 juillet 2014.

(18) Julien Goyette, « ''Ces choses qui ont du vrai'': conte, légende et histoire dans l'oeuvre de Joseph-Charles Taché », dans Julien Goyette et Claude La Charité, dir., Joseph-Charles Taché polygraphe, [s. l.], Presses de l'Université Laval, 2013, p. 81 (Coll. « Cultures québécoises »).

(19) Les amis de Taché auraient mieux fait de l'appeler « le Huron » ou « l'Algonquien ». Les peuples qu'il a étudié furent « à couteaux tirés » avec les Iroquois...

(20) Joseph-Charles Taché, Forestiers et Voyageurs. Moeurs et légendes canadiennes, Montréal, Boréal, 2002 [1863], p. 14. (Coll. « Boréal compact », no 137). Voir aussi Nadeau, « Taché, Joseph-Charles », Dictionnaire biographique du Canada.

(21) Maurice Lemire, « L'appel des grands espaces », Cahiers franco-canadiens de l'Ouest, vol. 8, no 1 (1996), p. 9. Université de Saint-Boniface, https://ustboniface.ca/presses/file/documents---cahier-vol-8-no-1/81Lemire.pdf, consultée le 18 janvier 2020.

(22) Luc Lacoursière, « Préface », dans Joseph-Charles Taché, Forestiers et Voyageurs, Montréal, Fides, 1964 [1863], p. 10.

(23) Jordan B. Peterson, 12 règles pour une vie. Un antidote au chaos, Paris, J'ai lu, 2019 [2018], p. 446. (Coll. « Bien-être », no 12 732).

(24) Taché, Forestiers et Voyageurs. Moeurs et légendes canadiennes, Montréal, Boréal, 2002 [1863], p. 29.

(25) Ibid., p. 30.

(26) Peterson, 12 règles pour une vie. Un antidote au chaos, p. 47.

(27Jack Warwick, « Forestiers et Voyageurs », Dictionnaire des oeuvres littéraires du Québec. Des origines à 1900, Montréal, Fides, 1978, vol. 1, p. 277. Bibliothèque et Archives nationales du Québec http://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/4003165, consultée le 26 septembre 2019.

(28Paul Larocque, «Le Bas-Saint-Laurent, une région au passé mieux connu», Revue d'histoire du Bas-Saint-Laurent, vol. XIX, no 1 (janvier 1996), p. 3.

(29) Dominique Marquis, «Les contes et légendes de Joseph-Charles Taché ou ''le pinceau idyllique'' d'un auteur catholique », dans Goyette et La Charité, dir., Joseph-Charles Taché polygraphe, p. 101.

(30) Maurice Lemire cité par Aurélien Boivin, «Forestiers et voyageurs dans Les Soirées canadiennes », Dictionnaire des écrits de l'Ontario français 1613-1993, Ottawa, Presses de l'Université d'Ottawa, 2010, p. 351.

(31) L'abbé Henri-Raymond Casgrain vendit au département de l'Instruction publique des textes ne lui appartenant pas (Bossé, « Taché contre Casgrain », dans Joseph-Charles Taché (1820-1894), p. 237-252.

(32Taché, Forestiers et Voyageurs. Moeurs et légendes canadiennes, Montréal, Boréal, 2002, p. 81. Paragraphe conforme au texte original (Joseph-Charles Taché, «Forestiers et Voyageurs. Étude de moeurs», Les Soirées canadiennes. Recueil de littérature nationale, Québec, Brousseau Frères, 1863, p. 84). Les éditions du Boréal se bornèrent à corriger « les coquilles évidentes et les fautes de grammaire et à moderniser la présentation typographique (p. 7) ».

(33Marcel LeBlanc, « Mont Commis ou Mont Camille? », Revue d'histoire du Bas-Saint-Laurent, vol. XIV, no 2 (juin 1991), p. 10.

(34) Jean Servier, L'ethnologie, Paris, Presses universitaires de France, 1986, p.80. (Coll. « Que sais-je? », no 2312).

(35Fernand Dumont, Genèse de la société québécoise, Montréal, Boréal, 1996 [1993], p. 317. (Coll. « Boréal compact », no 74).

(36Pierre Trépanier, «Vie intellectuelle», dans Jacques Rouillard, dir., Guide d'histoire du Québec du Régime français à nos jours. Bibliographie commentée, Laval, Méridien, 1993, p. 255.

(37 Arthur ajouta un «s» à son patronyme afin de «tuer le père». Micheline Morisset, Arthur Buies, chevalier errant, Québec, Nota bene et Société Radio-Canada, 2000 p. 81. (Coll. « Proses »).

(38) Béatrice Chassé, « L'assassinat du seigneur Achille Taché », L'Estuaire, no 68 (Juin 2008), p. 17-24.

(39L'auteur se confia dans l'un de ses rares récits autobiographiques «Desperanza», L'Opinion publique, 18 juin 1874, p. 291.

(40«Campagne d'opérette selon le journaliste français Ulric de Fonvielle, au cours de laquelle il se livre surtout aux plaisirs de la table.» Francis Parmentier, « Buies, Arthur », Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003. http://www.biographi.ca/fr/bio/buies_arthur_13F.html, consulté le 19 janvier 2020.

(41Arthur Buies, Anglicismes et canadianismes, Québec, Typographie C. Darveau, 1888, p. 9. Bibliothèque et Archives nationales du Québec http://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2022590?docref=NjJy-8kAYOCS0s4n7rDAeQ&docsearchtext=Anglicismes%20et%20canadianismes, consultée le 19 janvier 2020.

(42) Normand Baillargeon, dir., Liberté surveillée. Quelques essais sur la parole à l'intérieur et à l'extérieur du cadre académique, Montréal, Leméac, 2019, 268 p.

(43) Expression empruntée à John Saul, Les bâtards de Voltaire. La dictature de la raison en Occident, Paris, Payot, 2000 [1992], 785 p. (Coll. « Petite bibliothèque Payot », no 376).

(44) Morisset, Arthur Buies, chevalier errant.

(45) Le mieux semble ici de référer le lecteur aux derniers essais du sociologue Mathieu Bock-Côté: Le multiculturalisme comme religion politique (Cerf, 2016), Le nouveau régime (Boréal, 2017) et L'empire du politiquement correct (Cerf, 2019). Ajoutons Stéphane Baillargeon, « Quelles idées dominent les sciences sociales? », Le Devoir, 26 mai 2018. https://www.ledevoir.com/societe/528784/quelles-idees-dominent-les-sciences-sociales, consulté le 19 janvier 2020.

(46) Jonathan Livernois et Jean-François Nadeau, «Lire Buies», dans Arthur Buies, La Lanterne. L'ennemi instinctif des sottises, des ridicules, des vices et des défauts des hommes, Texte établi et présenté par Jonathan Livernois et Jean-François Nadeau, Coll. «Mémoire des Amériques», Montréal, Lux, 2018, Quatrième de couverture. (Coll. « Mémoire des Amériques »).

(47) «[I]l prend [à Paris] des idées, et il sait fort bien [...] choisir les plus perverses», l'abbé Thomas-Étienne Hamel, cité par Yvan Lamonde, « Bivouaquer avec Arthur Buies en Sicile. La formation affective et intellectuelle d'un ''Rouge'' (1840-1862) », Les Cahiers des dix, no 65 (2011), p. 145. Récupéré d'Érudit https://doi.org/10.7202/1007774r Claude-Henri Grignon, « Arthur Buies ou l'homme qui cherchait son malheur », Cahiers de l'Académie canadienne-française, vol. 7, Profils littéraires, Montréal, 1963, p. 29-42.

(48) Livernois et Nadeau, « Lire Buies », dans Arthur Buies, La Lanterne, Quatrième de couverture. Laurent Maillot atténue ce jugement: « En général, la littérature canadienne-française du XIXe siècle est ignorée, à l'exception de quelques très grandes figures. Mais même celles-là, même François-Xavier Garneau, sont relativement ignorées. Tout le monde connaît le nom de Graneau mais pas son oeuvre, même les études sur son oeuvre sont relativement rares. (Laurent Maillot cité par André Champagne, « Arthur Buies, un écrivain engagé», Le Québec des XVIIIe et XIXe siècles, Sillery, Septentrion, 1996, p. 109-110. (Coll. «Entretiens avec l'histoire», no 5) »

(49) Expression empruntée à Karl Marx, Contribution à la critique de l'économie politique, Paris, Éditions sociales, 1972 [1859]. Récupéré de Les Classiques des sciences sociales http://dx.doi.org/doi:10.1522/cla.mak.con

(50) À tout seigneur tout honneur, commençons par citer la correspondance (Montréal, Guérin, 1993) et les chroniques I et II (Montréal, Presses de l'Université de Montréal, 1986, 1991), d'Arthur Buies critiquées par Francis Parmentier. On peut mentionner l'étude d'Isabelle Lavoie-Coutu, Postures littéraires et modernité dans les chroniques sur les régions d'Arthur Buies, Thèse de maîtrise (littératures de langue française), Université de Montréal, 2014, x-117 p. Papyrus, https://papyrus.bib.umontreal.ca/xmlui/bitstream/handle/1866/11722/Lavoie-Coutu_Isabelle_2015_memoire.pdf?sequence=3&isAllowed=y, consulté le 19 janvier 2020. Victor-Lévy Beaulieu signa la préface d'Arthur Buies, Petites chroniques du Bas-du-Fleuve en passant par La Pointe-à-l'Orignal, Kamouraska, Rivière-du-Loup, Cacouna, Bic et Rimouski, Trois-Pistoles, Éditions Trois-Pistoles, 2003, 168 p. La revue Liberté accorda à «Arthur Buies, notre contemporain» un dossier en novembre 2008. Le pamphlétaire moderniste était dans leur «rétroviseur» à l'été 2014.

(51) Richard Saindon, Histoire de Rimouski par le nom de ses rues, Rimouski, À compte d'auteur, 1995, p. 44-47.

(52) Christian Desmeules, «Arthur Buies, écrivain déchiré», Le Devoir, 20 mai 2017. Récupéré de https://www.ledevoir.com/lire/499165/arthur-buies-ecrivain-dechire, consulté le 31 août 2019.

(53) Arthur Buies, Les comtés de Rimouski, de Matane et de Témiscouata. Exploration spéciale, Québec, Imprimerie Belleau et Cie, 1890, p. 3-30. Internet Archive, https://archive.org/details/cihm_00342/page/n5, consulté le 19 janvier 2020.

(54) Serge Courville, Immigration, colonisation et propagande. Du rêve américain au rêve colonial, Sainte-Foy, MultiMondes, 2002, p. 606.

(55) Frédéric Desjardins, « Arthur Buies. Combats et réalisations d'un grand essayiste », Québec français, no 143 (automne 2006), p. 50. Érudit, https://www.erudit.org/fr/revues/qf/2006-n143-qf1179170/49491ac.pdf, consulté le 19 janvier 2020.

(56) Ibid.

(57) Michel Biron, « La tyrannie du silence », Liberté, vol. 50, no 4 (novembre 2008), p. 52.

(58) Lettre à Hector Garneau écrite à Rimouski et datée du 7 octobre 1896. « Une lettre d'Arthur Buies. Conseils aux écrivains canadiens », Le Soleil, 30 janvier 1901, p. 1.

(59) Parmentier, «Buies, Arthur», Dictionnaire biographique du Canada.

(60) Arthur Buies, Les comtés de Rimouski, p. 6-8.

(61) Arthur Buies, Lettres sur le Canada. Étude sociale, Montréal, [s. é.], 1864, p. 15. Bibliothèque et Archives nationales du Québec http://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2022699, consultée le 19 janvier 2020.

(62) Buies, Les comtés de Rimouski, p. 25.

(63) Ibid., p. 25-26.

(64) Gilles Sénécal, «Les monographies des régions de colonisation au Québec (1850-1914): genre et tradition géographiques. École nationale?», Cahiers de géographie du Québec, vol. 36, no. 97 (avril 1992), p. 51.

(65) Renan, Qu'est-ce qu'une nation?, p. 31.

(66) John George Lambton Durham, Le rapport Durham: document,  Montréal, L'Hexagone, 1990 [1839], 317 p. (Coll. «Typo», no 50).

(67) Lucia Ferretti, «Bilan de quatre ans de gouvernement Couillard», L'Action nationale, vol. 108, nos 6-7 (juin-septembre 2018). p. 292-294 et 350-354.

(68) Dumont, Genèse de la société québécoise, p. 262.

(69) Québec, Assemblée nationale, Journal des débats de la Commission des transports et de l'environnement, 41e législature, 1re session, vol. 44, no 11, 29 janvier 2015. http://www.assnat.qc.ca/fr/travaux-parlementaires/commissions/cte-41-1/journal-debats/CTE-150129.html#_Toc424105647, consulté le 19 janvier 2020. «Après avoir rédigé, présenté et lu, jeudi, son mémoire sur la stratégie gouvernementale de développement durable, le Conseil du patronat du Québec (CPQ) n'a eu d'autre choix, devant un gigantesque tollé de protestations, que de modifier la proposition qui a mis le feu aux poudres. Vendredi après-midi, le libellé a été remanié et le message légèrement édulcoré. (Johanne Fournier et Gilles Gagné, «Déplacer les populations pauvres; le Conseil du patronat soulève la colère des régions», Le Soleil, 30 janvier 2015, https://www.lesoleil.com/actualite/en-region/deplacer-les-populations-pauvres-leconseil-du-patronatsouleve-la-colere-en-region-1ea4e38484ddf282e5c422d9239972e6, consulté le 19 janvier 2020) »

(70) «Ce néologisme [...] signifie ''haine de la maison natale [oikos en grec], et la volonté de se défaire de tout le mobilier qu'elle a accumulé au cours des siècles'' (Antoine Robitaille, «Bolduc à l'éducation. Ambiance oikophobe», Le Devoir, 15 mai 2014). » «C'est Antoine Robitaille qui a lancé le mot dans le paysage médiatique [québécois] dans un éditorial paru le 15 mai dans Le Devoir. Il cite le concept utilisé par Alain Finkielkraut dans L'identité malheureuse - concept que lui-même emprunte au philosophe anglais Roger Scruton - pour s'interroger sur la décision de l'ineffable ministre Bolduc d'annuler l'appel d'offres pour la création de chaires de recherche en matière de langue et d'identité au nom des ''vraies affaires'' (Robert Laplante, «Oikophobie et déportation de soi», Les Cahiers de lecture de L'Action nationale, vol. 8, no. 3 (été 2014), p. 3).»

(71) Nathalie Lewis, «Entre centralisation et décentralisation. Une tension loin d'être inédite», Le Mouton Noir, vol. 20, no 4, (mars-avril 2015). https://www.moutonnoir.com/2015/03/une-tension-loin-detre-inédite, consulté le 4 janvier 2020).

(72) Max Weber, Économie et société. Les catégories de la sociologie, Paris, Pocket, 2003 [1922], Tome 1.

(73) Jean-Nicolas Carrier, «L'histoire du Québec fait encore parler», On a lu.ça, 28 juin 2018. Compte rendu de Pouvoir et territoire au Québec depuis 1850 sous la direction d'Harold Bérubé et Stéphane Savard (Québec, Septentrion, 2017). https://www.onalu.ca/single-post/2018/06/28/L%E2%80%99histoire-du-Qu%C3%A9bec-fait-encore-parler, consulté le 8 septembre 2019.

(74) Goyette et La Charité, dir., Joseph-Charles Taché polygraphe, p. 5.

(75) Joseph de Maistre, « Réflexions sur le protestantisme dans ses rapports avec la souveraineté », dans Oeuvres complètes de J. de Maistre, Lyon, Vitte et Perrussel, 1884, tome 8, p. 64. Gallica https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57842514/f71.image.texteImage, consulté le 19 janvier 2020.