dimanche 19 décembre 2021

Vote ethnique : le retour du refoulé

Le gouverneur général de l'Afrique-Occidentale française aurait dit en 1953: «Moins d'élections et plus d'ethnographie, et tout le monde y trouvera son compte.» Les yeux québécois doivent réapprendre à voir cette réalité. Si Gérard Bouchard crut atteindre «l'ethnicité zéro» après la fameuse déclaration de Jacques Parizeau, les dernières élections générales néo-brunswickoises montrent la persistance du clivage ethnique dans nos sociétés.

À gauche : Résultats des élections générales du 14 septembre 2020
À droite : L'Acadie du Nouveau-Brunswick


dimanche 28 novembre 2021

Moules zébrées découvertes au lac Massawippi : Radio-Canada manque d'ouverture selon l'antispécisme

Des intervenants ont extrait du lac Memphrémagog cette « mineure isolée ».
Radio-Canada stigmatiserait la petite migrante environnementale.
Photo : Radio-Canada

Radio-Canada (ICI Estrie) aurait nourri à l'automne 2021 les pires inquiétudes sur la moule zébrée. Son site Web a véhiculé un propos susceptible d'offenser les antispécistes. Je décide d’interroger le groupe militant à la manière de Max Weber. 

Le sociologue allemand Max Weber (1864-1920) définit un précieux concept. L'« idéaltype » désigne un « tableau de pensée homogène ». Cette construction abstraite m’aidera à comprendre et à théoriser le phénomène antispéciste.

Le « type idéal » ou le « type pur » de l'antispécisme m'apparaît sous les traits d'une jeune femme de 25 ans aux cheveux bleus. Dans mon imagination, elle me répond:

Bonjour-Hi madame St-Laurent,

Laissez-moi d'abord réciter mon signalement de vertu : « Je tiens à souligner que les terres sur lesquelles nous sommes rassemblés font partie du territoire traditionnel non cédé de la Confédération des Abénakis et des Wabanakis. Amen! »

Je viens d'une famille progressiste qui embrasse toutes les causes à la mode. Mon arrière-grand-mère Roback commença à fumer au contact des publicités d'Edward Bernays

Aujourd'hui, c'est moi l'adepte passive-agressive de l' « écologie melon d’eau ». Je porte un discours vert à l'extérieur et rouge socialiste à l'intérieur depuis ma prise de conscience dans le regretté cours d’Éthique et culture religieuse.

Mon coeur de « petit lapin » ressent qu'aucune hiérarchie ne doit exister entre les espèces. L'antispécisme se calque sur le modèle de l'antiracisme et de l'antisexisme.

Parce que le soleil luit pour tout le monde 

Quand Radio-Canada cite des experts et des politiques, il n'étale que sa rationalité blanche. Le nouveau régime diversitaire se veut désoccidentalo-centré. Or, le diffuseur public manque d'ouverture dans l'accueil de la moule zébrée, originaire d'Europe de l'Est. Son article du 22 octobre fait ainsi état de « menace », de « fermeture du lac [Massawippi] réclamée », de « visiteurs montrés du doigt », etc. 

Nous nous trouvons devant un cas de malacophobie, c'est-à-dire de peur pathologique des mollusques. Face au dérapage d'ICI Estrie - qui rappelle les heures les plus sombres de notre histoire - je milite pour que Montréal se définisse en tout point comme une ville refuge. 

Sur le même plan, le journaliste Aymeric Caron a déjà raconté que « lorsqu’on est attaqué par un moustique, on a affaire à une mère, qui essaie de remplir son rôle de mère. [...] La dame [moustique] risque sa vie pour ses enfants en devenir. » Comprenez-vous l'extension du domaine de la lutte? 

À la fin, Justin Trudeau, Jagmeet Singh et Annamie Paul ont raison de nous rééduquer. « D'un océan à l'autre » reste la devise du Canada. La fluidité du passage d'un lac à l'autre est donc notre force. 

#Radio-Canadan'aurapasmahaine! 

Solidairement, 

Léa Nicolas-Saganash

Ouf! Je ne sais pas pour vous, mais le « type idéal » ou le « type pur » du discours antispéciste me sidère. Il avance dans l'opinion. Il dégouline de bons sentiments. Et pourtant, George Orwell notait déjà en 1945 que si « tous les animaux sont égaux, certains sont plus égaux que d'autres ». L'utopie antispéciste ne conduit dans La ferme des animaux qu'à un changement de maîtres.

La révolution permanente de l'extrême gauche n'a pas fini de dévorer Radio-Canada. L'expérience ci-dessus prouve, à mon sens, que de la marge existe encore pour délirer bien fort. Si le camp national entend survivre à cette déconstruction, il devra résister à l'air du temps et former des communautés autonomes.


Référence

« La moule zébrée finalement découverte dans le lac Massawippi », Radio-Canada Estrie, 22 octobre 2021. Récupéré de https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1833588/moule-zebree-decouverte-lac-massawippi-fermeture-urgence (Page consultée le 28 novembre 2021).

Aymeric Caron identifie pour nous les nouveaux « damnés de la terre (sic) ».

dimanche 17 octobre 2021

(Affaire Bruno Jean) Il y a 10 ans, le Québec français perdait trois circonscriptions rurales

Saint-Donat-de-Rimouski en 2002
Photo: TVA Nouvelles


Le professeur Bruno Jean n'est pas un perdreau de l'année. Il a contribué à la définition de même qu'à la mise en oeuvre de la Politique nationale de la ruralité. Il accepta de siéger cinq ans à la Commission de la représentation électorale du Québec le 5 octobre 2011. Il signa aussitôt - le 12 du mois - l'élimination pure et simple de trois circonscriptions essentiellement rurales et totalement francophones(1).

Bruno Jean se défendit face aux médias et soutint le regard de la postérité en arguant que la décision était déjà prise(2), mais il pouvait toujours refuser de l'exécuter en déclinant le poste honorifique offert. De l'autre côté de la rivière des Outaouais, la Commission de délimitation des circonscriptions électorales fédérales pour le Québec a suivi le chemin inverse.

La Commission fédérale a renoncé dans son rapport final du 15 février 2013 à son intention première de diminuer une fois encore la représentation de la Gaspésie et du Bas-Saint-Laurent. Elle s'étaient frottée à la résistance «véhémente(3)» du milieu. Jean choisit plutôt de «prendre le train en marche» et de «jouer le jeu», selon ses propres termes(4), de manière à bénéficier depuis maintenant deux quinquennats des fruits de sa collaboration.

Bruno Jean est devenu commissaire à la Commission de la représentation électorale.
Photo: Directeur général des élections du Québec

L'adoption d'une nouvelle carte électorale au provincial a été l'enjeu d'une véritable saga politico-juridique entre 2000 et 2010 sous le mandat de l'ancien directeur général des élections, Marcel Blanchet(5). Si la nomination de Bruno Jean à minuit moins une évoque le lapin sorti du chapeau, le tour de force - accorder en une semaine ce qui n'a pu l'être en 10 ans - était prévisible.

D'un point de vue montréalais, pour faire avaler la pilule et obtenir gain de cause, il fallait opposer au monde rural l'un des siens, «le» spécialiste de la ruralité. Bruno Jean était titulaire de la Chaire de recherche du Canada en développement rural à l'Université du Québec à Rimouski.

Les Québécois Trudeau et Chrétien ont rendu pareils services à la majorité canadian, notamment lors du rapatriement unilatéral de la Constitution en 1982. L'histoire se répète dans les «fourgons de l'étranger»!

Une première version de cet article parue dans Le Soleil de Québec le dimanche 20 avril 2014 à la page 25.

Épilogue

Les changements à la carte électorale ont touché le député de Matane. Pascal Bérubé cessa ses «protestations» le jour où ses collègues du cabinet lui accordèrent plus d'argent pour entretenir son personnel.

Pascal Bérubé
Photo: La Presse canadienne, février 2012


Notes et références

(1) «L'Assemblée nationale a nommé, mercredi, un troisième commissaire [.] [...] Plus rien n'entrave maintenant le dépôt officiel du rapport final du Directeur général des élections du Québec, qui entraînera la disparition des circonscriptions de Matane, Kamouraska-Témiscouata et Lotbinière. [...] Les quatre députés péquistes du Bas-Saint-Laurent se sont absentés lors du vote à l'Assemblée nationale sur la motion de nomination de Bruno Jean.» Voir «Carte électorale au Québec: le troisième commissaire est nommé», Radio-Canada, 5 octobre 2011. Récupéré de https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/533708/carte-electorale-commissaire (Page consultée le 17 octobre 2021).

(2D'après le reportage de Claude Ross, «Le Commissaire de la Commission de la représentation électorale s'explique», Radio-Canada, 22 octobre 2011. Récupéré de https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/535765/carte-electorale-kamouraska-lotbiniere-matane (Page consultée le 17 octobre 2021).

(3Canada, Commission de délimitation des circonscriptions électorales fédérales pour la province de Québec, Rapport de la Commission de délimitation des circonscriptions électorales fédérales pour la province de Québec, 2012, Ottawa, La Commission, 2013, p. 8-11. ISBN: 978-0-660-20802-2. Récupéré de https://www.redecoupage-federal-redistribution.ca/qc/now/reports/report_f.pdf (Page consultée le 17 octobre 2021). Voir notre mémoire déposé à la Commission: Caroline Sarah St-Laurent, «La refonte de la carte électorale fédérale», Argument. Récupéré de http://www.revueargument.ca/article/2013-01-14/577-la-refonte-de-la-carte-electorale-federale.html (Page consultée le 17 octobre 2021).

(4Claude Ross, «Le Commissaire de la Commission...», op. cit.

(5)Caroline Sarah St-Laurent, «À l'heure du pays rétréci», 13 juin 2012. Récupéré de https://csstl.blogspot.com/2012/06/lheure-du-pays-retreci.html (Page consultée le 17 octobre 2021).

(Lettre ouverte) Comprendre et surmonter l'«allergie» au nationalisme québécois


Lettre ouverte à un professeur de sociologie de l'UQAM

Monsieur,

Je m'intéresse, comme vous, aux phénomènes nationalistes dans le monde contemporain. Je suis présentement en rédaction de thèse au sein de votre département, le département de sociologie de l'Université du Québec à Montréal (UQAM). Mon projet fut évalué par un jury composé de trois personnes.

Lors du choix des évaluateurs, mon directeur souleva un problème idéologique. J'appris votre «allergie» au nationalisme québécois. Est-ce vrai? Mon directeur a travaillé avec vous. Chercheur émérite, il n'a rien d'un exalté. J'ai donc confiance en son jugement. Misère!

Le rejet de notre petit peuple est bien fâcheux. J'en suis personnellement affectée. On offre du haut d'une Chaire de recherche du Canada (Sociologie des conflits sociaux) des bourses ce mois-ci. Je ne puis y accéder à cause de votre «allergie».

Que de préventions et de ressentiments par les temps qui courent! J'entends au contraire «prendre le taureau par les cornes». Lever ici même le voile sur un problème endémique: le déclin de la liberté en milieu universitaire. Je suppose, après Antonio Gramsci, que le verrouillage de l'université publique se comprend par l'hégémonie culturelle d'une classe. Un groupe en particulier se sentirait plus «éveillés (sic)» que les autres...

Filons la métaphore

Tout diagnostic d'allergie repose avant tout sur une observation détaillée. Pourriez-vous d'abord m'indiquer les symptômes (démangeaisons aux frontières, larmoiements du woke, etc.) de votre «allergie» au nationalisme québécois? Cette réaction exagérée est-elle saisonnière ou apériodique? Enfin, comment en atténuer les désagréments sur l'entourage?

Il ne faut pas que l'UQAM devienne étrangère à la nation française d'Amérique. J'attends avec impatience vos pistes de solution dans l'espoir de mieux vivre ensemble.

Sincères salutations,

Caroline Sarah St-Laurent

Étudiante au doctorat en sociologie à l'Université du Québec à Montréal

Lettre publiée sur L'Aut'Journal le 19 mars 2021.

samedi 31 juillet 2021

(Lettre ouverte) Effacement du Québec au département de sociologie de l'UQAM


Bonjour madame LeBlanc (professeure de sociologie à l'UQAM),

J'aimerais m'entretenir avec vous de la place du Québec au sein du département de sociologie de l'UQAM. J'en ai l'expérience. J'ai prêté attention aux «Champs d'intérêts et d'expertises» du corps professoral sur le site Web du Département. J'ai scruté la liste des unités de recherche. J'ai finalement vu la grille horaire des cours offerts aux cycles supérieurs à l'hiver 2021. L'observateur constate un peu partout l'effacement programmé de notre province.

À l'Université du Québec à Montréal, les sociologies des émotions, de l'immigration, des genres ou des technologies disposent chacune de leur entrée. À l'Université du Québec à Montréal, les sociétés latino-américaines (trois professeurs) pèsent au moins autant que la nôtre (trois professeurs, dont un retraité et un autre «fatigué» selon Le Devoir: Jacques Beauchemin). Est-ce un équilibre écologique? Question rhétorique!

L'amour de l'Autre dans l'oubli de Soi

L'étudiant ne s'attend plus à ce qu'un champ de recherche à l'Université du Québec à Montréal soit dédié aux Canadiens français. Ce petit peuple est visiblement de trop. Un lien existe pourtant entre cette éclipse et la fragmentation du pays en diverses sectes agressives.

Comme nous sommes loin du «Maitres chez nous» de Jean Lesage... «Québec d'abord»? Pensez-y! Quand des «éveillés (sic)» entendent le «mot en Q», ils passent tout près de sortir leur révolver.

Vous m'indiquiez en octobre que le site Web du Département changera. Sera-ce pour le mieux? L'effacement de l'objet «Québec» s'inscrit dans l'esprit du temps. Je me défie du «progrès», de «l'avancement», quand celui-ci évoque un cancer.

Bref, attention fragile! Maintes études en sciences sociales reposent sur une contextualisation. J'attends qu'une responsable m'explique en quoi oblitérer la «question du Québec (Marcel Rioux)» nous aide à faire société.

Sincères salutations,

Caroline Sarah St-Laurent

Étudiante au doctorat en sociologie à l'Université du Québec à Montréal

P.-S. - Le plus pénible reste la morgue de l'Occupant. Aux dernières nouvelles (2015), Marcos Ancelovici se moquait bien d'une figure comme Fernand Dumont.


Voir aussi:

1) Madame Micheline Cambron (Littérature française, UdeM) organise un colloque intitulé «Les ''oubliés'' de la culture québécoise» au congrès de l'Acfas en 2021.

https://www.acfas.ca/evenements/congres/programme-preliminaire/enjeux-recherche/23

2) Monsieur Joseph Yvon Thériault (Sociologie, UQAM) écrivit un article sur la recherche en identité québécoise.

https://www.acfas.ca/publications/magazine/2013/11/identite-quebecoise-axe-pertinent

3) Monsieur Éric Bédard (Histoire, TÉLUQ) fit un rapport sur l'état de l'histoire nationale à l'université québécoise en 2011.

https://www.fondationlionelgroulx.org/IMG/pdf/l-histoire-nationale-negligee.pdf

Lettre publiée sur Vigile.net le 12 décembre 2020.

mercredi 16 juin 2021

Minorisation des Canadiens français au Québec : L'Action nationale contre Charles Gaudreault

Saint Jean-Baptiste, patron des Canadiens français
Source: Bibliothèque et Archives nationales du Québec


Le chercheur indépendant Charles Gaudreault est un lanceur d'alerte. L'ingénieur de formation nous avise de la mise en minorité des Canadiens français du Québec - les nôtres - vers 2042 sous l'effet de l'immigration de masse. On a pu l'entendre à l'Acfas ou le lire, entre autres, dans Nations and Nationalism et L'Action nationale.

Le président de la Ligue d'action nationale, Christian Gagnon, a sévèrement critiqué ce travail d'ethnodémographie approuvé par les pairs. Pour lui, «[l']enjeu n'est [...] pas [...] la pérennité de l'ethnie canadienne-française». Sans être démographe, chacun peut juger inacceptable que L'Action nationale ait dénié le droit de réplique à Charles Gaudreault. Après tout, il reste un allié. Non?

Plus de lumière!

Il faut comprendre que L'Action nationale abrite en son sein plusieurs courants politiques. La revue centenaire fut créée par des groulxistes, mais ceux-ci ne sont plus aux commandes. L'ancien phare de la pensée - ci-gît François-Albert Angers! - fut «infiltré». Le péquisme officiel tâcha d'y balayer la droite nationale en 1992-1993. C'est «l'affaire Jeune Nation».

Je vous invite à lire Au temps de Jeune Nation de Jean-Claude Dupuis paru en 2017. L'historien y peint «L'(In)action nationale» aux chapitres 6 et 7. Si les «chevaliers de la frousse (dixit Lionel Groulx)» défendent la langue française et le patrimoine québécois, ils taisent depuis des lustres l'élément canadien-français qui incarne au mieux ces réalités en Amérique. Pourquoi? Parce que leur surmoi incorpore la doxa multiculturaliste!

Charles Gaudreault en vient naturellement à interroger la ligne éditoriale de L'Action nationale: «N'est-ce pas paradoxal qu'une organisation patriotique [...] refuse de débattre [...] [du] déclin de l'ascendance française dans la population québécoise?» À vrai dire, il existe un sésame pour être publié régulièrement dans L'Action nationale. Le souverainiste enraciné doit joindre «l'écurie» de Mathieu Bock-Côté.

Que retenir?

Le président de la Ligue d'action nationale peut affirmer que la nation dépasse l'ethnie. Personne ne le conteste. Mais, la «référence canadienne-française (dixit Fernand Dumont)» est un socle. Elle porte notre intention nationale.

Dans Au temps de Jeune Nation, à la page 73, on lit cette phrase annonciatrice qui date de juin 1995: «En maintenant le statu quo, le Québec français disparaîtra d'ici cinquante ans [2045], qu'il soit souverain ou non.» Saluons donc monsieur Gaudreault qui a affronté la «meute de mous» pour nous.


Source: Fondation littéraire Fleur de Lys

Décès de l'historien Jacques Lacoursière et hommage de son collègue Éric Bédard

Jacques Lacoursière dans Épopée en Amérique

L'historien Éric Bédard rendit hommage le 2 juin dernier à son collègue Jacques Lacoursière (1932-2021). C'est un bon article. J'y ajouterais deux observations:

  1. Le passage suivant vaut aussi pour Robert Rumilly (1897-1983): «La mission qu'il s'était fixée n'était pas de résoudre des ''problèmes'' comme c'est la norme en sciences sociales, mais de faire du passé une grande fresque vivante et humaine où se croisait des destins hors norme.»
  2. Le succès de Jacques Lacoursière tient aussi au fait que nous étions encore une société homogène. C'est malheureux mais les anglophones, les autochtones et la majorité des immigrants ne s'identifient pas à notre récit. Comme ce n'est pas «politiquement correct» de le dire, je comprends que ce tabou soit passé sous silence dans La Presse multiculturaliste.

vendredi 28 mai 2021

Actualités UQAM : « Perspectives citoyennes » entre science et militance

La doctorante Ariane Godbout songe, entre autres, à élargir la citoyenneté aux animaux.


Je constituais déjà des dossiers de presse à l'âge de 16 ans. Aujourd'hui, il y a Internet. Je vous réfère donc à un article d'Actualités UQAM. Je tiens à vous le commenter. Pour parer à l'accusation d'être « pamphlétaire », je demeurerai factuelle. 

Ariane Godbout, doctorante en histoire de l'UQAM, fait des capsules vidéo sur les pratiques et les conceptions de la citoyenneté. Elle profite d'un codirecteur, Pascal Bastien, qui se trouve à la tête du Groupe de recherche en histoire des sociabilités (GRHS).

Neutralité axiologique?

Mon autrui significatif s'inquiète de la méfiance envers la parole des élus (remarque : le texte de Claude Gauvreau n'est pas en écriture dérangée) et des taux de participation en berne aux élections. Pourtant, celle qui travailla à l'Assemblée nationale ne souffle mot de la dépossession causée par la judiciarisation du politique. Ajoutons l'hyperclasse d'affaires cosmopolite qui se joue des frontières. Le lecteur soupçonne qu'elle approuve ces forces libérales-libertaires.

Elle a une conception étriquée de l'État-nation : « une reconnaissance juridique [...] qui [...] permet d'avoir un passeport et d'exercer son droit de vote à tous les quatre ans. » Où est la culture?

Madame devient transparente dans son signalement de vertu. Elle oeuvre à déconstruire l'État-nation pour « élargir (sic) » la citoyenneté. La société d'accueil n'aurait d'autre choix que de prendre le pli de l'immigrant. Elle désire aussi combattre le populisme alors qu'Éric (ben voyons!) Zemmour soutient que ce dernier « est le cri des peuples qui ne veulent pas mourir ».

J'ai beau naviguer sur la Toile, nulle part n'ai-je vu son codirecteur informer ses collègues qu'elle est une « pamphlétaire ». En accordant une subvention à ce projet, les Fonds de recherche du Québec financent néanmoins leur propre déconstruction.

Je vous le redis : cet article - avec celui sur la racialiste Bénédict Nguiagain - est intéressant. Moi, Petit Poucet, j'en prends bonne note.

« Perspectives citoyennes »
comptera 12 capsules avec autant d'intervenants.
Je m'interroge sur la diversité idéologique du panel retenu.

lundi 1 mars 2021

Le crépuscule d'un peuple selon Charles Gill

Charles Gill (1871-1918)
Photo : Wikimedia Commons

La parole de Charles Gill reste actuelle. L'homme flétrit voilà plus d'un siècle l'anomie qu'induit le libéralisme triomphant. Il l'écrivit dans une lettre à Louis-Joseph Doucet datée du 1er mai 1911. Retenons de cette correspondance que le fils de juge y « voit ce que l'on voit », à l'instar de Charles Péguy (1873-1914). Poète, conteur et peintre canadien-français, Gill sentit venir l'agonie des nôtres. Pour cela, il lui suffit d'observer la nouvelle faune montréalaise qui (re)peuplait le boulevard Saint-Laurent : 

Le soleil se couchait; dans une poussière d'or passait la foule cosmopolite. Ce soleil couchant, cette rue que j'avais vue il y a vingt ans toute française, [...] cette foule composée de races hostiles à notre étoile, la diversité des langages[*], notre race représentée là surtout par ses prostituées de douze ans et ses jeunes ivrognes, tout cela me frappa. Nous étions demeurés près de la vitrine; j'attirai [Albert] Ferland jusqu'au bord du large trottoir; d'un geste je lui montrai le soleil et de l'autre la foule : « Regardez, Ferland, lui dis-je, regardez mourir le Canada français!!

Source

Albert Laberge, Propos sur nos écrivains, Montréal, Édition privée, 1954, p. 21. Récupéré de https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2754528 (Page consultée le 28 février 2021).

Note

[*] Par « diversité des langages », Charles Gill évoque sans doute l'anglais, le yidiche et l'italien.

Voir aussi

Lapierre, Michel. 2008. « Littérature québécoise - Charles Gill, la voix d'un Québec occulté ». Le Devoir, 12 décembre. Récupéré de https://www.ledevoir.com/lire/222962/litterature-quebecoise-charles-gill-la-voix-d-un-quebec-occulte (Page consultée le 24 mars 2021).

Zolov, Jack et Marc Beaudet. 1962. Adultes avec réserve... [Boulevard Saint-Laurent]. 27 min. 49 s. Montréal: ONF. Récupéré de http://www.onf.ca/film/adultes_avec_reserve_boulevard_saint-laurent/ (Page consultée le 24 mars 2021).


On apprenait dernièrement que pour la firme en immigration MDC Canada
il y a encore trop de francophones au pays!
Photo : Capture d'écran Radio-Canada

Article paru sur Vigile.Québec le 22 mars 2021.

lundi 8 février 2021

Affaire Harold LeBel : vandalisme d'extrême gauche et complaisance médiatique

L'extrême gauche marque son territoire à Rimouski.
Photo : Radio-Canada / François Gagnon

Un « collectif féministe (sic) » a vandalisé l'édifice abritant les bureaux rimouskois du député péquiste Harold LeBel. Dans la nuit du 21 au 22 décembre 2020, le groupe Collages féministes BSL jeta de la peinture sur l'immeuble à bureaux du 320 rue Saint-Germain Est. Les médias locaux traitèrent l'infraction criminelle comme s'il s'agissait d'un dépôt de mémoire à une commission de l'Assemblée nationale!

Inversion accusatoire

Radio-Canada et le Journal Le Soir ont fait la part belle aux récriminations desdites féministes. Ils ont tantôt repris de larges extraits de leur communiqué (Journal Le Soir), tantôt évité soigneusement le « mot en V » (Radio-Canada). Vandalisme!? Pourtant, on ose à peine imaginer le traitement de l'information si un tel acte avait été commis par « l'extrême droite ». Le paysan polonais au fin fond de la campagne poméranienne aurait su que les fascistes sont en voie de prendre le pouvoir au Canada. Rien de moins!

Morale? Selon que vous serez gauchiste ou droitard, le parti médiatique vous rendra blanc ou noir.

Deux poids, deux mesures.

Sources

Guérin, Shanelle. 2020. « Un regroupement féministe réclame la démission d'Harold LeBel ». Radio-Canada, 22 décembre. Récupéré de https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1758965/agression-sexuelle-peinture-harold-lebel-accusation-demission-feministe (Page consultée le 8 février 2021).

Michaud, Pierre. 2020. « Un collectif de femmes revendique des actes de vandalisme ». Journal Le Soir, 22 décembre. Récupéré de https://journallesoir.ca/2020/12/22/un-collectif-de-femmes-revendique-des-actes-de-vandalisme/ (Page consultée le 8 février 2021).

Article paru sur Vigile.Québec le 8 février 2021.

dimanche 10 janvier 2021

Biopolitique du coronavirus : Pyongyang-en-Québec

Quand la Belle Province suit le modèle nord-coréen...

L'échangeur Turcot à Montréal sous le «biopouvoir(1
Photo: La Presse Canadienne / Graham Hughes

L'autoroute Pyongyang-Nampo en Corée du Nord
Photo: Wikimedia Commons

Note 

(1) Définition du «biopouvoir» dans l'Encyclopaedia Universalis: «Pouvoir sur les corps de la naissance à la mort (d'après une notion de Michel Foucault).»