mercredi 16 juin 2021

Minorisation des Canadiens français au Québec : L'Action nationale contre Charles Gaudreault

Saint Jean-Baptiste, patron des Canadiens français
Source: Bibliothèque et Archives nationales du Québec


Le chercheur indépendant Charles Gaudreault est un lanceur d'alerte. L'ingénieur de formation nous avise de la mise en minorité des Canadiens français du Québec - les nôtres - vers 2042 sous l'effet de l'immigration de masse. On a pu l'entendre à l'Acfas ou le lire, entre autres, dans Nations and Nationalism et L'Action nationale.

Le président de la Ligue d'action nationale, Christian Gagnon, a sévèrement critiqué ce travail d'ethnodémographie approuvé par les pairs. Pour lui, «[l']enjeu n'est [...] pas [...] la pérennité de l'ethnie canadienne-française». Sans être démographe, chacun peut juger inacceptable que L'Action nationale ait dénié le droit de réplique à Charles Gaudreault. Après tout, il reste un allié. Non?

Plus de lumière!

Il faut comprendre que L'Action nationale abrite en son sein plusieurs courants politiques. La revue centenaire fut créée par des groulxistes, mais ceux-ci ne sont plus aux commandes. L'ancien phare de la pensée - ci-gît François-Albert Angers! - fut «infiltré». Le péquisme officiel tâcha d'y balayer la droite nationale en 1992-1993. C'est «l'affaire Jeune Nation».

Je vous invite à lire Au temps de Jeune Nation de Jean-Claude Dupuis paru en 2017. L'historien y peint «L'(In)action nationale» aux chapitres 6 et 7. Si les «chevaliers de la frousse (dixit Lionel Groulx)» défendent la langue française et le patrimoine québécois, ils taisent depuis des lustres l'élément canadien-français qui incarne au mieux ces réalités en Amérique. Pourquoi? Parce que leur surmoi incorpore la doxa multiculturaliste!

Charles Gaudreault en vient naturellement à interroger la ligne éditoriale de L'Action nationale: «N'est-ce pas paradoxal qu'une organisation patriotique [...] refuse de débattre [...] [du] déclin de l'ascendance française dans la population québécoise?» À vrai dire, il existe un sésame pour être publié régulièrement dans L'Action nationale. Le souverainiste enraciné doit joindre «l'écurie» de Mathieu Bock-Côté.

Que retenir?

Le président de la Ligue d'action nationale peut affirmer que la nation dépasse l'ethnie. Personne ne le conteste. Mais, la «référence canadienne-française (dixit Fernand Dumont)» est un socle. Elle porte notre intention nationale.

Dans Au temps de Jeune Nation, à la page 73, on lit cette phrase annonciatrice qui date de juin 1995: «En maintenant le statu quo, le Québec français disparaîtra d'ici cinquante ans [2045], qu'il soit souverain ou non.» Saluons donc monsieur Gaudreault qui a affronté la «meute de mous» pour nous.


Source: Fondation littéraire Fleur de Lys

Décès de l'historien Jacques Lacoursière et hommage de son collègue Éric Bédard

Jacques Lacoursière dans Épopée en Amérique

L'historien Éric Bédard rendit hommage le 2 juin dernier à son collègue Jacques Lacoursière (1932-2021). C'est un bon article. J'y ajouterais deux observations:

  1. Le passage suivant vaut aussi pour Robert Rumilly (1897-1983): «La mission qu'il s'était fixée n'était pas de résoudre des ''problèmes'' comme c'est la norme en sciences sociales, mais de faire du passé une grande fresque vivante et humaine où se croisait des destins hors norme.»
  2. Le succès de Jacques Lacoursière tient aussi au fait que nous étions encore une société homogène. C'est malheureux mais les anglophones, les autochtones et la majorité des immigrants ne s'identifient pas à notre récit. Comme ce n'est pas «politiquement correct» de le dire, je comprends que ce tabou soit passé sous silence dans La Presse multiculturaliste.