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Saint-Donat-de-Rimouski en 2002 Photo: TVA Nouvelles |
Le professeur Bruno Jean n'est pas un perdreau de l'année. Il a contribué à la définition de même qu'à la mise en oeuvre de la Politique nationale de la ruralité. Il accepta de siéger cinq ans à la Commission de la représentation électorale du Québec le 5 octobre 2011. Il signa aussitôt - le 12 du mois - l'élimination pure et simple de trois circonscriptions essentiellement rurales et totalement francophones(1).
Bruno Jean se défendit face aux médias et soutint le regard de la postérité en arguant que la décision était déjà prise(2), mais il pouvait toujours refuser de l'exécuter en déclinant le poste honorifique offert. De l'autre côté de la rivière des Outaouais, la Commission de délimitation des circonscriptions électorales fédérales pour le Québec a suivi le chemin inverse.
La Commission fédérale a renoncé dans son rapport final du 15 février 2013 à son intention première de diminuer une fois encore la représentation de la Gaspésie et du Bas-Saint-Laurent. Elle s'étaient frottée à la résistance «véhémente(3)» du milieu. Jean choisit plutôt de «prendre le train en marche» et de «jouer le jeu», selon ses propres termes(4), de manière à bénéficier depuis maintenant deux quinquennats des fruits de sa collaboration.
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Bruno Jean est devenu commissaire à la Commission de la représentation électorale. Photo: Directeur général des élections du Québec |
L'adoption d'une nouvelle carte électorale au provincial a été l'enjeu d'une véritable saga politico-juridique entre 2000 et 2010 sous le mandat de l'ancien directeur général des élections, Marcel Blanchet(5). Si la nomination de Bruno Jean à minuit moins une évoque le lapin sorti du chapeau, le tour de force - accorder en une semaine ce qui n'a pu l'être en 10 ans - était prévisible.
D'un point de vue montréalais, pour faire avaler la pilule et obtenir gain de cause, il fallait opposer au monde rural l'un des siens, «le» spécialiste de la ruralité. Bruno Jean était titulaire de la Chaire de recherche du Canada en développement rural à l'Université du Québec à Rimouski.
Les Québécois Trudeau et Chrétien ont rendu pareils services à la majorité canadian, notamment lors du rapatriement unilatéral de la Constitution en 1982. L'histoire se répète dans les «fourgons de l'étranger»!
Une première version de cet article parue dans Le Soleil de Québec le dimanche 20 avril 2014 à la page 25.