samedi 1 juin 2013

Un rendez-vous manqué à Saint-Donat-de-Rimouski

Il y a dans les noms plus que de simples étendards onomastiques.
C'est la façon de s'afficher devant l'autre qui se joue,
à l'échelle des États comme à celle des groupes ou des individus.

FRANÇOIS-XAVIER FAUVELLE

Étienne Caron

La municipalité de Saint-Donat-de-Rimouski présente le 8 juin sa première édition de la Fête des Voisins. L'événement permet d'accroître le sentiment d'appartenance, de travailler ensemble à développer une communauté plus soudée et plus humaine, lit-on sur le site Internet de la Fête.

Il y a un lieu où les résidents de Saint-Donat se réunissent presque quotidiennement pour y célébrer les principaux rites (baptêmes, mariages, funérailles), la Fête nationale, accueillir les activités des aînés, voter aux élections ou tenir les séances du conseil municipal: le Centre communautaire L'Oasis. À ma demande, les édiles ont d'abord convenu de renommer à la Fête des Voisins l'édifice en «L'Oasis-Étienne-Caron».

Monsieur Étienne Caron (1915-2008) voua une bonne partie de son existence au service public. L'agriculteur de métier présida les destinées de Saint-Donat à un moment charnière de son histoire (1953-1981) ainsi que les fêtes entourant le 125e anniversaire de la municipalité en 1994. Il fut des luttes du Canada français, de tous les organismes à part le Cercle des fermières! Il ne fit évidemment pas l'unanimité. La politique est par définition un espace où s'exerce le pouvoir et s'aménage les conflits.

Caroline St-Laurent, «Le monde municipal bas-laurentien au milieu du XXe siècle.
Une histoire de vie: Étienne Caron (1915-2008)», L'Estuaire, no 70, juin 2010, p. 24-29. ISSN: 1484-6969.
Article disponible sur Sémaphore, le dépôt numérique de l'Université du Québec à Rimouski.



Les éteignoirs
Mais voilà, il suffit qu'un citoyen s'oppose pour que les membres du conseil jettent l'éponge sans plus amples consultations. Monsieur Réjean Lévesque, qui siégea au conseil municipal durant sa dernière année à la mairie et orchestra sa défaite en 1981, reste 32 ans plus tard son principal et irréductible adversaire. Tout au plus, accepterait-il une reconnaissance par les propriétaires actuels du Parc du Mont-Comi. Cette entreprise privée est libre de ses choix. Toujours est-il que la municipalité se doit de faire quelque chose, car c'est à l'identité donatienne que le plus mémorable de ses élus fut associé. Si les Bérubé, les Côté, les Hallé et les Lévesque se voient ça et là dans la toponymie, la famille Caron qui s'enracine dans ce coin de pays n'apparaît nulle part.

À la séance du 4 février, le retraité baby-boomer est intervenu, pas une, mais deux fois, pour s'assurer que le projet d'une jeune avorte. Étienne Caron aurait été contre l'achat de L'Oasis. À cela, je réponds qu'il n'était plus maire depuis 15 ans! Économe devant l'Éternel, il voudrait plus que tout aujourd'hui rentabiliser l'investissement. Toujours en verve, le citoyen brandit le spectre de morts se retournant dans leur tombe. Je m'intéresse aux vivants. Ainsi, les résidents de Saint-Donat peuvent connaître mes efforts et s'approprier leur histoire depuis 2010 en consultant le site Internet de la municipalité.

Le maire Étienne Caron est remercié par le ministre des Affaires municipales
et futur Premier ministre du Québec, Jacques Parizeau.
Photo: Gracieuseté de Martin Desjardins

L'effritement du monde commun

Voici le tableau: l'addition de un et un n'offusque pas monsieur Lévesque à condition de ne jamais donner deux! Les mêmes conseillers, qui passèrent outre les admonestations de ce dernier concernant la toile de la patinoire, s'en lavent aujourd'hui les mains. Vous connaissez maintenant l'absurde quadrature du cercle par laquelle un conseil irrésolu, indifférent à mon travail, bloque l'expression d'un hommage légitime.

Nous revenons à la case départ. Et pourquoi ne pas ajouter à L'Oasis le nom d'une petite vedette locale au nombril percé tant qu'à être frileux et superficiel? Un village festif, préoccupé par la seule consommation de l'instant présent, à l'image d'une société aseptisée, fuyant toute épaisseur culturelle, toute pesanteur historique, par crainte de heurter les susceptibilités, mais aussi par mauvaise conscience. À l'heure où la transmission du patrimoine québécois n'est pas assurée, les nouveaux arrivants ont toutes les raisons de croire que nous sommes une «page blanche», une banlieue-dortoir sans personnalité, où certains, à commencer par le maire (Le Jaseur, février 2010), révèlent envoyer leurs enfants directement à l'école anglaise!

Saint-Donat-de-Rimouski deviendra-t-il
 un «village Potemkine»?
Photo: Gregor Sailer


Face à cette régression collective, cette barbarie douce, il ne me reste qu'un atout. La population est plus instruite que jamais. J'ose croire qu'en m'adressant à son intelligence nous sauverons ce qui peut encore l'être. La conscience historique est une vertu citoyenne. Elle inspire souvent l'héroïsme, le courage, le sentiment du devoir.

Étienne Caron marqua son époque. Ah oui, j'oubliais, il était un conservateur, figure honnie de l'arriéré pour son détracteur infatigable. Est-ce un crime suffisant pour lui interdire droit de cité? Les Donatiens et les Donatiennes qui l'ont plébiscité pendant 28 ans devaient l'être aussi un peu. Vox populi, vox Dei! Un peuple qui rejette son passé n'a pas d'avenir. Finalement, je préfère citer un autre Lévesque, René de son prénom: «Si je vous ai bien compris, vous êtes en train de dire à la prochaine fois».

«Nous souhaitons que l'élan que vous avez donné à l'épanouissement de notre milieu et que vous avez si bien amorcé, se poursuive au-delà de notre génération.» - Hommage d'un citoyen lors de son 25e anniversaire à la mairie le 30 septembre 1978.

Article paru sur le site Internet du journal L'Avantage de Rimouski le 30 mai 2013.

Un oasis sans nom à Saint-Donat-de-Rimouski
Photo: Site Internet de la municipalité
Nota bene

Si j'avais voulu faire publier ce texte dans le journal municipal (Le Jaseur), tous les obstacles auraient été réunis pour me barrer la route: longueur, saison estivale, etc. Aussi c'est à mes frais que je me résolus à le diffuser par la poste à tous les foyers donatiens.

jeudi 16 mai 2013

Communication au 81e congrès de l'Acfas



Association francophone pour le savoir - Acfas

Domaine de recherche 405 - Milieux de vie, aménagement et appropriation de l'espace humain

Du jeudi 9 mai à 10 h 00 au vendredi 10 mai à 17 h 00.

Responsable: Mario Carrier, Université Laval


Session: Territoires périphériques ou oubliés: significations des lieux, adaptations et apprentissages

Vendredi 10 mai 2013

8 h 30 - 12 h 30

Communications orales

Présidence/animation: Caroline Sarah St-Laurent UQAM - Université du Québec à Montréal

Bâtiment - Local: Pavillon J.-A.-de Sève - 0136


Résumé de ma communication:

Présentation des données du recensement canadien de 2011 dans les médias rimouskois

Le recensement est une entreprise nécessaire et exigeante. Accompli à dates fixes, il doit respecter une méthodologie stricte et éprouvée. Il offre un portrait irremplaçable de la situation, une «photographie» du marché du travail, de la répartition d'une population selon l'âge, le sexe, la langue, etc. Les tendances observées sont précieuses. Elles soulèvent toutefois des enjeux politiques et économiques. Ainsi, par exemple, toutes les municipalités désirent être attractives.

La règle veut qu'en démocratie l'information circule librement. Or, peu de citoyens consultent les résultats du recensement à la source. La plupart d'entre eux comptent sur les journaux afin de se faire une opinion. Ces derniers donnent-ils l'heure juste? Arrivent-ils à se tenir loin des passions ou sont-ils soumis aux pressions de certains acteurs socio-économiques? Puisque les résultats du recensement canadien sont présentés par étape tout au long de l'année, nous nous proposons de faire la couverture de la presse écrite de la région rimouskoise en 2012.

Au plan de la recherche, nous souhaitons approfondir et critiquer l'analyse faite par Dominique Morin et Véronique Dumouchel lors du 80e congrès de l'Acfas en mai 2012, car le dernier recensement canadien semble contredire leur conclusion quant à une «nouvelle dynamique de croissance» au Bas-Saint-Laurent.

Publication sur le site Internet de la revue Argument



L'article qui suit est le texte d'une intervention prononcée devant la Commission de délimitation des circonscriptions électorales fédérales pour le Québec présidée par le juge Jules Allard lors des audiences publiques tenues à Matane le 12 septembre dernier.

Publication dans la revue L'Action nationale


En couverture
Frédéric Metthé
«A CAPPELLA»
Acrylique sur toile, 2010, 121,92x91,44 cm.

Caroline Sarah St-Laurent, «La nouvelle race des seigneurs», L'Action nationale, volume CII, numéro 11 (novembre 2012), p. 59-67. ISSN-0001-7469.

Site Internet du périodique: www.action-nationale.qc.ca

L'article est maintenant disponible aux archives de la revue, dans la Collection numérique de Bibliothèque et Archives nationales du Québec: bibnum2.banq.qc.ca/bna/actionnationale/

Pascal Bérubé? Duplessis, sors de ce corps!

Le «cheuf» de la pub

Ce texte d'opinion concerne le ministre-québécois-péquiste-du-Tourisme-et-responsable-de-la-région-du-Bas-Saint-Laurent-et-député-de-la-circonscription-rurale-de-Matane-depuis-2007-et-de-Matane-Matapédia(et-La-Mitis-fuck-le-DGE)-depuis-2012(1), le pas-pompeux-pantoute et succinctement nommé Pascal Bérubé.

Comme Duplessis («Électeurs, électrices, électricité!»), le député-ministre et, avant tout, «mononcle» Pascal Bérubé recycle aux Fêtes et aux élections ses vieux calembours. À Pâques: «Il semble que c'est le congé Pascal [sic] mais Pascal n'est pas en congé (Twitter, 29 mars 2013)».

Les médias sont pour lui un champ de bataille quotidien. L'enjeu étant d'intimider les voix discordantes(2). Un arbitre, Me Jean-Paul Boily, a reconnu(3) son rôle dans le congédiement de l'animateur libertarien Paul-André Beaulieu de Sainte-Anne-des-Monts (Le Riverain, 4 septembre 2012 et Le Pharillon, 18 novembre 2012).

Quand il ne s'approprie pas carrément le travail des autres, vivants ou morts (le défunt Claude Béchard, voir Le Saint-Laurent Portage, 27 mars 2013), l'homme aux 14 700 tweets (20-25 par jour) cultive les marques d'autosatisfaction en parlant de lui à la troisième personne: «Des félicitations pour le travail du ministre Bérubé! (son Twitter, 7 février)» et «Les derniers ministres du Bas-Saint-Laurent sous le PLQ étaient résidents de Maria et Sillery. Sous le PQ, il habite au Bas-Saint-Laurent (23 avril)».

«Orateur invité» (Progrès-Écho, 27 janvier 2013 et L'Avantage, 23 janvier) devient «orateur principal» (Twitter de Bérubé), «grâce entre autres» (La Voix de la Matanie, 7 février 2013) devient «possible avec» (Twitter de Bérubé), etc. Diantre! Sait-il lire correctement les nouvelles? Remarquez que toutes ces petites «libertés sémantiques» ont en commun de l'avantager.

Jouer avec les mots, on connaît ça au Québec! Dans ses discours, Duplessis ne «dépensait» pas, mais «consacrait à» l'argent des contribuables. Aujourd'hui, le généreux Pascal fait savoir qu'il «donne» 5000$ à Centraide (L'Information, Mont-Joli, 2 janvier 2013, p. 3)... avec l'argent des Québécois (selon Radio-Canada). Oups!

Fréquenter le milieu communautaire était pour Pascal Bérubé un pis-aller en attendant de se faire élire. Une fois à l'Assemblée nationale, l'ancien coordonnateur au projet de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale de la MRC Haute-Gaspésie pratique l'austérité. Je le cite: «Un gouvernement qui fait des économies est un gouvernement de l'économie. Nous atteindrons l'équilibre budgétaire avec rigueur (Twitter, 23 janvier)». Après les coupures à l'aide sociale, le parvenu claironne: «Le président du Conseil du Patronat, Yves-Thomas Dorval, félicite Pauline Marois pour les efforts investis dans l'équilibre budgétaire (22 avril)».

L'autocrate n'est ni à droite ni à gauche, il est au pouvoir. Nationaliste de circonstance et député péquiste - ou caquiste, s'il le faut - de carrière, ces procédés rappellent la vieille politique dont Duplessis est l'archétype. Le genre d'homme à remettre aux enfants des 10 cents sur le parvis de l'église question d'étaler sa générosité.

Critiquer Pascal Bérubé? Résister au «cheval fougueux» (Danielle Doyer) et «bombeur de torse» (L'Avantage, 30 décembre 2012)? Oui, mais intelligemment, sinon on ne fait qu'éveiller le Minotaure, exciter la «bête politique (Roger Boudreau)».

L'auteure de ces lignes ne craint pas que Pascal Bérubé s'améliore au point de la priver d'arguments dans les prochains mois. N'hésitez pas à suivre l'actualité pour plus de péripéties, de «bérubépéties» à vrai dire...

Plagiat!

Pascal Bérubé est allé jusqu'à s'approprier le macaron d'un ex-député aujourd'hui décédé.
Yves Bérubé représenta la circonscription de Matane à l'Assemblée nationale de 1976 à 1985.
Source: Twitter de Pascal Bérubé, 10 mars 2014.

Notes

(1) À chacune de ses interventions, Pascal Bérubé tient à ce qu'on précise l'ensemble de ses titres. Pour la MRC de La Mitis, voir Roger Boudreau, «Pascal Bérubé passe par-dessus la tête du directeur général des élections», Site Internet du journal L'Avantage, 7 juillet 2012.

(2) Louis-Antoine Lemire, «Paul-André Beaulieu. Congédié à tort, tranche l'arbitre», Le Journal de Québec, 3 septembre 2012. Récupéré de https://www.journaldequebec.com/2012/09/03/congedie-a-tort-tranche-larbitre (Page consultée le 17 octobre 2021). Louis Deschênes, «Pascal Bérubé aurait fait des pressions pour museler un animateur», CIEL FM 103, 23 janvier 2015.

(3) Res judicata pro veritate habetur (La chose jugée est tenue pour vérité).

Hagiographies du «cheuf»
  • Conrad Black, Maurice Duplessis, 2e édition revue et augmentée, Montréal, Éditions de l'Homme, [Première édition: 1977] 1999, 547 p.  
  • Robert Rumilly, Maurice Duplessis et son temps, 2 tomes, Coll. «Vies canadiennes», Montréal, Fides, 1973. ISBN: 0-7755-0460-2.

Épilogue

Pascal Bérubé bat la campagne afin d'empêcher la diffusion de... ses propres faits et gestes! Il n'accepte pas la parution de ce texte sur le site Internet du journal L'Avantage de Rimouski le 25 avril. Je vous le dis: dangereux pour la parole citoyenne le bonhomme!


                                                                                  *
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Marketing

Faute de contenu, l'homme politique fait du contenant. Admirez la finesse de quelques mises en scène:


Pascal parle industrie avec son ti-casque
(Source: YouTube, mars 2012).


Un cadrage parfait avec employée au centre
et poster de lui-même à gauche
(Source: YouTube, février 2012)




Objet de collection: sa signature à l'encre bleue sans fautes d'orthographe



Pascal le soliloque
(Sources: Zphoto.ca, Tourisme Québec, octobre 2012)


La «bête politique» vise Danielle Doyer
(Sources: La Presse Canadienne et 
Huffington Post, février 2012)

lundi 15 avril 2013

Souverainiste orpheline : lettre ouverte à monsieur Alain Dion

 Photo: Thérèse Martin, L'Avantage, 26 février 2014.

Je me nomme Caroline Sarah St-Laurent et désire m'adresser au président du Comité exécutif du Parti québécois pour la circonscription de Rimouski.


Je remarque que vous êtes un citoyen engagé, faisant connaître régulièrement vos opinions dans les médias d'ici ou d'ailleurs au Québec. Sachez que j'apprécie vos efforts en faveur des cégeps en région et votre discours en matière de langue. Je salue particulièrement votre ardeur à défendre des idées qui n'ont pas toujours la cote dans l'espace public.

Je ne suis membre d'aucun parti. Cependant, je constate que seule la bannière du Parti québécois l'emporte dans la région rimouskoise depuis près de 20 ans.

Un tel château fort devrait attirer des patriotes d'envergure, des «leaders». Ce n'est pas le cas(1).

Allons au fait. Existe-t-il un écrit d'Irvin Pelletier? Quant à Pascal Bérubé, cette «bête politique» (L'Avantage, 30 décembre 2012) fait carrément peur(2). Au fédéral, J.-F. Fortin n'a pas de programme et se borne à dénoncer Harper. Le NPD (Guy Caron) ou le PLC (Pierre Cadieux) en font autant, point besoin d'un Tartuffe souverainiste(3). Dois-je ajouter à la liste Suzanne Tremblay? Bloquiste en 2004, pro-Boisclair en novembre 2005, Québec solidaire en février 2006 et pro-Marois en 2012, elle est médaillée de la reine en 2013! Avec ces élus décadents, les derniers souverainistes (28-30% d'après les sondages) ne se parlent plus qu'entre eux et ne convainquent personne. C'est l'impasse.

De grâce, abrégeons le supplice! Voici le fond de ma pensée: ne pourriez-vous pas succéder à Irvin Pelletier? Cet inactif a annoncé plusieurs fois qu'il songeait à quitter la «politique active».

Je ne doute pas que la population rimouskoise et l'ensemble du Québec puissent compter en vous un fidèle serviteur et solide défenseur de ses droits.

Votre ancienne élève,

Caroline Sarah St-Laurent

Notes

(1) Caroline Sarah St-Laurent, «À l'Est, rien de nouveau», L'Avantage, 28 janvier 2013.
(2) Pour un cas d'intimidation du ministre Bérubé, voir Louis-Antoine Lemire, «Paul-André Beaulieu. Congédié à tort, tranche l'arbitre», Le Journal de Québec, 3 septembre 2012. Récupéré de https://www.journaldequebec.com/2012/09/03/congedie-a-tort-tranche-larbitre (Page consultée le 17 octobre 2021). Louis Deschênes, «Pascal Bérubé aurait fait des pressions pour museler un animateur», CIEL FM 103, 23 janvier 2015 et Dominique Fortier, «P.A. Beaulieu gagne sa cause contre CJMC», Le Riverain, 4 septembre 2012.
(3) Jean-François Fortin disait: «[Avec le gouvernement Harper] les pilotes du Saint-Laurent ont intérêt à savoir parler anglais (L'Avantage, 20 mars 2013)». Au même moment, il se cherche un ou une secrétaire-réceptionniste et exige que celui-ci ou celle-ci parle anglais (atout important). Or, son électorat est à 99% francophone et le français est la langue commune au Québec. Conclusion: faites ce que je dis et pas ce que je fais!

Lettre ouverte parue sur le site Internet de l'hebdomadaire L'Avantage de Rimouski le vendredi 12 avril 2013.

jeudi 7 mars 2013

Suzanne Tremblay, une souverainiste monarchiste?

Rule, Britannia

La pendaison de cinq Patriotes devant la prison de Montréal, au Pied-du-Courant.
Dessin d'Henri Julien (XIXe siècle)


Le 15 février 1839, Chevalier de Lorimier s'écria avant de mourir sur l'échafaud: «Vive la liberté, vive l'indépendance!» Je m'adresse en son nom à madame Suzanne Tremblay(1). J'apprécierais que vous éclaircissiez dans mon esprit un fait troublant. Vous avez accepté la Médaille du jubilé de diamant de la reine Elizabeth II en janvier dernier. Comment conciliez-vous cela avec vos 11 années à siéger sous les couleurs du Bloc québécois (1993-2004)? En quoi être une «bonne Canadienne» et «loyale sujette de Sa Majesté», telle une Elvis Gratton du star-system monarchique, s'accordent-ils avec vos convictions souverainistes? Au fait, êtes-vous encore souverainiste?

Une offensive fédéraliste et conservatrice

Stephen Harper se sert de l'appareil gouvernemental pour réaliser ses fins. Aux symboles canadiens «trop rouges» que représentent la Charte des droits et libertés, les soins de santé universels et les missions de paix à l'étranger succèdent l'austérité, la reine et une armée «bleues».

Tout accepter revient à tout subir. Cette médaille, produite en 60 000 exemplaires et distribuée au coût de 7,5 millions de dollars, fait partie de l'offensive monarchiste des conservateurs au même titre que les festivités (28M$) entourant le bicentenaire de la guerre de 1812. Ils élèvent l'âge de la retraite et coupent actuellement l'assurance-emploi de travailleurs qui n'ont pas votre fonds de pension! Ex-syndicaliste, vous démontrez à l'égard de ces derniers un manque flagrant de solidarité. Présidente de la Coalition Urgence Rurale et de la Coalition régionale contre la réforme de l'assurance-emploi, vous faites preuve d'une remarquable incohérence.

L'incohérence d'une «vire-capot» à l'oeuvre:

Suzanne Tremblay, dans le coin supérieur droit,
s'oppose à la réforme de l'assurance-emploi de Harper
(Photo: Pierre Michaud, Progrès-Écho, 3 mars 2013, p. 3.)


Suzanne Tremblay encourage les festivités monarchistes de Harper (Photo: Jill Thompson, Calgary, 9 octobre 2012, site du premier ministre du Canada)













Ces célébrations exubérantes, jubilatoires, furent dénoncées par le Bloc québécois et certains élus néo-démocrates pour ce qu'elles sont: propagande et «symbole de colonisation» (Maria Mourani, Le Devoir, 8 février 2012). Ce «gaspillage» (Éditorial d'Élisabeth Fleury, Le Soleil, 27 décembre 2012) «ne correspond tout simplement pas aux valeurs du Québec (Louis Plamondon, TVA Nouvelles, 7 février 2012).» Soucieux d'entretenir un cercle d'amis influents, le député du NPD Guy Caron exécute pourtant la volonté de Stephen Harper et dévoie ses compatriotes.

L'esprit est prompt, mais la chair est faible. 30 personnalités de chez nous «jouissent» d'une distinction rétrograde. La présidente du conseil d'administration du Mouton NOIR, Colombe St-Pierre, figure sur la liste(2). Ces hommes et ces femmes savent-ils seulement assumer leurs engagements fédéraliste et monarchiste qui font d'eux des Lise Thibault en herbe (voir «Affaire des dépenses excessives»)? Enfin, ne nous abusons pas. Dans toute cette mascarade, la plus désinvolte demeure vous, Suzanne Tremblay.

Je reçus la nouvelle comme une gifle. C'est une erreur de jugement. Imaginez Jean Chrétien ou Stéphane Dion accepter une décoration de la Société Saint-Jean-Baptiste! Vous êtes la première souverainiste monarchiste que je connaisse. Jusqu'où va votre consentement?

Vous semblez croire qu'il soit possible d'être souverainiste à Québec et fédéraliste à Ottawa ou vice versa. Une chatte y perd ses chatons à vous voir «manger à tous les râteliers». Vous devez une explication à ceux qui vous firent confiance et qui, aujourd'hui, ne comprennent rien à votre attitude.

Honorer la reine n'est pas un jeu. L'acte porte à conséquence. Que les journalistes aient transmis l'information sans sourciller et que cela passe «sous le radar» de l'opinion publique en dit long sur la dépolitisation de notre société.

Petit rappel à la gauche multiculturaliste et à la droite libertarienne, jumeaux idéologiques du libéralisme radical: si être citoyen du monde est devenu cliché, l'enracinement du politique nécessite que l'on ne puisse changer d'identité comme de chemise. N'en déplaise à Colombe St-Pierre et à l'équipe du Royal Sheep, les nations existent encore.

Une carrière politique jalonnée d'inepties (3)

Il y a un an à peine, lors de la dernière crise au Parti québécois, vous étiez «outrée» par les déclarations de Bernard Drainville: «C'est lui qui est en train de s'effondrer, pas le parti» (http://www.radio-canada.ca/regions/est-quebec/2012/01/22/001-duceppe-tremblay-suzanne.shtml). Or, à l'évidence madame, vous faites une piètre donneuse de leçons!

Des sources, aussi bien sérieuses que satiriques, vous présentent carrément comme une «loose cannon», la «Don Cherry francophone» (Serge Chapleau, 1998, http://www.mccord-museum.qc.ca/scripts/viewobject.php?section=162&Lang=2&tourID=vq_p4_6_fr&seqNumber=26).


Caricature de Serge Chapleau, 1998, Musée McCord

André Néron, directeur de cabinet du chef bloquiste Michel Gauthier, devait vous «tenir par la main». Âgé de 35 ans et vous 60, il écrit dans Le temps des hypocrites publié chez VLB éditeur en 1998:

Chaque fois que les journalistes attaquent une de vos déclarations, ils le font parce que c'est sorti ''tout croche''. Vous auriez donc intérêt à en dire le moins possible [...] [Quelques responsables du parti] avaient dressé une liste des députés «à problèmes» ou qui, à leurs yeux, ne possédaient aucune qualité politique ou parlementaire. Les premiers ciblés étaient des gens comme Suzanne Tremblay [...] (p. 141, 142 et 144)

Dans son éditorial du 28 mai 1997 (vigile.net/archives/pol/election/lbbloc.html), la directrice du Devoir, Lise Bissonnette, appuie le Bloc québécois «pour le principe», mais souhaite précisément votre défaite. Je la cite textuellement: «selon ce qu'exige l'intelligence»! Or, comme le Bloc a besoin d'être premier chez les francophones et que Rimouski est francophone à 99%, vous êtes parvenue à vous faufiler trois fois plutôt qu'une. Misère!

Les médias vous accordent trop d'importance. Souverainiste avec Pauline Marois, monarchiste avec Stephen Harper, pro-Boisclair en novembre 2005 et Québec solidaire en février 2006 (4), ne craignez-vous donc pas le ridicule?

«Les libertés du peuple soldent ces honneurs(5

Bref, madame Tremblay, participer à notre aliénation en «tétant les honneurs» est vanité. La médaille vaut 60 dollars. Serait-ce votre prix? Et l'Histoire (pendaison des Patriotes, coup de force de 1982, déportation des Acadiens), vous y avez pensé? Retraitée, vous exercez votre liberté à perpétuer nos chaînes.


Un documentaire pertinent
Le temps des bouffons de Pierre Falardeau (1993)

Nota bene:

Il est possible de signer une pétition demandant l'abolition du poste de lieutenant-gouverneur sur le site Internet de l'Assemblée nationale jusqu'au 15 mai 2013. https://www.assnat.qc.ca/fr/exprimez-votre-opinion/petition/Petition-3575/index.html

Ouvrage signalé:

André Néron, Le temps des hypocrites, Montréal, VLB éditeur, Coll. «Partis pris actuels», 1998, 216 p.
ISBN: 2-89005-687-2.

Notes et références:

(1) Suzanne Tremblay affirmait dans Le Rimouskois du 20 octobre 2010 à la page 3: «Il faut jouer du coude si on [les femmes] veut arriver à percer, à être vue et à être reconnue parce que si on a toutes la voix douce et qu'on ne parle pas trop, on ne va pas se réaliser.» Alors, je me lance!
(2) Le journal Voir du 22 mai 2008 rapporte qu'en cuisine la chef St-Pierre «milite contre le gaspillage». Quelle ironie!
(3) «Invitée à l'émission Le Point, de Radio-Canada, l'ancienne députée Suzanne Tremblay, partisane déclarée d'André Boisclair, a dit, entre autres inepties, que la position de Pauline Marois dans la course à la direction  du PQ pouvait être influencée notamment par le fait que la candidate a «trop maigri»... Les «gens» penseraient qu'elle est malade (sous-entendu, elle ne peut pas diriger un parti). [...] Mme Tremblay affirme qu'elle ne fait que rapporter ce qui se dit ''sur le terrain''. Si c'est le cas, le ''terrain'' péquiste est bien stérile et peu prometteur pour l'avenir du parti et du Québec.» Micheline Carrier, «Le facteur ''sexe'' dans la course à la direction du Parti québécois», Sisyphe, 14 novembre 2005 [En ligne]http://sisyphe.org/article.php3?id_article=2056 (Page consultée le 29 juillet 2015).
(4) «Québec solidaire. Remous parmi les souverainistes du Bas-Saint-Laurent», Radio-Canada, 19 avril 2006, http://www.radio-canada.ca/regions/est-quebec/2006/04/18/004-bsl-quebec-solidaire.asp (Page consultée le 7 avril 2013).
(5) «Bourassa reproche aux chefs naturels des Canadiens français d'abandonner leur fierté, les revendications légitimes de leur peuple, pour une invitation, une décoration, un titre de sir. [...] Les libertés du peuple soldent ces honneurs.» Robert Rumilly, Henri Bourassa. La vie publique d'un grand canadien, Montréal, Chantecler, 1953, p. 111.

L'essentiel de cet article paru dans Le Mouton NOIR, Rimouski, vol. XVIII, no. 5 (mai-juin 2013), p. 9.

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Suggestion de lecture sur ce thème

La petite loterie. Comment la Couronne a obtenu la collaboration du Canada français après 1837,
Montréal, Boréal, 1997, 283 pages. ISBN: 2890528227. Basé sur la thèse de doctorat de l'auteur.

«Stéphane Kelly, dans une brillante application des méthodes de la sociologie historique, décrit ici les imaginaires à l'origine de la fondation du Canada, au milieu du XIXe siècle.

Stéphane Kelly est sociologue. Il a été chargé de cours à l'Université de Montréal et membre du comité de rédaction de la revue Possibles pendant de nombreuses années. (Note de l'éditeur

Voir la recension du politologue Marc Chevrier dans la Revue canadienne de science politique (vol. 30, no 4, décembre 1997, p. 745-747) ou dans l'Encyclopédie de L'Agora.

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La force d'un symbole


À l'instar du premier ministre Wilfrid Laurier (1841-1919) fait chevalier (sir), plusieurs des Canadiens les plus riches et les plus influents ont reçu des décorations de Londres lors du jubilé de diamant de la reine Victoria en 1897. Avec leurs nouveaux titres, ils se firent insuffler la conviction de la justesse du mouvement visant à la fédération impériale. Le secrétaire d'État aux Colonies, Joseph Chamberlain (1836-1914), put ainsi compter sur Laurier lorsque la guerre contre les Boers éclata en 1899.