L'ambition individuelle est une passion enfantine.
CHARLES DE GAULLE
CHARLES DE GAULLE
La journaliste Sonia Lévesque nous apprend la démission de la conseillère mont-jolienne Kédina Fleury-Samson dans L'Information du 27 juin 2012. Bien que je ne connaisse pas le personnage Fleury-Samson, je ressentis à la lecture de l'article un malaise. Je vous invite à le lire. D'autres textes, parus sous la plume de Roger Boudreau (L'Avantage, 19 juin) et Daniel Ménard (maregion.ca, 20 juin), confirmèrent mes appréhensions.
Madame Fleury-Samson n'a pas jugé bon d'aviser ses commettants avant son départ. Selon Roger Boudreau, sa démission fit l'effet d'une «bombe» en pleine séance du conseil, le 18 juin. Nous ne voyons nulle part les égards dus à une population qui lui a fait confiance depuis 2005(2). Le seul moment où elle fait référence à la mobilisation de ses concitoyens - fluoration de l'eau et Château Landry - c'est en des termes négatifs: «Comme si la ville ne reposait que sur ces deux dossiers». En matière d'égocentrisme, versons ces deux pièces d'anthologie au dossier: «Je suis toujours animée par la volonté de construire la société dans laquelle je vis, et je souhaite le faire dans un environnement qui favorisera mon dynamisme, mon originalité et ma détermination [...] Je ne me réalise pas actuellement dans l'environnement dans lequel je suis, et attendre pour éviter une élection et des coûts à la Ville de Mont-Joli, je ne trouve pas ça juste». Me, myself and I, que dire de plus! Je puis ajouter qu'elle se sent engagée. Elle a raison, mais pas là où elle pense. En effet, lorsqu'elle parle de sa personne, le vocabulaire est riche et abondant (49 mots dont 20 «je»). Son ancienne fonction mérite environ 28 mots et la communauté de laquelle elle reçut un mandat, trois. J'ai bien dit 3 ... Oups!
Ces quelques remarques ne seraient pas bien vilaines s'il n'y avait pas d'autres choses. Or, on apprend que Kédina Fleury-Samson songe à faire don de son auguste personne à la province. Comme madame est indépendante de nature, c'est aux partis politiques de la suivre et non l'inverse: «J'aimerais bien que les partis marginaux comme Québec Solidaire ou Option Nationale [elle mentionne ailleurs le Parti vert] appuient ma candidature, si tel était le cas». En outre, elle s'engage «à solliciter et trouver une candidature, féminine, intègre» à son image pour la remplacer à la table du conseil. Je croyais naïvement que c'était au peuple de désigner les élus. En de telles circonstances, on imagine aisément que son successeur lui en devra toute une... Les contractants véreux avec leurs enveloppes brunes peuvent en prendre de la graine!
Quand bien même nous informerait-elle de l'avancement de ses études de maîtrise, la philosophie de madame Fleury-Samson semble tenir à cette phrase toute simple: «Qui m'aime me suive!» En se retirant temporairement de la vie publique, cette jeune politicienne ambitieuse aurait intérêt à méditer, à troquer son JE démesuré, dangereusement expansif, pour un NOUS. Qu'elle soit une intrépide Québécoise, Mont-Jolienne ou Haïtienne si cela fait son bonheur et le nôtre, mais son nombril, ses épanchements, ne nous regardent pas.
Article paru dans l'hebdomadaire L'Information de Mont-Joli le 11 juillet 2012 à la page 6.
Notes:
(1) Pierre Cayouette et Marco Fortier, «Par ici la relève!», L'actualité, 21 novembre 2011 [En ligne] www.lactualite.com/actualites/politique/par-ici-la-releve/ (Page consultée le 20 juillet 2015).
(2) Vérification faite, elle remporta le quartier Saint-Jean-Baptiste à sa troisième tentative lors de l'élection partielle du 12 février 2006. Elle recueillit alors 79 voix sur 219 (36% des suffrages). Un projet d'accès à l'égalité du Centre Femmes de La Mitis contribua à sa victoire (http://www.la-vie-rurale.ca/contenu/3276).
Lecture conseillée:
Kédina Fleury-Samson nie faire de la magie vaudou (31 août 2015)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire