jeudi 7 août 2025

Nation ethnoculturelle et nation civique

 



On me demande de définir la «nation civique».

La nation a deux versants : l'un ethnoculturel, l'autre politique.

La nation désigne à la base : «Groupe d'hommes auxquels on suppose une origine commune (Le Robert).» Autrement dit, l'idée de nation s'alimente du sentiment beaucoup plus ancien de la patrie. C'est une famille élargie.

Le mot « nation » prend une signification nouvelle depuis le XVIIIe siècle. Il s'éloigne d'une donnée objective. Les liens de filiation du monde ancien demeurent naturels et organiques. On parle toujours de la race, de la langue, de la religion ou de la géographie. La nation épouse désormais les contours subjectifs d'une pensée révolutionnaire toute contractuelle et idéologique. L'Occident connaît un renversement des valeurs quand l'avenir détermine plus la nation que ses origines.

La nation au sens moderne prend d'abord une configuration juridique et politique. Emmanuel Joseph Sieyès la définit comme un «corps d'associés vivant sous la loi commune et représentés par la même législature». La souveraineté de l'État réside dès lors dans cette entité. Elle apparaît dans une forme limitée sur les bords du Saint-Laurent avec l'instauration du régime parlementaire en 1791. Le Canada-Uni n'obtient la responsabilité ministérielle qu'en 1848. Des instruments propres à une sphère publique discursive s'y développent: journaux, collèges classiques, classe politique ou intellectuelle, etc. En un mot, ce peuple tenait son statut de la Constitution.

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