Pour avoir un pays, un territoire, il faut d'abord l'occuper.
Statistique Canada rend public la première partie du recensement canadien de 2011 à l'hiver 2012. Sonia Lévesque conteste la fiabilité des données à la une de l'hebdomadaire mitissien L'Information le 15 février. La journaliste désire comprendre certains chiffres jugés «surprenants pour ne pas dire questionnables». Elle s'adresse aux autorités concernées. Des erreurs peuvent se glisser çà et là dans le travail de Statistique Canada. Soulignons que cet organisme fédéral doit renoncer avec Stephen Harper au caractère obligatoire du formulaire long. Le gouvernement conservateur est prompt à défendre la vie privée des Canadiens si cela lui permet de couper dans la fonction publique. Et que penser de l'opposition offerte par les néo-démocrates! Après avoir raté leur indépendance et plébiscité Jack Layton sur un coup de cœur, les Québécois récoltent un recensement national tronqué. Ils héritent de l'embarras propre à celui qui se fait prendre soudainement les culottes à terre. Face à ce constat peu reluisant, l'envie est forte d'élargir à la démographie la réflexion sur notre indéniable déchéance.
Une tendance lourde
La courbe démographique ne peut se redresser à court ou moyen terme. La population qui vit sur le territoire actuel de la municipalité régionale de comté (MRC) de La Mitis décline depuis le recensement de 1956. La zone qui correspond à notre MRC perd 7467 personnes en 55 ans, soit 28,3% de ses effectifs. Le nombre de Québécois et de Canadiens augmente respectivement de 70,8% et 108,2% durant la même période. Un effritement constant de notre poids politique en résulte. L'acceptation de la nouvelle carte électorale québécoise par Bruno Jean, professeur en Développement régional à l'Université du Québec à Rimouski (UQAR) et membre de la Commission de la représentation électorale, couronne l'évolution funeste. Les localités situées sur le littoral parviennent tant bien que mal à se maintenir. Elles concentrent les activités industrielles et commerciales. Or, le haut-pays de La Mitis supporte à lui seul toutes les pertes de la MRC. Si on tient compte de l'accroissement naturel - constitué des naissances moins les décès - des années 1956 à 1980 environ, Saint-Charles-Garnier, Les Hauteurs, Sainte-Jeanne-d'Arc et La Rédemption voient disparaître entre les deux tiers et les trois quarts de leurs habitants. Le Bureau d'aménagement de l'Est du Québec (BAEQ) a planifié de fermer ces municipalités il y a 40 ans. Elles n'apparaissent plus que l'ombre d'elles-mêmes aujourd'hui. C'est encore plus inquiétant si l'on y ajoute le vieillissement de la population qui reste. Le déclin touche les écoles primaires au premier chef. L'enseignement de l'anglais intensif se révèle pour ce qu'il est: une fausse panacée. Aucune manœuvre dilatoire n'arrive à sauver, par exemple, l'école Euclide-Fournier de Saint-Charles-Garnier.
Le repeuplement de l'Occident
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La disparition de l'homme blanc serait une «victoire» du progressisme. |
Le problème soulevé demeure la manifestation locale du défi qui affecte l'ensemble des sociétés modernes avancées: la dénatalité et la dévitalisation des régions éloignées. En revanche, les Afro-descendants n'en sont pas là du tout. Leurs diverses nations connaissent un accroissement fulgurant (500%) depuis 1956. La démographie des villes subsahariennes explose. Une partie des leurs se déverse vers le Nord. Ainsi, le président américain, Barack Hussein Obama, est le fils d'un Kenyan. Le désir d'améliorer son sort est largement partagé. À l'exemple des Russes, des Ukrainiens, des Allemands et des Scandinaves qui conquièrent les plaines de l'Ouest entre 1860 et 1914 aux dépens des peuples premiers, il faut juste laisser le temps à la déferlante venue du Sud d'arriver à Sainte-Jeanne-d'Arc! Elle colonisera le colosse aux pieds d'argile qu'est depuis ses débuts l'Amérique française. La mauvaise conscience de l'homme blanc et les changements climatiques faciliteront le succès de l'entreprise. Sous nos latitudes, la majorité des femmes atteignent désormais l'âge de la ménopause. D'autres assureront la suite du monde. Un malheur n'arrive jamais seul. Je prévois que de nouvelles données de Statistique Canada confirmeront le recul du français comme langue maternelle au Québec cet automne.
Article paru dans L'Information, Mont-Joli, 7 mars 2012, p. 6.
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Disparaître: le sort inévitable de la nation française d'Amérique? L'Office national du film produit ce documentaire-choc, animé par Lise Payette, diffusé en 1989. |
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L'évolution démographique dans l'est du Québec : mythes et réalités (8 novembre 2012)
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«La Grande Faucheuse» poursuit son oeuvre. L'hebdomadaire L'Information de Mont-Joli, fondé en 1971, a paru pour la dernière fois le 23 décembre 2015.
R ichard Lavoie, «Le journal L'Information de Mont-Joli disparaît», ICI Radio-Canada.ca, 8 décembre 2015, [En ligne]http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/754127/information-mont-joli-transcontinentl-hebdomadaire-fermeture (Page consultée le 15 avril 2017).
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