mardi 22 janvier 2013

Dans l'Est-du-Québec, rien de nouveau

 
Athènes est morte parce qu'Athènes voulait mourir. 
Les classes qui meurent, meurent de leur propre abandon,
 et les nations qui meurent, meurent d'abord de leur cancer intérieur.

ANDRÉ MALRAUX, 1948

Le pire ennemi de l'indépendance du Québec 
ne réside plus dans les gouvernements libéraux fantoches,
 mais dans la prolongation indue de l'existence 
d'une troupe d'amateurs dévoués aux farces et attrapes nationalistes.

CHRISTIAN SAINT-GERMAIN, 2016

Ce texte d'opinion est une réponse à l'article «Pascal Bérubé bombe le torse de satisfaction» paru sur le site Internet du journal L'Avantage le 30 décembre 2012. Sa longueur s'explique par la nécessité d'étayer la preuve d'une documentation solide et par le fait que les politiciens visés jouissent de ressources énormes pour se faire valoir toute l'année. Ils bénéficient notamment d'un hagiographe: «La confiance règne: le politique et le journaliste échangeront sur d'autres sujets, certains confidentiels, très confidentiels, mais ceux-ci le resteront», affirme Roger Boudreau, journaliste à L'Avantage de Rimouski.

Les «bombeurs de torse» et «ti-namis»

Les souverainistes sont au pouvoir dans Rimouski-Mitis depuis 20 ans, soit au lendemain de l'échec de Meech. Le pays n'advenant pas, nos élus aménagent la gouvernance provinciale. Ils intériorisent la défaite. La lutte pour l'indépendance ainsi détournée, ils goûtent au confort du statu quo et s'encroûtent(1). Loin des yeux, loin du coeur. Avec le dépérissement de l'État et la dépolitisation, rien ne freine la «guerre de chacun contre chacun (Hobbes)». Pascal Bérubé fait croire qu'il «donne 5000$ à Centraide (L'Information, Mont-Joli, 2 janvier 2013, p. 3)» alors qu'il s'agit de fonds publics (Radio-Canada, 27 décembre 2012). Danielle Doyer se promena à l'étranger sur le bras (on the arm) des contribuables. Dénoncer les absences de Jean-Yves Roy était «très délicat» (TVA Nouvelles, 1 septembre 2010) pour Jean-François Fortin qui voulait éviter de compromettre son arrivée dans «l'appareil du parti», d'où ses silences complices. L'avenir appartient désormais aux «petits amis» qui bougent le moins et entretiennent le mieux des rapports incestueux avec les médias.

Jean-Yves Roy (2000-2010) est un beau cas de «député fantôme» (2).
L'ex-maire de Mont-Joli, Jean Bélanger, a fait une sortie en règle contre lui lors de son départ.
Photo: Archives, Radio-Canada.ca

Le projet souverainiste devient entre leurs mains un hochet que l'on agite aux quatre ans pour récolter le suffrage des électeurs captifs. Jean-François Fortin associe même l'intérêt national à de la partisanerie (L'Information, 19 novembre 2012). Je cite notre Tartuffe: «La souveraineté [du peuple québécois] n'est pas pour moi un but ultime à atteindre».

L'ex-enseignant en sciences politiques ne comprend pas que la disparition éventuelle de sa circonscription fédérale illustre le déclin politique du Québec. Souverainiste d'opérette et à gauche par mimétisme du consensus mou québécois, il préfère marcher main dans la main avec le NPD. Il fallait le voir indolent à Matane taire la question nationale devant les commissaires chargés de la refonte de la carte électorale (12 septembre 2012). Il manque passablement de crédibilité en dénonçant le «joug fédéral» de la «vraie plaie» qu'est Harper (19 novembre 2012), car ce rentier du statu quo fait impasse sur le multiculturalisme canadian et touche un salaire annuel des Communes équivalent à celui des ministres de l'État québécois.

Irvin Pelletier soutient son gouvernement par la négative: «[Notre] budget ne remet pas en question les quatre projets majeurs du comté (L'Avantage, 21 novembre 2012)». Il nous informe que son Parti québécois n'est pas une nuisance. C'est heureux! Mais encore?

Le Québec restera au sein du Canada coûte que coûte avec les libéraux et les caquistes au pouvoir. Plutôt que d'insister sur cette réalité, Irvin «Lagaffe» se mélange les pinceaux. En entrevue sur les initiatives populaires, «[il] dit non à un référendum des fédéralistes(3)». Qui parle d'un référendum fédéraliste? C'est quoi ce bordel!?

Le Parti québécois est la première formation chez les francophones. Comme 99% des électeurs de Rimouski-Mitis sont francophones, il n'y a aucun mystère dans les cinq victoires de Danielle Doyer. C'est mathématique et la «passionaria de Matapédia» n'y est pour rien. Un Jean-Yves Roy (Bloc) faisait l'affaire! Elle aurait défendu notre région que l'on ne s'attendrait pas à moins de n'importe quel député. Députée d'arrière-ban, elle siégea 18 ans sans être à l'origine d'une quelconque législation importante. À preuve, elle est une illustre inconnue en dehors des limites de la région.

Bien que l'inertie du système libéralo-péquiste assure son élection, Pascal Bérubé souffrait d'avoir des opposants. Personne ne lui résiste. Le «cheval fougueux» poussa sa collègue Danielle Doyer vers la sortie. Elle déclare: «J'ai besoin de respect et je n'en retrouve pas, là(4)». Il ouvrit les hostilités dès qu'il sut l'identité des candidats: «Mon adversaire du PLQ à [sic] été battu à l'élection de son propre village. Il sollicite maintenant l'appui des 44 autres municipalités! (Twitter, 26 juillet 2012) (5)». Égal à lui-même, ce politicien retors déterre en août 2012 le passé souverainiste (1995) du libéral et libéral du candidat caquiste. Celui qui «jeta la première pierre» se laissa courtiser par François Legault pas plus tard qu'en octobre 2011 (Journal de Québec, 11 octobre 2011)! Il «publicise» au moins quatre fois l'ouverture de son bureau à Mont-Joli: on promet un bureau (un article), on est élu et peut donner un bureau (un article), le bureau va bientôt ouvrir (un article) et le bureau est ouvert (un autre article!). Quatre articles pour une seule chose qui existait sous Danielle Doyer... Bachelier en éducation, notre «bombeur de torse» n'enseigna jamais et passa sa vie active à soigner ses relations et à abuser des éléments de langage à titre de coordonnateur (Site internet de l'Assemblée nationale).

Afin de garder son siège lors de la fusion des circonscriptions de Matane et de Matapédia,
la «bête politique» a visé sa collègue, Danielle Doyer, «à la jugulaire» (6).
Photo: La Presse canadienne, février 2012.
Assis à côté du NPD

Dans le deuxième tome De la démocratie en Amérique (1840), Alexis de Tocqueville (1805-1859) prédisait «le repli sur la sphère privée et l'abandon des affaires publiques». Rien n'est fait aujourd'hui afin de mobiliser les Québécois autour d'un projet collectif.

Sur les ondes de la défunte CFYX FM 93,3, Jean-François Fortin affirma (2011) ne pas agir en intellectuel avec ses électeurs. Comme si aimer les belles-lettres, l'histoire et tout ce qui meuble la vie de l'esprit étaient une tare. Il nivelle par le bas en croyant nous y trouver!

Il fait plutôt la démonstration que les idées ne se bousculent pas. Le Bloc n'a pas de programme et monsieur Fortin m'a assuré (Sainte-Flavie, 20 mars 2012) que cela devra attendre à 2015. D'ici là, il compte gagner l'opinion en attaquant le programme des autres (L'Information, 3 janvier 2013) et en offrant notamment à ceux qui cliquent «J'aime» sur sa page Facebook des billets pour The Lost Fingers (30 novembre 2012)! «Faire de la politique autrement» n'est dans sa bouche qu'un slogan creux(7). «Du pain et des jeux», disaient les Romains. En ce pays, il n'y a pas que les timbres qu'on achète et lèche!

«C'est debout que nous sommes grands» (Fortin, site Internet de L'Avantage, 23 juin 2012) et c'est assis à côté du néo-démocrate Guy Caron qu'il était à Matane (voir photo ci-dessous)! Que de phrases creuses alors que «le temps fuit irréparable (Virgile)»! Notre région fit, somme toute, honneur à son industrie forestière en élisant une quantité impressionnante de «bois mort».


Jean-François Fortin (à droite), un souverainiste à temps partiel.
Photo: Le Soleil, 13 septembre 2012 (Collaboration spéciale Johanne Fournier)


Tout juste bon à se faire prendre en photo pour la gazette et «téter» les votes du milieu communautaire, ils ne se virent jamais confier de «dossiers identitaires»: langue, éducation, culture, immigration, etc. Daniel Paillé avait annoncé son intention de ne pas briguer la chefferie du Bloc. Les bloquistes de Montréal l'ont prié de se raviser en voyant leur parti aller nulle part (La Presse.ca, 26 septembre 2011). Imaginez-vous un débat des chefs entre Harper, Mulcair et... Fortin?

Dans sa forme actuelle, la stabilité péquisto-bloquiste en région est carriérisme, immobolisme et médiocrité. Comme dans tout vieux régime, le bien commun perd ses droits. L'impuissance ne profite qu'à ceux qui nous parasitent. Ça commande d'agir. Il en va du salut public. Nous devrons tôt ou tard briser l'embâcle comme les Allemands de l'Est ont abattu leur mur. Les «petits amis» s'opposeront évidemment à leur remplacement, mais préparons dès aujourd'hui notre redressement.

La stagnation

À l'Est, rien de nouveau
Serait-ce un cliché de la terne députation souverainiste en poste dans Rimouski-Mitis depuis 1993?


Refuser la défaite

Vous l'aurez compris, je suis en colère. Quand on sait combien vivre en français en Amérique du Nord est un acte de résistance, il faut vraiment être un capitulard pour laisser entendre, comme Jean-François Fortin, que la question nationale n'est pas une «vraie affaire». C'est par elle que s'inscrit le rapport des Québécois à la politique depuis la Révolution tranquille. Que se passe-t-il lorsque le fil de notre histoire contemporaine se casse? Les temps de crise exigent au gouvernail audace et créativité: une direction capable de reconnaître les enjeux, transformer la multitude en peuple, mettre le peuple en mouvement et d'infléchir notre déliquescence. Or, il n'y a présentement sur les rangs que des politiciens de souper spaghetti, les «marchands du Temple».

Pourquoi nos élus ne se conduisent-ils pas en grands hommes politiques? Après tout, leurs noms resteraient dans l'Histoire comme de Gaulle, Churchill ou Roosevelt. Mais, il faut du sacrifice, du talent et une part de mystère(8). Lorsque Fortin et Bérubé s'épanchent dix fois par jour sur les réseaux sociaux, ils préfèrent la quotidienneté et le conformisme. En bout de ligne, ils cultivent la petitesse.

Nettoyer les écuries de Jean «Augias» Charest, abattre l'industrie de la corruption, ne suffit pas. Il faut des hommes et des femmes de caractère avec «une certaine idée du Québec». Désireux, à mon sens, d'assurer la pérennité de notre nation francophone. L'hypermodernité n'a d'yeux que pour l'éternelle adolescence. Nos dirigeants doivent au contraire s'extraire de la dictature de l'instant présent, de la gestion comptable, desséchée, du politique et formuler une pensée excédant les 140 caractères de Twitter. La grandeur s'appuie autant sur les forces vives en émergence, tout le secteur des «énergies vertes», que sur celle de l'enracinement. Nos écoles doivent cesser de fabriquer des «internatio-nuls»(9). Certains jeunes sont si peu au contact de la vie québécoise qu'ils croient en avoir fait le tour à 17 ans! La télévision donne pour modèle des vedettes sans oeuvre, aussi techno-superficielles qu'anglo-conformistes. Ce n'est pas respecter la culture anglo-saxonne que de limiter la langue anglaise à sa fonction platement instrumentale, «walmartisée». Bref, l'ouverture sur le monde n'est pas là où la société de consommation la présente.

Il n'y en aura pas de facile. Plus la culture d'un homme est vaste, plus il voit la richesse des possibles contenues dans le présent. Le camp souverainiste compte des figures remarquables: des gens de conviction, fiers et un peu rêveurs pour qui l'affirmation du Québec est incompatible avec le maintien du cadre canadian. Il est tragique cependant qu'ils ne militent pas tous ensemble et que Rimouski-Mitis n'en ai aucun parmi sa pléthore d'élus.

Solange Charest (PQ-Rimouski, 1994-2007)
Apparemment méconnue, l'un de ses chefs, Lucien Bouchard, croyait qu'elle se prénommait «Yolande»!
Photo: IciRadio-Canada
Il est normal que tous ne partagent pas mes idées. Il est inacceptable, en revanche, que nos élus ne proposent aucune orientation à notre société. Nous n'allons nulle part avec ces gérants de places en garderie et billettistes de Lost Fingers.

«[D]ans l'indécision actuelle [,] la nation française d'Amérique a besoin d'une réelle saison des idées. (Joseph Yvon Thériault, 10

Notes:
(1) Joseph Yvon Thériault, «Politique et démocratie au Québec: de l'émergence de la nation à la routinisation du souverainisme», Recherches sociographiques, vol. LII, no 1, 2011, p. 13-25.
(2) Nous pourrions soumettre une abondante documentation régionale et nationale au sujet des absences du bloquiste Jean-Yves Roy. Nous nous limiterons à indiquer aux lecteurs les articles suivants: «Haute-Gaspésie-La Mitis-Matane-Matapédia. Une réélection qui déçoit», Radio-Canada.ca, 27 octobre 2008 (Page consultée le 17 juillet 2015) et Daniel Ménard, «Le maire de Mont-Joli heureux du départ de Jean-Yves Roy», Télévision de La Mitis, 20 septembre 2010 (Page consultée le 17 juillet 2015) sans oublier la citation suivante:
 Depuis qu'il a annoncé sa volonté de quitter la vie politique, il y a un an, plusieurs questionnent l'assiduité au travail du député. Même son chef le somme de se brancher rapidement.
Sur nos ondes la semaine dernière, Jean-Yves Roy déclarait à TVA Nouvelles que son absence dans la circonscription qu'il représente pouvait s'expliquer par ses présences à Ottawa.
Après vérification sur le site Web How'd they vote, qui compile le vote des parlementaires sur les différents projets de loi présentés à la Chambre des Communes, Jean-Yves Roy a été absent lors de 30 des 53 séances en sessions parlementaires («Duceppe rappelle à l'ordre l'un de ses députés», TVA Nouvelles, 1 septembre 2010).
(3) Alors que libéraux et caquistes ne feront jamais de référendum sur la souveraineté, Irvin Pelletier s'enlise comme un piètre orateur dans sa réponse: «Le député péquiste sortant de Rimouski, Irvin Pelletier, affirme que l'Assemblée nationale du Québec devrait dire non à une demande de référendum d'initiative populaire provenant des fédéralistes et oui à une demande similaire provenant de souverainistes.» Voir «Élection Québec 2012. Bas-Saint-Laurent: Irvin Pelletier dit non à un référendum des fédéralistes», Radio-Canada, 29 août 2012.
(4) Simon Boivin, «Danielle Doyer exaspérée par Pascal Bérubé», Le Soleil, 14 février 2012 [En ligne] https://www.lesoleil.com/actualite/politique/danielle-doyer-exasperee-par-pascal-berube-d33d5d63cb7263650556320eb0be1f59 (Page consultée le 22 juillet 2021).
(5) Pascal Bérubé sur Twitter aux élections du 4 septembre 2012:

1er août 2012 [Bérubé] Elle n'habite pas la région. Mal vu ici [Geneviève Allard se présente sous la bannière d'Option nationale dans Matane-Matapédia]. 17 août 2012 [Bérubé] La loyauté du candidat de la CAQ dans Matane-Matapédia a fait l'objet d'un questionnement de son employeur hier.

Dans la catégorie «double langage et insulte à l'intelligence», le gazouillis gagnant est:
9 août 2012 [Bérubé] En campagne dans le village de mon adversaire du PLQ! Échange convivial avec lui. On se souhaite une bonne campagne! [Citoyenne] J'aime! [Citoyen] Content de voir que vous vous respectez messieurs! On ne voit pas ces situations aux nouvelles et redonne foi en politique [Citoyenne] Es-tu le seul sur les réseaux sociaux? [Bérubé] Je crois que oui dans le comté et aussi à faire véritablement campagne.
(6) Alexandre Robillard, «Le député de Matane Pascal Bérubé embauche un organisateur électoral chevronné du PQ», La Presse canadienne/ Huffington Post Québec, 13 février 2012 [En ligne] quebec.huffingtonpost.ca/2012/02/13/toujours-dans-lattente-_n_1274385.html (Page consultée le 18 juillet 2015).
(7) Mathieu Bock-Côté, «La politique autrement? Un slogan creux, creux, creux!», Blogue de MBC/ Journal de Montréal, 12 janvier 2018 [En ligne]http://www.journaldemontreal.com/2018/01/12/la-politique-autrement-un-slogan-creux-creux-creux (Page consultée le 20 janvier 2018).
(8) Charles De Gaulle, Le fil de l'épée, Présentation de Hervé Gaymard, [s.l.]: Perrin, Coll. «Les Mémorables», 2010, 177 p. ISBN: 978-2-262-03383-5. 
(9) «Défiez-vous de ces cosmopolites qui vont chercher loin dans leurs livres des devoirs qu'ils dédaignent de remplir autour d'eux. Tel philosophe aime les Tartares, pour être dispensé d'aimer ses voisins. (Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l'éducation, livre  premier)»
(10) Joseph Yvon Thériault, «Politique et démocratie au Québec...»... op. cit., p. 23.

dimanche 18 novembre 2012

Le discours à recentrer du député «souverainiste» Jean-François Fortin


J'ai du respect pour la fonction de député. Monsieur Jean-François Fortin a certaines qualités. Il est jeune, accessible, régionaliste et bon animateur. Il a surtout le désir de plaire et de bien se conformer. Il succéda à un Jean-Yves Roy inscrit aux «abonnés absents». Il enfila même les habits de député deux ans avant de l'être...(1) Il arriva finalement à Ottawa au moment où les Québécois congédièrent le Bloc. C'est à grands frais(2) qu'il parvint à retenir des électeurs sensibles aux sirènes de Jack Layton.  Force est de constater qu'il a beaucoup d'amis Facebook. C'est la politique dans ce qu'elle a de ludique.

En revanche, succombant à une mode, il organisa de coûteux et polluants voyages à l'étranger pour lui-même et cinq ou six élèves du Cégep. Résultat des courses? Un journaliste émérite à la radio locale ouvre les lignes téléphoniques pour tâter l'opinion sur la réforme de l'assurance-emploi et personne ne répond. Quelques jeunes d'ici avec leur enseignant trottent ostensiblement en Palestine! L'heure venue d'assurer la pérennité de notre culture, la relève fait mine de se défoncer pour Haïti! Enfin, quand il faut surmonter les innombrables défis du vieillissement de la population, le Carrefour jeunesse-emploi de Matane prend les fonds d'Emploi-Québec pour aller au Honduras! Les Gaspésiens ont autant besoin de maîtriser l'espagnol que la Floride d'avoir des ours polaires. La bien-pensance permet à l'instigatrice du projet, Claudie Fillion, comme à Jeff Fortin de garder le petit doigt en l'air dans les cocktails. Charité bien ordonnée commence par soi-même...

Par-delà le triste spectacle de la rectitude mondialiste, des évolutions sont à craindre: natalité en berne, migration de remplacement, etc. Le système politique canadian travaille à marginaliser le Québec. À 23% (78 circonscriptions sur 338), jamais le Québec n'a été aussi diminué qu'aujourd'hui. Des gouvernements majoritaires peuvent désormais se former aux Communes sans l'appui des Québécois(3) et nommer des unilingues anglais aux plus hautes sphères(4). Or, sur la refonte de la carte électorale, par exemple, monsieur Fortin n'a pas trouvé mieux que de s'aligner sur les doléances des députés npdistes voisins Toone et Caron en se privant de tout ressort national. Le bloquiste se félicite que les commissaires l'estiment inoffensif... Diantre! Jean-François Fortin est peut-être souverainiste, mais ne sait plus pourquoi.

Le réveil risque d'être brutal aux élections de 2015 s'il continue à prendre la dénonciation du gouvernement Harper pour son unique critique du fédéralisme. Tel l'orignal immobile au milieu de la chaussée, notre député est ébloui par la lumière des phares du véhicule qui s'apprête à le heurter. S'il projeta de laisser pousser sa moustache durant le Movember, je le convie à un tout autre chantier: recentrer son discours. Il est encore temps de résister au déclin tranquille, de rejeter ce bling-bling puéril. À moins que notre Tartuffe ne se soit déjà assuré, sans que nous le sachions, un parachute doré...(5)

 L'orignal ébloui par des phares reste paralysé sur la route. C'est pareil chez certains députés!
Source: Photothèque Le Soleil
Carl Thériault, «Bas-Saint-Laurent: attention aux originaux (sic)!», Le Soleil, 28 octobre 2012(6).


Article paru dans l'hebdomadaire mitissien L'Information le 14 novembre 2012.

Notes
(1) Daniel Ménard, «Politique. Nancy Charest demande à Jean-François Fortin de clarifier son statut», La Télévision de La Mitis, 8 novembre 2010 [En ligne] http://tvmitis.ca/politique/2074-nancy-charest-demande-a-jean-francois-fortin-de-clarifier-son-statut (Page consultée le 17 décembre 2012).
(2) Ne soyons pas naïf. Il n'y a pas de miracle. Ce fut une affaire de gros sous. Le plafond des dépenses électorales pour la circonscription de Haute-Gaspésie-La Mitis-Matane-Matapédia était fixé à 86 709.81$. Jean-François Fortin dépensa 82 536,78$, soit 95,19% du montant auquel il avait droit. La libérale Nancy Charest atteint seulement 72,55% (62 905,32$), le conservateur Allen Cormier 61,58% (53 400,21$), Louis Drainville du Parti vert 4,13% (3581,52$), puis la néo-démocrate Joanie Boulet 0,03% (24,16$). Source: Élections Canada, Rapport de campagne électorale du candidat, 41e élection générale (2 mai 2011), [En ligne] http://www.elections.ca/WPAPPS/WPF/FR/CC/DistrictReport?act=C2&eventid=34&returntype=1&option=3&queryid=e75f7a8c5f9c412283f81a387c7d2836 (Page consultée le 5 janvier 2016).
(3) François Rocher, «Vers la marginalisation du Québec sur la scène fédérale?», dans Miriam Fahmy (dir.), L'état du Québec 2012, Montréal, Boréal, 2012, p. 458-466.
(4) Linda Cardinal, «Que restera-t-il du projet linguistique canadien en 2015?», dans Miriam Fahmy (dir.), L'état du Québec 2012, Montréal, Boréal, 2012, p. 460-462.
(5) «Jean-François Fortin avait un objectif caché», Communiqué du Bloc québécois [En ligne] http://www.blocquebecois.org/2014/08/jean-francois-fortin-avait-un-objectif-cache/, 13 août 2014 (Page consultée le 25 novembre 2017).
(6) Le journaliste a bel et bien écrit «originaux» plutôt qu'«orignaux». Trop drôle!
(21 octobre 2015)

Épilogue



jeudi 8 novembre 2012

Multiculturalisme : la boucane à Boucar Diouf

Boucar Diouf, héros de l'interculturalisme, le regard fixé sur la promesse des lendemains qui chantent.
Photo: Hugo-Sébastien Aubert, La Presse.
Les sociétés primitives vivent dans l'enchantement. La plus grande partie de l'aventure humaine se déroule sous la domination de l'au-delà sur l'ici-bas. Après une évolution aussi longue que complexe surviennent, en Occident d'abord, les révolutions modernes et le «désenchantement du monde (Max Weber)». Les idéologies agissent désormais comme formes de représentation du monde. Elles aspirent à cacher le réel divisé, à fondre tous les discours en un.

Les idéologies doivent être largement diffusées. Leurs adeptes n'hésitent pas à recourir aux médias de masse et à la figure mythique du héros. Il est fascinant d'observer le processus par lequel une vedette est fabriquée. Que ce soit le self-made-man et le cow-boy sur la frontière américaine, le maoïste Lei Feng, le nazi Horst Wessel ou le personnage de Maria Chapdelaine, le héros vertueux parvient à s'extraire de ses origines modestes pour se hisser au panthéon de la nation. Il n'est pas rare que le héros meurt jeune. Il ne risque donc plus de contrevenir à l'idéal qu'on s'en fait.

Le multiculturalisme/interculturalisme est l'idéologie dominante à notre époque. Les divisions habituelles gauche-droite ou fédéraliste-souverainiste se brouillent à son contact. C'est l'union d'une droite libertarienne et d'une certaine gauche préférant les droits des minorités à la défense des travailleurs. Son propagandiste régional, l'homme par qui il se «vend» à Rimouski, est nul autre que Boucar Diouf. Ce «héros» festif quitta son papa polygame afin d'étudier en océanographie, puis d'enseigner à l'UQAR. Le virage pluraliste de notre société fut cependant son véritable tremplin vers l'humour et l'animation. Un succès d'intégration que nous célébrons tambours et trompettes par esprit d'ouverture. L'ex-berger exerce sur son auditoire le magnétisme du pasteur. Dois-je préciser combien notre homme charismatique aime se trouver sous les projecteurs?

Le vernis de notre héros postmoderne craque quand, par les mêmes choix individuels qui le firent quitter l'Afrique, il lâche l'utopie que nous lui réservions. En déménageant comme tant d'autres à Montréal (87% des nouveaux arrivants), il symbolise mieux que quiconque l'échec de la régionalisation de l'immigration. Le discours des bien-pensants en prend alors pour son grade. L'envie est forte de s'écrier: «show de boucane, Diouf!»

Mon athéisme boucarien tient aussi à quelque chose de plus existentiel. Si l'artiste use de lieux communs, multiplie les bons sentiments et sait reconnaître une majorité francophone avec son histoire et sa mémoire propres pour flatter son public, il s'est associé à un modèle d'intégration chartiste. L''interculturalisme de Bouchard-Taylor refuse d'accorder à la société d'accueil ce qu'elle a toujours été: une culture de convergence. Pourquoi aurions-nous besoin aujourd'hui d'une copie à peu près conforme du multiculturalisme canadien? Comme si le vieux Canada français à Rimouski n'avait pas un jour intégré les Collins, McKinnon, Ross, Wells et Yockell. Halte à la judiciarisation des rapports sociaux!

Article paru sur le site Internet du quotidien Le Soleil de Québec, sous la rubrique «Points de vue», le 7 novembre 2012.

Lecture suggérée

Le Soleil publia le 6 novembre 2008 un texte de Boucar Diouf («Obama est-il vraiment un Noir?») où il s'échine à mesurer la proportion de «sang noir» et de «sang blanc» chez le nouveau président des États-Unis.

Noir-Blanc ou Blanc-Noir, peu importe, la plume de Diouf trempe alors dans l'encre du racisme. Il écrit notamment: «Mon propre fils est métis et je ne veux pas qu'on lui mette dans la tête qu'il est juste un Noir.»

L'évolution démographique dans l'est du Québec : mythes et réalités

Certains discours sur la démographie régionale
rappellent la pseudo-science de Trofim Lyssenko.
Photo: Wikipédia

L'évolution démographique dans l'est du Québec justifierait la disparition d'une autre circonscription électorale fédérale(1). Comment se caractérise-t-elle vraiment? En remontant à 1,8 enfant par femme en âge de procréer, l'indice synthétique de fécondité du Bas-Saint-Laurent et de la GaspésieÎles-de-la-Madeleine reste en deçà du seuil de renouvellement des générations (2,1). Il se situe toutefois à un niveau sensiblement plus élevé que sur l'île de Montréal (1,5). Quant au solde migratoire interrégional, il est devenu stable dans l'est, positif même dans la péninsule gaspésienne, alors qu'il se trouve négatif dans la métropole.

Le recul de l'est du Québec vient surtout du fait que la province accueille environ 53 000 immigrants par année, soit le double d'il y a 30 ans. Étant donné que 87% d'entre eux s'installent dans la grande région de Montréal, ils contribuent largement à modifier la répartition de la population au détriment du Québec périphérique. Rompre avec ce tabou permettrait de questionner les effets de l'immigration. Que de poudre aux yeux, par exemple, lorsque la tête d'affiche de la diversité en région, Boucar Diouf, finit par s'établir comme tant d'autres à Montréal. L'envie est forte de s'écrier: «show de boucane, Diouf!»

L'examen des derniers recensements de Statistique Canada révèle aussi que le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie vieillissent deux fois plus vite que la moyenne québécoise. Quatre décennies de sous-fécondité se paient cher. L'âge médian des femmes se situe maintenant à 48-49 ans. Il se fixe même à 56,7 ans à Trois-Pistoles. Ainsi, les Pistoloises se souviennent de l'exposition universelle de 1967 alors que la majorité des Africaines sont nées après la chute de l'Union soviétique en décembre 1991. 

Un grand nombre de femmes ayant atteint la ménopause, les effectifs de nos populations ne peuvent que décroître. Notre histoire n'a rien connu de tel depuis la «réduction» des Amérindiens. Considérant l'explosion démographique des pays du Sud, notamment en Haïti et en Afrique francophone, un changement de peuple ne manquera pas d'advenir.

Le retour de Lyssenko

Les observateurs du secteur immobilier souhaitent montrer une image dynamique (Le Courrier du Fleuve, 25 juillet 2012). Or, Rimouski, Rivière-du-Loup et leurs dépendances (Saint-Anaclet ou Saint-Antonin) ne constituent que deux îlots vieillissants de croissance modeste, inférieure à la moyenne québécoise, au sein d'un milieu dévitalisé. La quantité et la qualité des services de proximité en zone rurale périclitent. 

J'accueille avec le même scepticisme les propos de Dominique Morin. Figurez-vous que ce jeune sociologue annonce sur toutes les tribunes (Acfas(2), musée régional, journaux) que nous vivons une «nouvelle dynamique de croissance»!  En réalité, selon l'Institut de la statistique du Québec, la GaspésieÎles-de-la-Madeleine compta 789 naissances et 1032 décès en 2011. On y meurt désormais plus souvent que l'on y naît. Cela dit, pouvait-on attendre mieux d'un intellectuel de l'extérieur parachuté à l'Université du Québec à Rimouski?

Dominique Morin
Photo: Centre de recherche en développement territorial.

J'aimerais croire les bonnes nouvelles, mais le raisonnement derrière, pour le moins hâtif, jure trop avec les faits, la tendance lourde. Il me semble voué davantage à garnir le curriculum vitae de ses auteurs qu'à nous informer. 

À moins de céder au jovialisme du débutant ou d'obéir à une conception postmoderne de nos communautés, nous ne pouvons qu'éprouver de la tristesse au contact d'une population incapable d'assurer sa reproduction. D'où vient ce «refus de la vie» (Pierre Chaunu)? Il ne s'agit certes pas de revenir au temps de nos grands-mères. Je constate simplement que nous avons perdu depuis quelques décennies, pour reprendre la formule d'Ernest Renan, «la volonté de continuer à faire valoir l'héritage qu'on a reçu indivis]. Finalement, je rappelle à ceux qui mettent des lunettes roses afin d'épater la galerie que les économies occidentales, à commencer par la nôtre, traversent une crise des retraites sans précédent.

Texte remanié d'une version parue dans Graffici.ca le 27 septembre 2012.

Références

(1) Bruno Lelièvre, «La perte d'une autre circonscription électorale guette l'Est du Québec», ICI Radio-Canada, 5 avril 2012, [En ligne] https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/556609/crainte-perte-circonscription-federale-est-du-quebec (Page consultée le 23 juillet 2021).

(2) Dominique Morin et Véronique Dumouchel, «Un retour inattendu de la croissance démographique au Bas-Saint-Laurent: que se passe-t-il donc dans ses MRC?», 80e Congrès de l'Acfas, Montréal,10 mai 2012.

jeudi 13 septembre 2012

Monographie de Saint-Donat-de-Rimouski

«La terre danse ici, monsieur, c'est un quadrille de la nature.» C'est en ces termes que s'écria le conducteur d'Arthur Buies sur le chemin Neigette en provenance de Saint-Anaclet et en direction de Saint-Donat en 1890. 121 ans plus tard, je souhaite partager avec toutes les familles donatiennes présentes et futures, de même qu'avec les visiteurs, un pan de notre jeune histoire. Je convie mes concitoyens et mes concitoyennes à apprécier le chemin parcouru et à raffermir leur sentiment d'appartenance local, rural, régional et national en cette ère d'individualisme et de mondialisation néolibérale.

Je vous offre gracieusement sur le site Internet de la municipalité au http://www.saintdonat.ca/decouvrir-saint-donat/histoire-patrimoine/monographie-de-saint-donat-de-rimouski une étude détaillée, faite avec professionnalisme et convenablement illustrée, couvrant les débuts de notre coin de pays, de la préhistoire amérindienne à 1890. Les connaissances véhiculées par l'ouvrage prennent solidement appui sur les écrits antérieurs disponibles, mais reposent principalement sur l'examen minutieux d'une foule de documents jusqu'ici méconnus ou peu utilisés. De précieuses informations recueillies çà et là que j'ai accumulées dans mes cartons depuis une décennie. En ce sens, on peut parler d'un renouvellement significatif des connaissances relatives au passé donatien. J'ai voulu ce document à la fois scientifique et populaire, instructif et agréable. À vous de juger.

Cette monographie, qui découle de mon mémoire de maîtrise, devrait éventuellement se prolonger jusqu'à notre époque. Le récit n'étant pas parfait et sans bornes, il s'y glisse certainement des erreurs et des omissions. Veuillez m'en aviser, il me fera plaisir d'y apporter les corrections et les additions nécessaires. Je reste, en définitive, seule responsable du contenu et de l'orientation du texte.

Tous ceux qui, de près ou de loin, m'ont rendu service pendant l'élaboration de ce travail de synthèse trouvent ici l'expression de ma reconnaissance. Je tiens à remercier de façon toute spéciale MM. Patrick Legoupil  et Gil Bérubé pour l'aide apportée en fin de projet. Ils ont fait en sorte que le résultat d'un travail exigeant, accompli discrètement et sans financement, soit accessible en un clic de partout sur la planète!

Bonne lecture


lundi 20 août 2012

Atlas référendaire du Bas-Saint-Laurent, 1980 et 1995

Les péquistes ont rêvé du «Grand Soir référendaire». J'ai tenu à analyser pour le Bas-Saint-Laurent cette page de notre histoire politique. J'ai cartographié ce temps fort de la mobilisation citoyenne sur le site Web de la SNEQ(1). Mon travail s'appuie sur les Rapports des résultats officiels du DGEQ(2). D'un référendum à l'autre sur la souveraineté, on y découvre comment se répartit l'électorat bas-laurentien. Au fond, je souhaite que cet outil prolonge l'Atlas du Bas-Saint-Laurent.

Bonne exploration!

Notes

(1) Société nationale de l'Est du Québec.

(2) Directeur général des élections du Québec.


mercredi 15 août 2012

Kédina Fleury-Samson? Qui m'aime me suive!

En 2011, dans le magazine L'actualité, Kédina Fleury-Samson s'exclama urbi et orbi,
c'est-à-dire à la ville et au monde: «Je suis une attraction touristique! (1
Photo: TC Media - Archives (L'Avantage, 5 mars 2015).

L'ambition individuelle est une passion enfantine.
 
CHARLES DE GAULLE

La journaliste Sonia Lévesque nous apprend la démission de la conseillère mont-jolienne Kédina Fleury-Samson dans L'Information du 27 juin 2012. Bien que je ne connaisse pas le personnage Fleury-Samson, je ressentis à la lecture de l'article un malaise. Je vous invite à le lire. D'autres textes, parus sous la plume de Roger Boudreau (L'Avantage, 19 juin) et Daniel Ménard (maregion.ca, 20 juin), confirmèrent mes appréhensions.

Madame Fleury-Samson n'a pas jugé bon d'aviser ses commettants avant son départ. Selon Roger Boudreau, sa démission fit l'effet d'une «bombe» en pleine séance du conseil, le 18 juin. Nous ne voyons nulle part les égards dus à une population qui lui a fait confiance depuis 2005(2). Le seul moment où elle fait référence à la mobilisation de ses concitoyens - fluoration de l'eau et Château Landry - c'est en des termes négatifs: «Comme si la ville ne reposait que sur ces deux dossiers». En matière d'égocentrisme, versons ces deux pièces d'anthologie au dossier: «Je suis toujours animée par la volonté de construire la société dans laquelle je vis, et je souhaite le faire dans un environnement qui favorisera mon dynamisme, mon originalité et ma détermination [...] Je ne me réalise pas actuellement dans l'environnement dans lequel je suis, et attendre pour éviter une élection et des coûts à la Ville de Mont-Joli, je ne trouve pas ça juste». Me, myself and I, que dire de plus! Je puis ajouter qu'elle se sent engagée. Elle a raison, mais pas là où elle pense. En effet, lorsqu'elle parle de sa personne, le vocabulaire est riche et abondant (49 mots dont 20 «je»). Son ancienne fonction mérite environ 28 mots et la communauté de laquelle elle reçut un mandat, trois. J'ai bien dit 3 ... Oups!

Ces quelques remarques ne seraient pas bien vilaines s'il n'y avait pas d'autres choses. Or, on apprend que Kédina Fleury-Samson songe à faire don de son auguste personne à la province. Comme madame est indépendante de nature, c'est aux partis politiques de la suivre et non l'inverse: «J'aimerais bien que les partis marginaux comme Québec Solidaire ou Option Nationale [elle mentionne ailleurs le Parti vert] appuient ma candidature, si tel était le cas». En outre, elle s'engage «à solliciter et trouver une candidature, féminine, intègre» à son image pour la remplacer à la table du conseil. Je croyais naïvement que c'était au peuple de désigner les élus. En de telles circonstances, on imagine aisément que son successeur lui en devra toute une... Les contractants véreux avec leurs enveloppes brunes peuvent en prendre de la graine!

Quand bien même nous informerait-elle de l'avancement de ses études de maîtrise, la philosophie de madame Fleury-Samson semble tenir à cette phrase toute simple: «Qui m'aime me suive!» En se retirant temporairement de la vie publique, cette jeune politicienne ambitieuse aurait intérêt à méditer, à troquer son JE démesuré, dangereusement expansif, pour un NOUS. Qu'elle soit une intrépide Québécoise, Mont-Jolienne ou Haïtienne si cela fait son bonheur et le nôtre, mais son nombril, ses épanchements, ne nous regardent pas.

Article paru dans l'hebdomadaire L'Information de Mont-Joli le 11 juillet 2012 à la page 6.

Notes:
(1) Pierre Cayouette et Marco Fortier, «Par ici la relève!», L'actualité, 21 novembre 2011 [En ligne] www.lactualite.com/actualites/politique/par-ici-la-releve/ (Page consultée le 20 juillet 2015).
(2) Vérification faite, elle remporta le quartier Saint-Jean-Baptiste à sa troisième tentative lors de l'élection partielle du 12 février 2006. Elle recueillit alors 79 voix sur 219 (36% des suffrages). Un projet d'accès à l'égalité du Centre Femmes de La Mitis contribua à sa victoire (http://www.la-vie-rurale.ca/contenu/3276).

Lecture conseillée: