lundi 23 juillet 2012

Retour sur la «vague orange» en Gaspésie et aux Îles(1)

«Jack Layton, lors de son discours après la diffusion des résultats de l'élection du 2 mai dernier.»
Photo: Ivanoh Demers, La Presse

Changement

Nous apprenions le soir du 2 mai 2011 que la circonscription de Gaspésie - Îles-de-la-Madeleine n'a pas échappé à la «vague orange». Fort du charisme de son chef, Jack Layton, le candidat du Nouveau Parti démocratique (NPD), Philip Toone, fut élu avec 33,8% des suffrages valides. Cela représentait une mince avance de 2,1% ou 777 votes sur son principal adversaire, le bloquiste Daniel Côté. Les néodémocrates n'avaient obtenu que 7% des voix en 2008.

Le peuple québécois commence tout juste à mesurer les conséquences des dernières élections fédérales. Songeons à Harper majoritaire, à la crise au Parti québécois et à la faiblesse ou simple inexpérience de la députation néodémocrate.

Continuité

Un examen détaillé des résultats montre néanmoins la reproduction des clivages géographiques, ethniques et linguistiques en Gaspésie et aux Îles. Ainsi, le sentiment d'appartenir au Canada devient plus vif à la frontière néo-brunswickoise. Pendant que la majorité francophone appuyait tièdement le Bloc québécois, les options fédéralistes engrangeaient un score quasi soviétique chez les anglophones et l'abstention concernait environ 80%(2) des autochtones. C'est à la fois l'usure du Bloc parmi les francophones, le rejet massif du nationalisme québécois au sein des minorités et la personnalité du «bon Jack» Layton - sans véritable offre pour le Québec - qui donnèrent la victoire au NPD.

Le peuplement de la région est relativement ancien et diversifié: Micmacs, Acadiens, Loyalistes, Jersiais, Canadiens français, etc. Chaque communauté possède ses institutions. Nous relevions à l'instant les visions contrastées du pays qui en émanent. Il est remarquable que les électeurs inscrivent leurs choix dans la mémoire longue des peuples. L'analyste, cependant, est en droit de se demander si les groupes évoluant dans une telle mosaïque arrivent à se parler.

Rupture

Il existe plusieurs modèles d'intégration sociale. Le néolibéralisme travaille à l'effacement des nations au profit des seuls droits individuels et intérêts économiques. Cette logique a plus de ramifications qu'on ne se l'imagine quand on considère le positionnement centralisateur et chartiste du NPD. Les aspects politiques de la vie humaine ont été gravement minorés dans les livres d'histoire(3), puis délibérément occultés à l'école(4). Comme la plante privée de lumière, les projets collectifs s'étiolent, tandis que les jeunes lorgnent «l'international». À peine 53,8% des électeurs gaspésiens et madelinots sont allés aux urnes le 2 mai, 62,9% à travers le Canada, ce qui correspond à un véritable décrochage citoyen.

Il y a aujourd'hui un développement plus inquiétant que les traditionnels clivages ethnolinguistiques. Margaret Thatcher nia un jour l'existence de la société! Nous craignons par-dessus tout que l'avancement d'un libéralisme monochrome, si bien illustré au Québec par cette «vague orange» surgie de nulle part, ne se fasse au prix d'une perte de repères culturels. Les futures générations seront-elles coupées d'un riche patrimoine?

Cette analyse est une version remaniée de notre texte paru sur le site Internet du quotidien Le Soleil de Québec le 6 novembre 2011.

Notes

(1) J'ai accordé à ce propos une entrevue à la radio CFIM des Îles-de-la-Madeleine le 8 novembre 2011. «L'heure d'ici» est une émission d'information du midi animée par Pierre Aucoin.
(2) Sur le territoire de la réserve de Listuguj, par exemple, 1139 des 1385 électeurs n'ont pas voté la journée du 2 mai (82,2%). Canada, Élections Canada, Résultats officiels du scrutin. Quarante et unième élection générale 2011, [En ligne] http://www.elections.ca/scripts/ovr2011/defaultf.html (Page consultée le 26 août 2016).
(3) Pour ne citer que trois ouvrages synthèses: Histoire du Québec contemporain (1979, rééditée en 1989), Histoire de la Gaspésie (1981, rééditée en 1999) et Histoire des Îles-de-la-Madeleine (2003).
(4) Antoine Robitaille, «Cours d'histoire épurés au secondaire, Québec songe à un enseignement ''moins politique'', non national et plus ''pluriel''», Le Devoir, 27 avril 2006, p. A1 et A8, [En ligne] http://www.ledevoir.com/societe/education/107695/cours-d-histoire-epures-au-secondaire (Page consultée le 4 septembre 2016).

Lectures suggérées

Pierre Drouilly, «L'élection fédérale de 2011 au Québec. Un ''OVNI'' électoral», dans Miriam Fahmy, sous la dir., L'état du Québec 2012, Montréal, Boréal, 2012, p. 110-118. ISBN: 978-2-7646-2162-2.

Richard Nadeau et Éric Bélanger, «Comment expliquer la vague orange du 2 mai au Québec?», dans Miriam Fahmy, sous la dir., L'état du Québec 2012, op. cit., p. 119-125.

dimanche 22 juillet 2012

UQAR : l’échec des fonctionnaires du développement territorial


La Commission de la représentation électorale (CRE) fixe les limites des circonscriptions d'abord en fonction du nombre d'électeurs. Cela tombe mal pour plusieurs municipalités rurales de l'Est du Québec qui combinent tous les types de déclins démographiques imaginables: la ruralité face aux villes centres, le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie comparativement au reste du Québec, le Québec à l'intérieur du Canada et la civilisation occidentale dans le monde.

De 10 élus sur 91 à l'Assemblée législative en 1944, l'Est du Québec est passé à huit sur 125 présentement à l'Assemblée nationale et le Directeur général des élections du Québec (DGEQ) prévoit nous en enlever deux autres. La tendance est à la baisse, absolue ou relative, peu importe le scénario retenu. Le même phénomène s'observe au fédéral.

Ici, comme ailleurs sur le globe, une immigration de masse remplace les populations euro-descendantes vieillissantes. On comprend que les trois circonscriptions créées autour de Montréal ne seront jamais aussi francophones que celles appelées à disparaître: Lotbinière, Kamouraska-Témiscouata et Matane.

Défendre le poids politique de sa région est normal, attendu et entendu. Ma réflexion emprunte une autre direction. Après des années de statu quo, le moment de vérité est arrivé et le couperet du DGEQ est tombé. Les fonctionnaires qui pratiquent les «métiers du développement territorial», notamment l'Université du Québec à Rimouski (UQAR) qui en fait un «axe d'excellence», doivent se regarder en face, questionner jusqu'à leur existence. Est-ce que le territoire dans son ensemble se porte mieux depuis leur apparition dans les années 1960 et 1970? Quels emplois assurent-ils à part les leurs à Rimouski? Cette pléthore de technocrates n'ayant su infléchir la courbe démographique et éviter la catastrophe, la réponse risque d'être dérangeante. Chaque refonte de la carte électorale est pour eux un nouveau constat d'échec.

Une première version de ce billet parue dans Le Bas St-Laurent, Rimouski, 12 octobre 2011, p. 6.

Ces forestiers et voyageurs dépeints par Joseph-Charles Taché

Illustration de la couverture: Cornelius Krieghoff, Tête d'habitant,
Musée McCord, M967.100.11.
Source: Les Éditions du Boréal

Justin Trudeau et des millions d'enfants à travers le monde se costumeront à l'image de leur personnage hollywoodien favori pour Halloween. Par chez nous, des figures héroïques devraient pourtant s'imposer à la mémoire des adultes. Il s'agit de ces forestiers et voyageurs décrits il y a un siècle et demi par Joseph-Charles Taché(1).

La forêt a toujours joué un rôle essentiel dans notre identité. Les draveurs, en particulier, ont déployé sur le territoire toute la force, l'adresse, le courage, la patience et la santé dont l'homme est capable. Tirons-en un réservoir inépuisable de traditions.

Il ne s'agit pas de regretter une époque révolue, mais de reconnaître que ce que nous sommes n'est pas apparu avec la Révolution tranquille. À l'heure des «accommodements raisonnable (sic)», il faut urgemment se réconcilier avec notre passé canadien-français.

Mauvaise conscience? Qu'on se le dise, certains peuples ont un passé plus lourd et honteux que le nôtre.

Nos ancêtres bas-laurentiens furent pittoresques. Réaffirmons-en le meilleur: notre désir de durer. Extirpons-en le pire: l'accusation de repli identitaire. Nous contribuerons ainsi, je l'espère, à la diversité culturelle du monde.

Version remaniée d'un article publié dans L'Information de Mont-Joli le 12 octobre 2011 à la page 6.

Note
(1) Je vous en recommande la lecture. Joseph-Charles Taché, Forestiers et Voyageurs. Moeurs et légendes canadiennes, Postface de Michel Biron, Montréal, Boréal, 2002, Coll. «Boréal compact», no 137, 267 p. ISBN: 2-7646-0177-8. L'ouvrage paru d'abord en 1863 dans Les Soirées canadiennes. Il est disponible sur le site Web de Bibliothèque et Archives nationales du Québec à l'adresse suivante: http://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2612628 (Page consultée le 4 septembre 2019).

samedi 21 juillet 2012

Saint-Anaclet-de-Lessard veut s'urbaniser! (1)

Saint-Anaclet-de-Lessard
 Photo: Site Web de la municipalité

Pourquoi asphalter des terres agricoles? Selon l'Institut de la statistique du Québec (ISQ), la population bas-laurentienne a diminué de 14 000 personnes entre 1986 et 2010. Celle de la MRC Rimouski-Neigette montre une très légère augmentation. Avec une fécondité ne permettant pas le renouvellement des générations et un bilan migratoire négatif, c'est bientôt toute la région, pas seulement le haut-pays, qui connaîtra le déclin.

Faisant fi de la réalité démographique, le maire de Saint-Anaclet-de-Lessard, Francis St-Pierre, veut s'attaquer à une denrée précieuse au Québec: le territoire agricole. Il nous assure que Saint-Anaclet va mourir s'il n'a pas «sa» centaine de nouvelles maisons! [«Si c'est non à la CPTAQ, c'est l'annexion qui nous guette. [...] Une municipalité, c'est comme une entreprise. Elle doit se développer pour survivre.(2)»] Saint-Anaclet doit pouvoir s'urbaniser, devenir comme Rimouski, afin de préserver son autonomie face à Rimouski. Cherchez l'erreur!

Saint-Anaclet-de-Lessard en banlieue de Rimouski
Source: Google Maps


Monsieur le maire, une municipalité n'est pas une entreprise privée, mais un palier de gouvernement. Or, votre communauté n'a vu sa population augmenter que de 400 personnes en 25 ans [1981-2006]. Une grosse moyenne de 16 individus par année!(3)

Pourquoi développer de nouveaux quartiers alors que le besoin réel n'y est pas, que la planète succombe sous le coup de notre hyperconsommation et que l'industrie de la construction est, aux dernières nouvelles, entre les mains de «cliques mafieuses» (Commission  Charbonneau)?

Je souhaite que la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) tienne son bout.

Article paru dans Le Progrès-Écho de Rimouski le 25 septembre 2011 à la page 6.

Épilogue

«La Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) refuse à nouveau de modifier le règlement de zonage de la municipalité de Saint-Anaclet-de-Lessard. La municipalité ne pourra pas sortir de la ceinture de terres agricoles qui limite son développement résidentiel.

Dans son rapport préliminaire, la Commission de protection du territoire agricole du Québec fait valoir que la modification du zonage ouvrirait la porte à une forme d'étalement urbain. La CPTAQ estime que le terrain a un bon potentiel agricole et que le développement résidentiel peut être implanté ailleurs.

Il s'agit du second refus de la CPTAQ dans ce dossier.

Le maire de Saint-Anaclet, Francis Saint-Pierre, est outré. [...]»

Source: «Développement résidentiel: Saint-Anaclet à nouveau déboutée [sic]», Ici.Radio-Canada.ca, 16 août 2013. [En ligne] http://ici.radio-canada.ca/regions/est-quebec/2013/08/16/001-bsl-saint-anaclet-cptaq.shtml (Page consultée le 20 juin 2016).


Francis St-Pierre
Photo: Thérèse Martin, L'Avantage, 27 novembre 2013

Quand la réalité tourne à la caricature...

Source: No 1104, 14 août 2013.

Notes et références
(1) Le texte avait pour titre à l'origine: «Opulence crasse».
(2) Carl Thériault, «Projet de développement résidentiel: St-Anaclet face à son avenir», Le Soleil, 3 août 2011 [En ligne] www.lapresse.ca/le-soleil/actualites/les-regions/201108/02/01-4422992-un-projet-de-developpement-residentiel-st-anaclet-face-a-son-avenir.php (Page consultée le 12 juillet 2015).
(3) Selon le Recensement de 2011, rendu public en 2012, la population de Saint-Anaclet-de-Lessard aurait augmenté de 391 personnes (14,8%) entre 2006 et 2011. Cette hausse subite n'est pas due à l'accroissement naturel. L'âge médian continue à s'élever (37,7 ans en 2001, 39,7 ans en 2006 et 40,2 ans en 2011). Quand on sait que la population du haut-pays de la Neigette diminue toujours (Saint-Narcisse, -6,5%, La Trinité-des-Monts, -7,9%, Saint-Marcellin, -9,5%), on comprend qu'il s'agit de déshabiller Pierre pour habiller Paul.
De plus, nous lisons sur le site Internet de la municipalité: «C'est le 1er avril 2009 que le Pavillon L'Héritage de Saint-Anaclet a démarré sa seconde vie, passant d'une école secondaire à [tenez-vous bien] une résidence pour personnes âgées autonomes ou en légère perte d'autonomie»! Où est le «boom démographique» monsieur le maire?

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Photo: Site Web de la municipalité

 

Le Comité d'histoire des fêtes du 125e anniversaire de Saint-Anaclet s'est prononcé en 1984 sur l'étalement urbain.

«[N]ous croyons que le secteur économique le plus touché par les méfaits de la construction domiciliaire est celui de l'agriculture. [...]

On peut globalement conclure que, jusqu'au début des années 70, les résidents suivaient presque religieusement les lois du milieu: les sols de qualité étaient cultivés et ceux moins fertiles étaient laissés en boisé. Depuis cette période, un nouvel élément s'est inscrit au tableau: le phénomène d'urbanisation.

Pour endiguer l'invasion du village par les citadins, la municipalité se dota d'un instrument de contrôle, le plan de zonage. Ce plan fut élaboré à partir de 1969 et consolidé en 1976 par un plan de zonage plus détaillé soumis par la Commission d'Urbanisme(sic). En considérant les vocations prévues pour les différents secteurs de la localité dans le plan de zonage, nous croyons que celui-ci a été tracé en fonction du développement qui se dessinait et non selon le potentiel et les activités qui s'y pratiquaient. [...]

[...] Plusieurs acres de terres cultivés jusqu'à récemment cèdent la place aux résidences: les champs de luzerne, d'avoine et de foin disparaissent sous les pelouses et l'asphalte des nouveaux propriétaires.»

Source: Comité d'histoire des  fêtes du 125e anniversaire de Saint-Anaclet, Saint-Anaclet... un monde à découvrir 1859-1984, Saint-Anaclet, Comité d'histoire des fêtes du 125e anniversaire de Saint-Anaclet, 1984, p. 50-51. 

Autre texte concernant Saint-Anaclet-de-Lessard 

mercredi 11 juillet 2012

Quand le confort individuel prime tout

Jean-François Fortin fut élu avec une confortable majorité au dernier scrutin fédéral. M. Fortin obtint le meilleur résultat du Bloc québécois, soit 3669 voix d'avance sur sa principale adversaire. Il reçut même près de 58% des suffrages valides à Sainte-Flavie. Plusieurs voient aujourd'hui en lui le futur chef de la formation souverainiste à Ottawa.

Cette analyse occulte une autre réalité: celle de la «majorité silencieuse». M. Fortin ne jouit au fond que de l'appui de 36% des électeurs qui osent encore se rendre aux urnes, c'est-à-dire à peine un électeur inscrit sur cinq (fig. 1).


Source: Élections Canada


Les gens de Sainte-Flavie connaissent bien le cheminement de M. Fortin. Il devint maire de leur municipalité et s'impliqua récemment lors des «grandes marées». Enseignant en science politique au Cégep de Rimouski, il agissait pratiquement comme le député de sa circonscription depuis deux ans. Aurait-il pu être plus près de ses commettants? Oui, apparemment, puisque les deux tiers des Flaviens et des Flaviennes - préférant l'abstention ou les autres partis - ne se sont pas exprimés en sa faveur.

Reste une autre possibilité. Le désintérêt pour la chose publique - toute cause confondue - semble atteindre un niveau record. Proposez n'importe quel projet politique et vous constaterez que la moitié de la population s'en moque! Parmi les 50% restants, tous ne s'intéressent pas aux mêmes enjeux. On cherche les lieux de rassemblement. Le confort individuel prime tout.

Où allons-nous lorsque nous affirmons notre cynisme envers la politique, notre désengagement du combat souverainiste, notre ennui de parler français, bref notre fatigue d'être ce que nous sommes? N'est-il pas temps plutôt de se rallier à ce que notre petite nation en terre d'Amérique compte de projets inachevés?

Article paru dans l'hebdomadaire L'Information de Mont-Joli le 14 septembre 2011 à la page 6.

Lecture suggérée

Beauchemin, Jacques. 2007. La société des identités. Éthique et politique dans le monde contemporain, 2e éd. rev. et augm. Outremont: Athéna, 224 p. ISBN: 978-2-922865-56-1.

Saint-Donat-de-Rimouski : hommage à un bâtisseur

Il y a de cela déjà quelque temps, j'ai eu la chance de pouvoir m'entretenir avec un homme persévérant qui a su marquer la scène locale et régionale(1).

Né le 3 août 1915 au rang des Sept-Lacs, monsieur Étienne Caron a été maire de Saint-Donat durant 28 ans et des poussières. Entre 1953 et 1981, il fut réélu le plus souvent sans opposition.

Tout au long de sa carrière, cet agriculteur de profession oeuvra - la plupart du temps à titre de bénévole - au sein de nombreuses instances qui présidèrent à l'avancement du monde rural de la zone Rimouski-Mitis.

Résolu à s'attaquer autant à la stagnation qu'au déclin socioéconomique de son milieu, monsieur Caron devint en quelque sorte la «bougie d'allumage» de plusieurs grands projets dont le plus notoire est sans contredit le développement récréatif du Parc du Mont-Comi. Comme toute personnalité politique, il ne fut pas à l'abri des critiques. Calme et prudent face à l'adversité - conservateur dans l'âme faut-il dire - son style de gestion fut probablement conforme à celui de sa génération.

Je tiens à le féliciter pour tous les services rendus à la collectivité régionale, à le remercier de m'avoir accueilli chez lui et, enfin, en profiter pour lui souhaiter de belles années encore(2).

Article paru dans l'hebdomadaire L'Information de Mont-Joli le 15 juillet 2007 à la page 19.

Notes

(1) Les entrevues furent réalisées en septembre 2004. Comme plusieurs Québécois de sa génération qui jouirent dans leurs vieux jours d'une relative aisance, il allait passer la saison froide près de Miami en Floride. Vous pouvez lire l'histoire de vie que j'en ai fait sur le site Web de la municipalité de Saint-Donat ou sur Sémaphore, le dépôt numérique de l'Université du Québec à Rimouski.

(2) Monsieur Étienne Caron est décédé au Centre de santé et de services sociaux de La Mitis (Mont-Joli) le 19 février 2008 à l'âge de 92 ans et demi. Il repose au cimetière de Saint-Donat.

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À l'occasion de ses 25 ans à la mairie, le 30 septembre 1978, la population de Saint-Donat lui a rendu hommage par une grande fête en son honneur. Lors d'un congrès à Québec le 14 octobre suivant, l'Union des Conseils de Comté, par l'entremise du ministre Jacques Parizeau, lui décerne une autre décoration.





Photos: Gracieuseté de Martin Desjardins


Photo: Progrès-Écho, Rimousk i, mercredi 11 octobre 1978, p. A12.

lundi 9 juillet 2012

Scrutin proportionnel et régions*

La carte électorale de 1989
Source : Le Directeur général des élections du Québec

D'ici avril 2008, l'électorat québécois sera appelé aux urnes. Bien que le mode de scrutin actuel favorise le maintien du bipartisme à l'Assemblée nationale, au moins quatre formations politiques affirment leur volonté d'être présentes sur l'ensemble du territoire. Elles permettent à l'électeur de se positionner non seulement sur la question nationale, mais entre les programmes de droite et de gauche. En ce sens, elles font du Québec une société démocratique occidentale «normale». Une nation traversée de plusieurs tendances parfois consensuelles, mais assez souvent contradictoires.

Si l'offre électorale varie aussi en fonction du marché politique, le pluralisme idéologique est particulièrement souhaitable pour les régions périphériques. Lors des élections générales du 25 septembre 1989, il n'y avait en moyenne que 2,9 candidats par circonscription au Bas-Saint-Laurent, en Gaspésie, sur la Côte-Nord et aux Îles-de-la-Madeleine comparativement à 6,77 sur l'île de Montréal.

Face au Parti libéral et au Parti québécois, les tiers partis brillaient par leur absence dans près de la moitié des circonscriptions de l'Est. Le taux de participation y est aussi continuellement inférieur à la moyenne québécoise. Dans une stratégie visant à attirer de nouvelles populations de diverses origines en région, faire preuve d'ouverture d'esprit et de leadership est une nécessité. En politique, comme en d'autres domaines, le rattrapage demandé à l'Est du Québec est d'envergure historique.

Il y a en région de ces traditions canadiennes-françaises qui ne devraient plus exister. Nous ne sommes plus aux siècles passés lorsque certains bien-pensants redoutaient que la démocratie n'ébranle la cohésion nationale et que le pouvoir en place considérait les zones éloignées comme un simple réservoir de matières premières et de travailleurs. Des luttes ont été menées afin d'étendre le droit de suffrage à la quasi-totalité de la population adulte.

Chaque citoyen, tout en continuant de s'identifier à un territoire donné, est en droit d'exiger que sa voix compte. L'idéal démocratique postule l'égalité de tous devant la loi. Il faut tendre à diminuer le nombre de «voix perdantes» ou, en d'autres termes, augmenter l'«utilité du vote». Or, le mécanisme électoral en vigueur n'a de yeux que pour les majorités bien concentrées. Parlez-en aux dirigeants de l'Action démocratique et de Québec solidaire qui revendiquent légitimement l'instauration de le représentation proportionnelle! Selon moi, il est dans l'intérêt de tous les Québécois que l'on introduise au plus vite certains éléments de proportionnalité tout en respectant les cultures régionales.

Article paru dans Cyberpresse (Le Soleil), Opinions, mardi 30 janvier 2007.

Addenda:

(*) La réforme de nos institutions démocratiques me semble aujourd'hui plus complexe qu'à l'époque. Elle exige un consensus et pourrait bien se révéler superficielle ou, pire encore, impolitique. Voir Joseph Yvon Thériault, «Politique et démocratie - Quand le remède pourrait tuer le patient», Le Devoir, 10 décembre 2011 [En ligne] http://www.ledevoir.com/politique/quebec/338070/politique-et-democratie-quand-le-remede-pourrait-tuer-le-patient (Page consultée le 29 août 2015).

Selon le politologue Christian Dufour, la proportionnelle pourrait même fragiliser le «pouvoir québécois».


Christian Dufour, Le pouvoir québécois menacé. NON à la proportionnelle!, [s. l.], Éditeurs réunis, 2019, 170 p. ISBN: 9782897833183.